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ront d'après les services qu'elles peuvent rendre à l'individu. L'utilité deviendra le signe de leur importance relative. S'il est des connaissances nécessaires pour tout travail, pour toute production, quelque différents et opposés qu'ils puissent paraître, qu'on les réunisse en faisceau. En elles on trouvera, sans crainte d'erreur, la véritable éducation nationale, le fondement de tout le reste.

A l'appui de ces idées, qui servent de base à tout le système, et qui en déterminent nettement l'économie, l'auteur relève les faits qui lui paraissent ne pas laisser de doute sur cette tendance de la société à se faire, comme il le dit, industrielle. Il appelle l'histoire au secours de sa théorie, et, quand il croit avoir mis en pleine lumière le mobile général et dominant de l'activité sociale actuelle, il demande ce que l'enseignement, comme il est aujourd'hui donné, peut faire pour l'homme et pour la société. La réponse n'est pas douteuse. Cet enseignement est tout à fait insuffisant. D'abord il n'est destiné qu'à un petit nombre de privilégiés. La masse s'en trouve presque complétement privée. Elle n'est pas instruite, ou elle l'est si mal qu'elle n'en peut tirer aucun avantage. Et quant aux privilégiés, l'application qu'on fait à tous du même programme d'instruction, rend aussi cette instruction inutile pour le plus grand nombre d'entre eux. L'étude du latin et du grec en forme la partie principale, si elle n'est pas l'enseignement tout entier. Cette prédominance, presque exclusive, est motivée sur ce que la science des deux langues mères contient virtuellement

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en soi toutes les connaissances, ou, si l'on veut, qu'elle est une étude préliminaire indispensable à toute autre. Mais c'est là une prétention vaine qui ne saurait se justifier. Le latin et le grec ne peuvent servir qu'aux jeunes gens qui se proposent de suivre les professions dites libérales. Ceux-là sont en très-petit nombre. Pour toutes les autres professions, l'étude de ces langues étant inutile n'a plus de raison d'être.

Que faut-il substituer à cet enseignement ainsi accusé et convaincu d'insuffisance? Une instruction qui aura le mérite de profiter directement à l'homme fait pour la fonction qu'il aura choisie en pleine liberté et connaissance de cause, puisque l'enseignement qu'il aura reçu, en éveillant son aptitude naturelle, l'aura guidé dans ce choix; d'être, au moins dans sa première partie, donnée obligatoirement à tous, sans distinction, dit l'auteur, entre le fils du charpentier et le fils du légiste. Pour avoir le droit de forcer le chef de famille à faire instruire l'enfant, la société devra choisir un champ neutre et accepté de tous, sans distinction d'origine et de tendance. Il n'y en a qu'un qui présente ce caractère, celui de la science pure. L'enseignement sera donc scientifique, et, dans l'intérieur de l'école, l'enseignement moral se bornera à ces préceptes acquis et incontestés, sans lesquels la société ne peut vivre. Il résultera de l'ensemble des études. L'instruction religieuse n'y sera pas dispensée. Elle doit être réservée tout entière aux ministres du culte, et ne pas se confondre avec la science. Ce sont deux royaumes différents que la logique défend de réunir. La partie de

l'éducation destinée à tous les enfants, embrassera ce qu'on comprend aujourd'hui sous les noms de salle d'asile, d'école primaire et d'école primaire supérieure. L'étude de la grammaire y prendra la première place, la langue étant l'instrument par lequel s'acquièrent toutes nos connaissances. Puis viendra l'étude élémentaire de la musique, du dessin, des sciences naturelles, des sciences mathématiques, et enfin la gymnastique, afin de former les jeunes corps aux luttes du travail, à supporter toutes fatigues et toutes privations.

Après cet enseignement élémentaire et général, qui conduira l'enfant à treize ou quatorze ans, commence un autre enseignement, tout à la fois scientifique et professionnel, s'étendant jusqu'à l'âge adulte, et qui fera de l'élève un producteur intelligent et libre. Il remplacera, dit l'auteur, pour ne parler que des humanités actuelles, ces études, aussi vaines que prolongées, où s'élève l'adolescence des écoliers bourgeois.

