SUR LES FONDEMENTS DE NOS CONNAISSANCES ET SUR LES CARACTÈRES DE LA CRITIQUE PHILOSOPHIQUE PAR A.-A. COURNOT INSPECTEUR GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE Harmonica ratio, quæ cogit rerum PLIN. Hist. nat. II, 113. TOME SECOND PARIS LIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET C RUE PIERRE SARRAZIN, N° 14 1851 265. a. 28. SUR LES FONDEMENTS DE NOS CONNAISSANCES. CHAPITRE XIV. DU LANGAGE. 205. Une langue est un système de signes, en nombre nécessairement limité, qui doivent s'associer ou se combiner d'après certaines règles, et qui sont destinés à fournir à l'homme les moyens d'exprimer ses sensations, ses idées, ses sentiments et ses passions. D'après ce simple énoncé,-rapproché de ce qui a été dit au chapitre qui précède, on doit comprendre que, dans la plupart des cas, le but du discours ne saurait être qu'imparfaitement atteint. Le travail de l'orateur, ct par suite le travail de l'écrivain, ont de l'analogie avec celui de cet artiste en mosaïque, à qui l'on ne donne, pour copier un objet pris dans la nature ou un tableau ordinaire, qu'un assortiment de pierres dont les teintes sont fixes et les dimensions déterminées d'avance. Il est clair que cet artiste ne peut reproduire qu'approximativement les couleurs et les contours des objets sur lesquels s'exerce son talent d'imitation. Les articulations de la voix et la peinture de ces articulations par l'écriture vulgaire ne sont pas les seuls signes que la nature ait mis à la disposition de T. II. 1 |