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Paris. On sait que M. Richard a été couronné par plusieurs Académies, et qu'il a été reçu maître ès jeuxfloraux de Toulouse le même jour qu'un autre de nos confrères, M. Viancin. En lauréat reconnaissant, il a consacré le souvenir de son triomphe dans ces vers :

Une voix tout à coup vint frapper mon oreille,
Une fille du ciel apparut à mes yeux.
Isaure, c'était toi; dans ta riche corbeille
Etincelait le prix des chants mélodieux,
Toulouse m'appelait à ses brillantes fêtes.
Qui dira mon ivresse et mies joyeux transports?
Six fleurs, opulentes conquêtes

Ont trop récompensé de trop faibles accords.

Un de nos associés, que la nature a doué du goût des voyages et du talent de les raconter avec grâce, M. Marmier, forcé par la guerre qui s'est allumée dans le Monténégro de quitter ce pays, où sa curiosité l'avait conduit, recueille en ce moment en Allemagne les matériaux de nouveaux récits. Il a publié dans le cours de l'année une nouvelle édition des Contes fantastiques d'Hoffmann et un ouvrage en deux volumes, intitulé les Voyageurs modernes, dans lequel il traduit ou analyse les récits de pérégrinations lointaines, entreprises par des étrangers.

L'Histoire des origines du théâtre de M. Magnin a pris place parmi les ouvrages les plus savants de notre époque. L'auteur vient d'y donner une suite en publiant l'histoire des Marionnettes, ouvrage plus sérieux que ne le promet le titre.

M. Marnotte a publié un mémoire sur les voies romaines qui traversaient Besançon. Cet ouvrage est curieux en ce qu'il donne les directions des rues antiques, et en constate le niveau par rapport au sol moderne. Les explorations de l'auteur lui ont fait découvrir différentes antiquités, figurines et fragments d'architecture, dont le dessin est joint au Mémoire. L'Académie a voté l'impression de ce beau travail.

Je ne puis parler de travaux historiques de la compagnie sans songer à la publication des mémoires Granvelle, un moment arrêtée par la mort de M. Duvernoy. Heureusement ce savant, dont nous avons vivement ressenti la perte, a trouvé un digne successeur dans M. Monin, qui apporte à la tâche dont il a consenti à se charger une érudition solide et un zèle désintéressé.

Je n'ai pu, Messieurs, vous donner qu'une idée fort imparfaite des travaux académiques; mais il est un privilége des fonctions de secrétaire que je réclame tout entier; c'est celui de signaler les distinctions qu'ont reçues quelques-uns de nos confrères, et auxquelles la compagnie s'est associée avec une satisfaction unanime.

L'Académie impériale, agricole, manufacturière et commerciale, dans une assemblée générale, tenue à l'hôtel de ville de Paris, le 21 avril dernier, a décerné à M. le docteur Bonnet une médaille d'honneur de première classe, pour ses divers ouvrages sur l'agriculture. Ce fait prouve que les travaux si utiles de notre confrère sont appréciés ailleurs que dans sa province.

Des nominations dans l'ordre de la Légion d'honneur ont été accordées à trois de nos associés. M. le baron

Meyronnet de Saint-Marc a été promu au grade de commandeur; M. Lelut, de Gy, à celui d'officier; M. Blanc, premier avocat général à la Cour impériale, a été nommé chevalier. Qui n'applaudirait à des distinctions si méritées?

L'Académie a inscrit sur ses listes des noms chers à cette province; elle a élu membres honoraires M. Le comte de Lezai-Marnézia et M. le général Préval.

Le premier appartient à une noble famille où le goût des lettres semble héréditaire comme l'honneur et le patriotisme, et qui a fourni à l'ancienne Académie de Besançon deux de ses membres les plus distingués.

