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Elle abrite la poésie;

Parmi les orangers de son Occitanie

Ses mains ont relevé le temple des beaux-arts,
Et voici qu'à sa voix, accourt de toutes parts
Le peuple empressé des poëtes:

Isaure les appelle à ses brillantes fêtes,

Et, prix éblouissant des plus heureux concerts,
L'or se transforme en fleurs pour couronner les vers.

Mais, plus que ces grands noms, dans nos moindres villages, Plus d'une vieille fille a droit à nos hommages;

Le monde les ignore et le ciel les bénit;

Celle-ci, dans son sein portant un cœur de mère,
Adopte les enfants d'une sœur ou d'un frère,
Veille sur ces oiseaux, et leur fait un doux 'nid. "
Dans ce regard qui les caresse,

Dans ces bras qui les ont reçus,

Dans ces soins que prodigue une active tendresse,
Ils ont cru retrouver leur mère qui n'est plus.
Ange pieux que je vénère,

Celle-là se dévoue aux cheveux blancs d'un père :
Ne parlez pas d'hymen, de monde, de plaisirs;
Ranimer ce vieillard, flambeau près de s'éteindre,
Reculer un instant qu'elle doit toujours craindre,

Voilà sa vie et ses désirs!

Cette autre, humble servante, a recueilli son maître
Qui, de l'heureuse aisance où le ciel le fit naître,
Est tombé dans la pauvreté :

Sa tendresse pour lui croît dans l'adversité.
Ses amis ont pu fuir le vieillard solitaire,
Et fermer avec soin la porte à sa douleur ;
La vieille fille est là, consacrée au malheur;

Elle entoure de soins cette noble misère ;
Elle sait le nourrir des fruits de son labeur;
Son zèle ingénieux met dans la coupe amère
Un peu de miel consolateur.

Si j'osais vous nommer, solitudes si chères,
Où, sous des arbres séculaires,

Je vois errer deux sœurs, anges de charité !
Je ne redirais point leur esprit si vanté,
Leurs talents si connus, leur aimable sagesse,
Leurs propos pleins de sel et de délicatesse,
Que relève souvent une fine gaîté.

Non; de quelques attraits qu'ait brillé leur jeunesse,
Quel que soit leur esprit, je préfère leur cœur :
Car c'est par la bonté, par ce charme vainqueur
Qui ne redoute rien des injures de l'âge,
Que l'on peut captiver ma muse si volage,
Ma muse toujours prête au trait vif et moqueur.
Ces deux sœurs, du hameau visible providence,
Tendent leurs mains à l'indigence,

Et les plus malheureux sont leurs plus chers amis.
Les
pauvres ont leur part de ces nombreux épis,
Dont l'or mobile ondoie au souffle du zéphyre;
Ces beaux fruits veloutés dont l'éclat vous attire,
Ce flot pur et vermeil qui jaillit du pressoir,
Aux lèvres du malade appellent le sourire,
Et dans un sein mourant font renaître l'espoir.

Leur piété féconde est semblable à l'abeille
Qui, dès que le printemps, entr'ouvrant sa corbeille,
Peint les champs et les bois des plus fraîches couleurs,
Des sucs exquis de mille fleurs,

Sait pétrir les rayons d'une douce ambroisie.
Aimer, faire le bien, c'est là toute leur vie;

Voilà, voilà les jours qui ne sont pas perdus !
Que l'Esprit saint les loue; elles ont ces vertus
Que dans la femme forte il célèbre lui-même.
Et vous, Eléonore, et vous, leur noble sœur,
Vous méritez aussi cet éloge suprême ;

Je pourrais, sans descendre au front d'un vil flatteur,
Vanter tous ces trésors d'une riche palette,

Ces sites, ces aspects, comme en rêve un poëte;

Ces inspirations d'un cœur religieux,

Qui vivront plus longtemps que mes faibles louanges; Ces vierges qu'on croit voir s'élever vers les cieux Sur les ailes de si beaux anges,

Tant sur leurs traits empreints d'une chaste beauté, Rayonne une divine et douce majesté ;

Ces scènes de bergers, ces riants paysages,

Ces vallons pleins de vie où, sous de frais ombrages,
Le ruisseau semble fuir avec un bruit joyeux,
La génisse brouter l'herbe fine et fleurie,
Ou suivre le passant d'un regard curieux,
Tandis que, loin de la prairie,
La chèvre se suspend au rocher sourcilleux.
Je ne le ferai pas qu'importe que la toile
S'anime sous vos doigts et semble respirer;
Qu'à mes regards surpris vous fassiez admirer
Au front de vos élus les rayons de l'étoile ;
Que sous votre habile pinceau,
Comme un fluide d'or la lumière étincelle ;
Que, par un art divin, elle tremble sur l'eau,
Glisse légèrement sous la feuille nouvelle,
Et d'un éclat si doux éclaire le tableau?
Non; je ne veux chanter que votre foi si vive,
Qui réfléchit le ciel, comme l'eau fugitive

Réfléchit l'azur d'un beau jour,

Que votre cœur rempli d'innocence et d'amour.
Mon vers plus familier peindra la ménagère
Occupée à d'humbles travaux,

Couvrant de simples mets la table hospitalière,
Faisant courir l'aiguille ou tourner les fuseaux;
Je redirai comment, habile jardinière,
Laissant là les crayons pour prendre le râteau,
A l'ombre du vaste chapeau

Que, pour sauver son teint, inventa la fermière,
Vous aimez à soigner les plus charmantes fleurs,
Ces fleurs que votre main dessine et fait revivre
Avec le frais éclat de leurs riches couleurs.
Les fleurs ne parlent point, si ce n'est dans un livre ;
Si Dieu leur eût donné la pensée et la voix,

Fleurs des champs, des monts et des bois,
Rassemblant leurs tribus, se rangeant par familles,
Célébreraient en vous la reine de leur choix,

Et la perle des vieilles filles.

RICHARD-BAUDIN.

LISTE ACADÉMIQUE.

JANVIER 1853.

DIRECTEURS ACADÉMICIENS-nés.

Mgr l'ARCHEVÊQUE de Besançon.

M. le GÉNÉRAL COMMANDANT la 70 division militaire.
M. le PREMIER PRÉSIDENT de la Cour impériale.
M. le PRÉFET du département du Doubs.

ACADÉMICIEN-NÉ.

M. le MAIRE de la ville de Besançon.

ACADÉMICIENS HONORAIRES.

Messieurs,

ARAGO, O, membre de l'Académie des sciences, Directeur de l'Observatoire; à Paris (janvier 1835). BERROYER, ancien Recteur; à Bresson, près Grenoble (juillet 1814).

BILLARD, C, Général de division en retraite; à Paris (mars 1838).

BIXIO (le docteur), médecin; à Paris (janvier 1848). L'abbé BLANC, ancien Professeur d'histoire ecclésiastique; à Paris (16 décembre 1847).

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