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XXII.

En soi-même chacun se mire;

Qu'en dites-vous, belle Thémire?

Et nul à son prochain n'entend céder le pas.
Si nous aimons qui nous admire,

Ceux que nous admirons nous ne les aimons pas.
Qu'en dites-vous, belle Thémire?

XXIII.

Quoi de plus léger qu'une plume?

- La poussière qui fuit, la flamme qui s'allume,

Le vent.

De plus léger que le vent?... Cherche bien. La femme. Et qu'une femme?-Oh! rien (1).

(1) Ces vers ne sont que la traduction d'un distique bien connu;

Quid plumá levius ? pulvis; quid pulvere? ventus ;

Quid vento ? mulier; quid muliere? nihil.

PIÈCE

DONT L'ACADÉMIE A VOTÉ L'IMPRESSION.

LE CHANT DE LA CLOCHE,

D'APRÈS SCHiller.

Vivos voco, mortuos plango, fulgura frango.

<«<< Solidement fixé dans le mur qui l'enserre, » Le moule fait d'argile est scellé dans la terre; >> La cloche aujourd'hui même en doit naître et sortir. >> Compagnons, soyez prêts! le travail va s'ouvrir. >> De nos fronts la sueur brûlante

>> Bientôt doit tomber ruisselante!

>> Ce que l'artiste vaut, son œuvre le dira;

>> Mais d'en haut seulement le succès nous viendra. >>

Au travail sérieux où notre main s'engage,
Il ne doit se mêler que des mots sérieux;
Qu'une sage parole accompagne l'ouvrage,
L'ouvrage ira plus vite et coulera joyeux;
Ce que doit enfanter notre faible puissance,
Il nous faut, mes amis, l'observer gravement;
Qui ne sait réfléchir à l'œuvre qu'il commence
N'est de l'art profané qu'un indigne iustrument,

Ce qui révèle en l'homme un rayon de génie,
En lui ce qui dénote un esprit ferme et sain,
C'est qu'au fond de son cœur, d'avance, il étudie
L'œuvre qui va bientôt se créer sous sa main.

<«< Allons, vite du bois... Et qu'on se diligente!
>> Prenez du sapin sec... Il faut dans le conduit
>> Que la flamme, arrivant rapide, vive, ardente,
>> Saisisse tout à coup le métal introduit.
» Qu'on apporte le cuivre...

>> Et l'étain qui doit suivre !

>> Sachons, pour prévenir un mécompte fatal, >> Suivant les lois de l'art mélanger le métal. »

Profondeurs de la terre, oh! ce qu'en vos entrailles,
Avec l'aide du feu, nos mains doivent former,
La cloche, du sommet des plus hautes murailles,
Au monde, en notre honneur, saura le proclamer.
Sa voix édifiante ira frapper l'oreille,

Dans un long avenir, à des peuples nombreux;

Et quand reviendra l'heure où leur ferveur s'éveille,
Son chant retentira dans leurs hymnes pieux.
Elle saura pleurer avec les malheureux.

De quelque grande fête est-ce aujourd'hui la veille?
Ecoutez!... la voilà qui lance jusqu'aux cieux
Ses trésors d'harmonie en carillons joyeux. -
Ce qu'à chacun de nous, enfants de cette terre,
Réserve, dans ses flanes, l'avenir incertain,
Fera vibrer d'abord sa poitrine d'airain,
Et du haut du clocher, une voix grave, austère,
Ira, tout aussitôt, l'anonncer au lointain.

« Voyez brille déjà plus d'une bulle blanche;

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>> Les masses vont tomber en ébullition.
» Que le sel alcalin dans la fonte s'épanche!

>> Sans le sel il n'est pas de bonne fusion.
>> Que tout ce mélange qui fume

» Soit allégé de son écume,

>> Afin que du métal, ainsi rendu plus pur,

>> La voix monte plus pleine à la voûte d'azur! »

D'abord, avec des chants de joie et d'espérance,
Elle ira saluer l'enfant cher et vermeil,

Qui, dès ses premiers pas dans l'humaine existence,
Se repose, bercé dans les bras du sommeil.

Pour lui de même encor, tristes ou fortunées,
Dans le secret des temps dorment les destinées;
De l'amour maternel, amour tendre et sacré,
Veille l'œil attentif sur son matin doré.

Rapides comme un trait, s'envolent les années !
Bientôt, fuyant ses sœurs, l'enfant impétueux
Du hardi voyageur prend le bâton noueux;
Il va courir le monde ; il va tenter la vie ;
Mais sa soif de tout voir est bientôt assouvie :
Il revient, étranger, au toit de ses aïeux.
C'est alors que, reflet de la beauté des cieux,
Brillante de jeunesse, ct la forme angélique,
Une sainte rougeur couvrant son front pudique,
La vierge tout à coup apparaît à ses yeux !
Un desir inconnu du jeune homme s'empare...
Fuyant ses compagnons, solitaire, il s'égare...
De ses yeux pleins d'amour on voit couler des pleurs ;
Rougissant, il s'attache aux pas de son idole,
Heureux d'un salut d'elle, heureux d'une parole!
Et, pour la faire belle entre toutes ses sœurs,
Du vallon, chaque jour, il moissonne les fleurs,

O désirs innommés! ravissante espérance!
O d'un premier amour jours brillants et dorés !
Dans le ciel, large ouvert, notre âme alors s'élance,
Et le bonheur déborde de nos cœurs enivrés.
Ah! pourquoi ne peux-tu fleurir ainsi sans cesse,
Du frais printemps du cœur saison enchanteresse!

« Le métal se brunit — qu'on y plonge un roseau !
» Et si nous l'y voyons se glacer comme verre,
» C'est preuve qu'il est temps de couler la matière.
» Mais ne négligeons rien pour un succès nouveau;
» Et tout d'abord, suivant l'usage,

>> Assurons-nous que l'alliage,

>> Unissant la douceur à la ténacité,

» D'une fonte parfaite a bien la qualité. »

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Car lorsque la tendresse à la vigueur s'allie,
Lorsque l'on voit s'unir le faible avec le fort,
L'alliance est parfaite, et l'harmonie en sort.
Qu'il s'assure, celui qui pour jamais se lie,
Si, dans cet acte saint où s'enchaîne sa vie,
C'est bien avec un cœur que son cœur va s'unir!
L'illusion est brève, et long le repentir!
La fleur de l'oranger, virginale couronne.
Au front de l'épousée avec grâce rayonne,
Quand, pour nous convier anx fêtes de l'hymen,
Le sonneur fait chanter la cloche sous sa main.
Mais la plus belle, hélas! des fêtes de la vie.
Du printemps de la vie est le dernier beau jour !
Le voile est déchiré, la ceinture flétrie ;

La belle illusion s'envole, et sans retour!

La passion n'est plus, l'amitié doit survivre;

La fleur passe, mais vient le fruit qui doit la suivre.

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