Le général Préval était né dans le Jura et s'en souvenait quand il fallait obliger un compatriote. Il avait paru sensible à ce témoignage de sympathie qui lui était donné. En l'attachant à la province par un nouveau lien, l'Académie était loin de pressentir que la Providence eût marqué dans un avenir si prochain le terme de sa carrière. La nouvelle de son décès, annoncée par les journaux, a surpris et consterné ses nombreux amis.

Cette perte n'est pas la seule que nous ayons à déplorer. M. le comte Coutard vient de terminer à un âge avancé une vie marquée par de nobles services. Promu au grade de lieutenant général, il avait commandé en 1816 cette division militaire, où sa courtoisie, sa franchise bienveillante, la grâce de son esprit et de ses manières l'avaient fait estimer et chérir. Il avait pris place dans cette compagnie en qualité de directeur-né ; c'était un privilége de sa position; mais plus tard, en 1833, votre souvenir sympathique alla le chercher dans

sa retraite pour lui offrir, comme un hommage personnel, le titre d'académicien honoraire. Son nom va être rayé de nos listes, mais il ne s'effacera pas de la mémoire de ceux à qui il a été donné de connaître l'homme distingué qui le portait.

Nous avons à enregistrer une perte plus regrettable encore, parce que dans l'ordre de la nature elle était moins prévue. Je veux parler de M. le comte de Coëtlosquet, mort à Jérusalem le 2 novembre dernier. M. de Coëtlosquet appartenait à cette compagnie depuis 1840. Ancien sous-préfet de Lure, il a laissé dans cette province les plus honorables souvenirs. Il joignait à une grande aménité de caractère, une aimable et douce simplicité de goûts et de mœurs. Quelques-uns de nous, et je m'applaudis d'avoir été de ce nombre, avaient eu l'avantage de le voir de près, pendant les jours du congrès scientifique de Besançon, et il voulut bien m'adresser de fréquents témoignages du souvenir qu'il conservait de ces relations. Personne ne comprenait mieux que lui la dignité et les devoirs de l'écrivain. Il pensait que la littérature doit être avant tout l'interprète de la morale, et le talent l'auxiliaire de la vertu. Les nombreux écrits qu'il a publiés ont tous été dictés par une pensée utile, une pensée religieuse. Issu d'une famille bretonne et sorti de haut lieu, comme on disait autrefois, M. de Coëtlosquet s'était dit de bonne heure que ce n'est pas tout de naître, et que la grande affaire de l'homme est de bien mourir. Son dernier acte a été une inspiration chrétienne. Je veux parler de ce voyage qu'il a entrepris en Orient, non comme tant d'autres satisfaire

pour

une curiosité frivole, mais dans un esprit sincère de foi et de piété. Il avait voulu contempler les lieux témoins de la vie et de la mort du Sauveur, et saluer cette contrée sainte, aujourd'hui profanée par les infidèles, et qui semble soupirer dans sa désolation après le jour prochain de la délivrance. Le pieux voyageur avait visité les lieux où commença et où s'accomplit le mystère de la rédemption du monde. Il s'était agenouillé dans la grotte de Bethleem; il avait gravi en priant la colline du Calvaire, où semblent encore empreintes les traces du sang divin. Les spectacles qui l'avaient frappé dans cette terre travaillée par les miracles, n'avaient rien ajouté à sa foi; mais il en avait ressenti les plus pures et les plus nobles émotions qui puissent faire battre un cœur humain. Epuisé par les fatigues de ce saint pèlerinage, M. de Coëtlosquet ne devait pas revoir sa patrie. Mais la Providence lui avait réservé la consolation de mourir aux lieux mêmes où mourut l'Homme-Dieu dont il avait voulu adorer les vestiges. C'est là qu'après avoir, comme les anciens croisés, rendu témoignage à la foi de ses pères, et subi les épreuves d'une longue et douloureuse maladie, son âme purifiée par la souffrance s'est envolée dans le sein de la divinité. Heureux qui passe comme lui sur la terre en faisant le bien! Heureux qui peut mourir comme lui!

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