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DES

SCIENCES, BELLES LETTRES ET ARTS

DE BESANÇON.

SÉANCE PUBLIQUE DU 24 AOUT 1852,

Président annuel,

M. WEISS,

REMPLACÉ PAR M. PÉRENNES,

VICE-PRÉSIDENT.

DISCOURS DE M. LE VICE-PRÉSIDENT.

MESSIEURS,

II y a cent ans, à pareil jour, une fête se célébrait dans notre ville. L'Académie de Besançon tenait sa première séance solennelle dans l'hôtel du lieutenant général de la province, en présence d'un nombreux concours de citoyens, empressés de saluer de leurs vœux l'institution naissante. L'Académie n'a plus aujourd'hui l'éclat de la nouveauté, elle n'a plus ce prestige d'espérance qui s'attache à la jeunesse des corporations comme à celle des individus. Durant la pé

riode séculaire qui vient de finir, elle a donné la mesure de ses forces et de son utilité, et ce n'est plus par des promesses, mais par le souvenir de ses actes, qu'elle doit justifier la sympathie qu'elle croit mériter, et dont l'assemblée qui remplit cette enceinte semble lui offrir le gage.

Dans une précédente séance, j'ai brièvement rappelé les traits les plus saillants de son histoire, jusqu'à l'époque de la révolution française. Je dois aujourd'hui compléter ce sujet, en résumant dans un exposé rapide les faits principaux qui ont marqué pour elle le cours de ces dernières années.

Le propre des institutions vraiment fortes, des institutions qui ont leur raison d'être dans la nature des choses, c'est de résister à l'action du temps et au choc des événements, de se relever avec éclat de leurs défaillances passagères, et d'apparaître après un laps de temps considérable, aussi jeunes et aussi vivantes qu'au moment de leur création. En est-il ainsi des Académies? Je n'oserais le dire. Mais un fait qui doit frapper l'observateur, c'est qu'elles ont survécu dans notre patrie à la destruction de l'ancien régime, au sein duquel elles étaient nées, et qu'elles ont trouvé une nouvelle vie sous les coups qui semblaient les avoir détruites pour jamais.

La reine des sociétés littéraires, l'Académie française, avait succombé comme toutes les autres, en 1793. Mais trois ans après, elle était relevée sous un autre nom par le gouvernement du directoire, et elle trouvait sa place dans l'organisation de l'Institut na

tional. Lorsque l'établissement du consulat eut ouvert, pour notre patrie une ère d'espérance et de réparation, lorsque le jeune guerrier qui apparaissait au monde avec le double prestige de la victoire, et d'une fortune marquée en quelque sorte d'un sceau providentiel, eut jeté les fondements d'un ordre nouveau, après avoir relevé les autels et rappelé dans les temples les ministres proscrits, il voulut aussi rendre aux lettres les asiles dont elles s'étaient vues violemment expulsées.

L'Institut de France lui dut, en 1805, une deuxième et définitive organisation, dans laquelle se groupaient, sans se confondre, les diverses Académies anciennement fondées dans la capitale. Chaque année, depuis cette époque, vit se propager dans les départements le mouvement de la restauration littéraire. L'orage révolutionnaire avait dispersé les membres des anciennes Académies provinciales. Quelques-uns avaient péri violemment pendant la terreur. Plusieurs, réduits à fuir. pour échapper à la proscription, avaient continué solitairement leurs études dans les retraites où ils avaient trouvé asile. D'autres, atteints d'une incurable tristesse, étaient morts découragés en désespérant de la patrie. Un petit nombre seulement avait survécu.

Parmi les représentants de l'ancienne Académie de Besançon, se trouvait son dernier secrétaire perpétuel, savant modeste, qui en avait été un des membres les plus laborieux et les plus utiles. Voué aux études historiques avec la plus persévérante ardeur, M. Droz, après avoir débuté par une histoire de Pontarlier, qui lui avait valu les encouragements de Foncemagne et de la Curne de

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