Les colléges enseigneront la philologie, l'histoire, les beaux-arts, les sciences et leurs applications. Ces études diverses seront choisies et suivies par les jeunes gens, d'après leur aptitude et en vue de leur future carrière. Elles ne se pénétreront pas jusqu'à en devenir confuses. Des pratiques industrielles y seront jointes, afin d'exercer également le cerveau et les muscles. L'auteur ne demande pas que ces collèges soient tenus exclusivement par l'Etat. Il ne lui réserve que les grandes écoles spéciales, où l'instruction s'achève et s'acquiert pour les fonctions qui forment en quelque sorte des offices publics, plus le soin de créer à chaque

enseignement une centralisation suprême qui, semblable à l'institut, aux facultés, aux académies, aux grands colléges, fasse rayonner plus loin et plus fortement l'éclat du génie national. L'influence toute paternelle et libérale de l'Etat, devra se faire sentir principalement au début et à la fin des études au début, en présidant à la distribution large et populaire de ce qu'il y a d'universel et de nécessaire dans l'instruction; à la fin, pour réunir en faisceau les résultats des études les plus diverses, joints à ceux de l'expérience.

Cette courte analyse, dans laquelle j'ai cherché à être aussi fidèle que possible, en reproduisant les expressions mêmes du mémoire, ne peut donner qu'une idée incomplète d'un travail fort étendu, où les raisonnements et les pensées se suivent et s'enchaînent logiquement. Elle suffit cependant pour faire comprendre le système de l'auteur, pour justifier le jugement que vous en avez porté.

Vous ne croyez pas avec le concurrent que l'enseignement doive se borner à être utile à l'enfant et à l'adolescent, pour la carrière qu'ils sont appelés à suivre. Vous dites que le but principal, essentiel, de cet enseignement n'est pas de former des producteurs, mais des hommes et des citoyens. Sa base, vous la voyez dans les idées morales et religieuses, indispensables à l'homme pour la conduite de la vie, et dont l'enfant doit être, pour ainsi dire, imbu et pénétré. Si l'instruction reste circonscrite dans l'étude des sciences qui ont les forces et les lois de la nature pour objet, des sciences qui ne s'occupent que de choses matérielles et finies, elle est incomplète; car

elle ne répond pas à la double nature de l'homme, qui est à la fois esprit et matière. Loin de favoriser le développement intellectuel et moral de l'enfant, elle le mutile, en n'exerçant qu'à demi ces attributs supérieurs qui rattachent l'homme à Dieu. Sans donc méconnaître ce qu'il y a d'ingénieux dans quelques aperçus de l'auteur du mémoire, l'art avec lequel son système est présenté, la modération qui accompagne ses critiques, l'Académie ne peut ni approuver ce système, ni regarder comme une amélioration heureuse et désirable des projets de réorganisation qui ont pour point de départ des idées fausses et dangereuses. Elle a décidé que l'auteur, ayant fait autre chose que ce qui était demandé, ne devait pas être admis à disputer le prix du concours.

Une semblable décision a été prise à l'égard de l'auteur du mémoire n°2, quoique l'intention qui lui a mis la plume à la main, et l'esprit inspirateur de son travail soient on ne peut plus respectables et dignes de louange. S'abritant sous cette idée fort contestable de Charles Nodier, que la révolution française n'a été que l'ensemble des idées de college appliquées à la société, il cherche à prouver que de l'éducation, et par ce mot il entend l'éducation qui est donnée dans les écoles et les colléges, dépendent les destinées des nations; qu'il y a un enseignement faux et un enseignement vrai; un enseignement faux qui ignore la loi des êtres destinés à vivre en société, et qui a prévalu chez les gentils; un enseignement vrai qui connaft cette loi, rattache les citoyens les uns aux autres, et que les chrétiens ont distribué pendant les siècles de foi; que, selon la prédominance de l'un ou de

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