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culièrement à la lecture assidue des bons écrivains; Legier, de Jussey, continuait à cultiver la poésie; Rouget de Lisle, alors sous-lieutenant du génie au fort de Joux, adressait sous le voile de l'anonyme une épître à notre intendant, Caumartin de Saint-Ange, pour le remercier, au nom de la province, des sages mesures qu'il avait prises dans le but d'atténuer les effets de la disette qui menaçait la France à la veille de la révolution : cette pièce, l'un des premiers essais de l'auteur de la Marseillaise, fut attribuée à Faivre d'Arcier (1), dont la muse ainsi que celle de Grimont (2), célébrait les évé

(1) M. Arsèue Faivre, mort en 1814 à Lons-le-Saunier où il remplissait depuis quelques années les fonctions de juge au tribunal de cette ville, a laissé un assez grand nombre de pièces de vers, imprimés daus les journaux de la province et dans les recueils des différentes sociétés littéraires dont il était membre. Nous ne citerons que la Description des jardins d'Antorpes, crubellis par l'aimable auteur de Nina et des Petits Savoyards, M. Marsolier, qui venait passer quelques mois, chaque année, dans ce lieu de plaisance dont il aimait à faire les honneurs à la société polie de Besançon.

(2) De tous les écrivains que nous venons de citer, le moins connu de la génération actuelle est sans doute le poëte Grimont, qui ne mérite cependant pas cet oubli. Neveu d'un professeur en droit à notre université, sa passion pour les lettres le détourna de suivre la même carrière. Quelques pièces de vers, pleines de naturel et de sensibilité, l'avaient fait avantageusement connaitre, lorsque la révolution éclata. En admettant les espérances qu'elle faisait naître, il se déclara l'ennemi des mesures violentes qui devaient la rendre odieuse. Atteint par la loi des suspects, il alla chercher un asile à Saint-Pétersbourg, où il mourut avant que des lois plus humaines lui permissent de revoir sa patrie et la jeune famille qu'il avait été forcé d'abandonner. Grimont n'avait pas quarante ans. Sa vénérable sœur, madame Grimont, religieuse de l'ordre de Notre-Dame-du-Refuge, s'est signalée pendant l'odieux régime de la terreur, par le courage

nements importants, et dont les chants embellissaient nos fêtes publiques; enfin, Verny publiait des idylles à l'imitation de Gesner, qui avait mis le genre de la pastorale en crédit.

Les arts comptaient dans cette province non moins de partisans que les lettres. L'école de peinture, fondée par M. de Lacoré, intendant de Franche-Comté, et soutenue par nos magistrats, contribuait à en répandre le goût. Breton, directeur de cette école, après avoir remporté le premier prix à Rome, était revenu dans sa patrie, qu'il enrichissait de ses ouvrages; il exécutait pour l'église de Saint-Maurice, sa paroisse, les anges adorateurs que l'on admire maintenant à Saint-Jean, et pour l'église Saint-Pierre la descente de croix, son chefd'œuvre ; enfin, il décorait d'élégantes sculptures la fontaine de la rue Neuve. De son côté, la ville de Dole demandait au ciseau d'Attiret une statue de Louis XVI, la première qui ait été érigée à ce prince. Ce monument de l'amour des Comtois pour leur souverain ne devait subsister que peu d'années; il a été détruit, ainsi que le tombeau des La Baume, dernier ouvrage de Breton que l'on voyait dans l'église de Pesmes, par les démagogues de 93, dont la puissance, on ne saurait trop le redire, n'a été que le résultat de la division et de la faiblesse des honnêtes gens.

avec lequel elle allait porter dans les prisons, des secours et des consolations aux malheureuses victimes de nos discordes. Appelée à Naples pour y fonder une maison de son ordre, elle emmena avec elle une de ses nièces qui, élevée sous ses yeux, ne s'est pas moins distinguée par ses vertns, sa piété et son dévouement à soulager tout es les infortunes.

Parmi les élèves sortis de l'école de Breton, et formés aux leçons de ce grand maître, on distinguait surtout Chazerand, jeune peintre, à qui l'on doit le beau tableau de l'Assomption, présentement à Sainte-Madeleine, et qui fut enlevé par une mort prématurée à sa famille et

aux arts.

Après ces artistes, il doit être permis de rappeler les noms des amateurs alors assez nombreux qui les encourageaient, et se montraient pour eux de véritables Mécènes. Les principaux étaient, à Dole, Richardot de Choisey, connu par la délicatesse de son goût; à Gray, Perchet; à Besançon, le chevalier de Sorans, le comte de Vezet, Roinange, l'abbé Pellier, etc.; tous avaient formé des cabinets, des galeries, et consacraient une partie de leurs revenus à les enrichir de morceaux précieux, qu'ils se faisaient un plaisir d'offrir à l'examen et même à la critique des étrangers et de leurs concitoyens.

Cependant nous avions encore dans les arts nos représentants à Paris. C'était Dejoux, de Vadans, sculpteur qui tenait déjà une place distinguée à l'académie des beaux arts; c'était Paris, membre de la même académie et l'un des hommes qui, par ses talents et par ses vertus, a fait le plus d'honneur à notre ville: dessinateur du cabinet du roi et admis à l'intimité de ce prince qui l'honorait d'une affection particulière, il préparait les plans des divers monuments qui devaient honorer son règne; enfin, c'était Beaumont, de Besançon, fort jeune encore, mais qui déjà se faisait remarquer parmi les architectes, et montrait les qualités

qui devaient lui mériter plus tard la confiance du gou

vernement.

Tel était, Messieurs, à la veille de la révolution, l'état des lettres et des arts dans cette province. Si cette esquisse, dont le seul mérite est de rappeler le souvenir de nos compatriotes les plus distingués, vous a présenté de l'intérêt, je vous en offrirai la continuation; ou peut-être, revenant en arrière, je démontrerai facilement que la Franche-Comté, dans le xvIIe siècle, n'avait pas été moins fertile en hommes remarquables par la science, l'érudition, et surtout par le courage et le dévouement au pays.

RAPPORT

SUR LB

CONCOURS DE PHILOSOPHIE MORALE,

PAR M. BLANC.

MESSIEURS,

L'imagination est une faculté qui joue un grand rôle dans l'existence humaine. Il y a en nous je ne sais quel sentiment vague et indéfini qui nous enlève sans cesse au monde des réalités, pour nous transporter dans celui des espérances et des chimères; de là cet amour de l'idéal et du merveilleux, que nous trouvons si fortement empreint à toutes les pages de l'histoire des peuples; de là ce goût si instinctif, de toutes les nations, pour la musique, pour la poésie, pour les spectacles et les fêtes publiques. Il semble que l'humanité se complaise dans tout ce qui peut lui enlever, ne fût-ce qu'un instant, le sentiment de son impuissance et la pensée de son néant.

Les fêtes surtout sont une inspiration de la nature. On les voit présider en quelque sorte à la naissance des sociétés; elles embellissent leur berceau; elles célèbrent et glorifient leurs triomphes, et les consolent aux jours de la vieillesse et de la décadence.

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