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Voisine aussi de vous, astres si radieux !

Son chant viendra d'en haut, comme votre harmonie

Qui proclame aux humains de Dieu, leur créateur,
La puissance sans borne et la gloire infinie,

Et leur marque des ans le cours et la longueur.

Que le temps, dans son vol, l'effleurant d'heure en heure,

Nous dise qu'il s'enfuit et jamais ne demeure!

De sa bouches d'airain que les sons solennels
Ne nous portent jamais qu'aux pensers éternels!
Et que sa voix, du sort interprète sévère,
Raconte, impitoyable, aux enfants de la terre,
Le drame de la vie et sa mobilité !

-

A peine son chant vibre, aussitôt il expire...
Au gouffre du néant par le vent emporté !
Oh! comprenons par là ce qu'elle vient nous dire :
<< Ici-bas rien ne dure et tout est vanité;

>> L'homme au ciel seulement trouve l'éternité.... >>

« Des câbles maintenant !... De sa fosse profonde
>> Que la cloche s'élève aux yeux de tout le monde !
>> Qu'elle en sorte brillante et monte dans les airs,
>> Empire harmonieux des chants et des concerts!
>> Tirez, amis... elle remue !...

>> Elle plane... et monte à la nue!

>> Que sa voix au lointain dise notre succès,

> Et que son premier chant soit un beau chant de paix ! »

Ems, juillet 1851.

A. D.

Plus d'une, on l'a pu voir, de sa dent de panthèr e
Se plaît à déchirer son ennemi par terre.

Rien ne reste sacré; - dans ces jours de terreur,
Se rompent les liens de la sainte pudeur,
Au méchant furieux le bon cède la place,
Le vice en liberté s'étale avec audace !...
Oh! c'est un grand péril d'éveiller le lion;
Le tigre est furieux quand la faim le dévore :
Mais l'homme, quand domine en lui la passion,
Cent fois, dans son délire, est plus terrible encore !
Malheur ! quand tombe aux mains de l'Aveugle éternel
Le flambeau des clartés que nous prête le ciel !
Il ne l'éclaire point, mais il brûle, ravage
Et dévaste, en passant, la ville et le village!

«Notre œuvre est achevée; Dieu l'a voulu bénir.
» Déployant devant nous sa beauté virginale,
>> Hors de son moule enfin notre cloche s'étale;
>> Comme une étoile d'or, voyez-la resplendir!
>> Ses flancs, sa base, sa couronne,

>> Tout brille en elle, tout rayonne !

>> Et son noble écusson, bien gravé sur son cœur, >> Atteste le savoir d'un habile mouleur. >>

Venez tous, compagnons; en cercle qu'on s'approche,
Et donnons, à l'instant, le baptême à la cloche :
CONCORDE ! que ce nom lui reste à tout jamais!
Qu'à l'union des cœurs sa voix toujours appelle
De la communauté la peuplade fidèle!
Que l'art, en la créant, ait fait œuvre de paix !
Bientôt, se balançant au-dessus de la terre,
Sous l'éclat du soleil et dans l'azur des cieux,
Elle s'en va planer, voisine du tonnerre,

Voisine aussi de vous, astres si radieux!

Son chant viendra d'en haut, comme votre harmonie

Qui proclame aux humains de Dieu, leur créateur,
La puissance sans borne et la gloire infinie,

Et leur marque des ans le cours et la longueur.

Que le temps, dans son vol, l'effleurant d'heure en heure,

Nous dise qu'il s'enfuit et jamais ne demeure!

De sa bouches d'airain que les sons solennels
Ne nous portent jamais qu'aux pensers éternels!
Et que sa voix, du sort interprète sévère,
Raconte, impitoyable, aux enfants de la terre,
Le drame de la vie et sa mobilité !

A peine son chant vibre, aussitôt il expire...
Au gouffre du néant par le vent emporté !
Oh! comprenons par là ce qu'elle vient nous dire :
<< Ici-bas rien ne dure et tout est vanité;

» L'homme au ciel seulement trouve l'éternité.........

<< Des câbles maintenant !... De sa fosse profonde
>> Que la cloche s'élève aux yeux de tout le monde !
>> Qu'elle en sorte brillante et monte dans les airs,
>> Empire harmonieux des chants et des concerts!
>> Tirez, amis... elle remue !...

» Elle plane... et monte à la nue!

» Que sa voix au lointain dise notre succès,

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> Et que son premier chant soit un beau chant de paix ! »>

Ems, juillet 1851.

A. D.

RAPPORT

SUB

LE CHANT DE LA CLOCHE,

D'APRÈS SCHiller,

Lu à l'Académie dans sa séance du 11 août 1855.

Le CHANT DE LA CLOCHE est une des créations de Schiller dont le génie allemand se glorifie à plus juste titre. C'est un objet d'admiration passionnée parmi les imaginations rêveuses de la Germanie. D'habiles peintres en ont reproduit les diverses scènes dans des tableaux qui décorent les riches musées de l'Allemagne, notamment celui de Munich.

Dans l'œuvre originale dont nous avons à vous signaler la nouvelle traduction, Schiller a retracé tous les détails de l'opération difficile et laborieuse de la fonte d'une cloche, entremêlant à cette description d'une savante exactitude la peinture des plus importantes phases de la vie et des plus terribles événements dont elle est frappée. « On pourrait, dit Mme de Staël, traduire en » français les pensées fortes, les images belles et tou>> chantes qu'inspirent à Schiller les grandes époques de » la destinée humaine; mais il est impossible d'imiter » noblement les strophes en petits vers et composées de >> mots dont le son bizarre et précipité semble faire en

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>> tendre les coups redoublés et les pas rapides des ou>>vriers qui dirigent la lave brûlante de l'airain. »

Avec cette modestie et cette défiance de soi-même qui accompagnent toujours le véritable talent, notre confrère M. Demesmay a pourtant essayé de faire passer dans notre langue poétique les beautés d'un modèle si haut placé parmi les ouvrages du genre descriptif et philosophique.

En jetant les yeux sur ce titre choisi par M. Demesmay, LE CHANT DE LA CLOCHE, d'après Schiller, on serait tenté de croire qu'il n'a voulu faire qu'une imitation. Mais soyez certains, Messieurs, qu'il s'est imposé scrupuleusement la tâche de suivre le texte. L'étude approfondie qu'il a faite de la langue de Schiller nous est un sûr garant de sa fidélité. Aussi ne l'avons-nous pas suspectée. Toutefois, n'ayant pas comme lui la faculté de lire les chefs-d'œuvre écrits dans l'idiome de nos voisins d'outre-Rhin, nous avons senti le besoin d'appuyer notre affirmation du témoignage d'une personne à qui la langue allemande est familière et qui la professe avec succès. Son examen attentif l'a conduite à nous déclarer qu'elle ne connaît point de traduction française plus exacte et plus élégante du poëme de Schiller que celle de M. Demesmay.

La sentence de Mme de Staël n'en reste pas moins justifiée, quant aux parties de l'œuvre du grand poëte, où il a pu produire tant d'effets d'harmonie imitative. Mais puisque le rhythme dont il a fait usage n'a pas de noble équivalent dans les diverses factures de nos vers, il se

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