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tention puisqu'il s'agit de discerner dans l'organisation des êtres vivants, plantes ou animaux, qui nous sont connus, ce qui tient aux lois générales de l'organisation, indépendantes des temps et des lieux, d'avec ce qui tient à la succession des faits et des causes accidentelles qui ont diversifié les races et les espèces, déterminé leur distribution géographique, créé ou maintenu les unes et anéanti les autres, et donné au monde, parte in qua, l'aspect que nous lui connaissons. Que d'obscurités enveloppent ces hautes questions d'origine! Et comment, dans la discussion des cas particuliers, faire exactement le départ des lois générales et des faits spéciaux, de l'essentiel et de l'accidentel? Cependant, au point où les sciences sont maintenant arrivées, les savants ne confondent plus les travaux du naturaliste qui décrit, compare et classe les espèces, avec les recherches expérimentales du physiologiste ou avec les lois que l'anatomiste découvre et formule. Autres sont les caractères zoologiques, autres sont (de l'aveu de tous les juges compétents) les caractères anatomiques et physiologiques. La faune de la NouvelleHollande tranche, par les caractères zoologiques, avec celle des autres continents; mais les lois de l'anatomie et de la physiologie s'appliquent à cette faune tout comme aux autres; et il resterait un autre continent et une autre faune à découvrir, que nous serions sûrs dès à présent d'y trouver, sous des formes zoologiques nouvelles, l'application des mêmes lois théoriques. Le pro. grès de chaque science dans la voie qui lui est propre rendra sûrement la séparation encore plus marquée ; mais dès à présent elle est suffisante pour montrer qu'à cet égard la famille des sciences biologiques ne fait

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point exception dans le système général des sciences, quelque difficulté qu'on puisse trouver à poursuivre jusque dans les détails une séparation rigoureuse. Car, encore une fois, la nature ne s'asservit pas à la précision absolue de nos règles logiques; et de ce que la distinction de deux systèmes a un fondement naturel, il ne s'ensuit nullement que les deux systèmes ne puissent pas se pénétrer ou s'unir par quelques-unes de leurs ramifications.

L'étage des sciences biologiques se distingue fort bien en quatre membres ou assises subordonnées, quoiqu'il n'y ait pas non plus absence d'enchevêtrements et de mélanges dans le passage d'une assise à l'autre. On ne confondra pas les deux règnes végétal et animal, nonobstant l'interposition de quelques êtres indécis. La psychologie empirique doit encore moins se confondre avec la physiologie de l'homme, quoiqu'elle s'y rattache intimement, en même temps qu'elle tient à la théorie abstraite des idées, et que par là elle se trouve en connexion avec tout le groupe des sciences noologiques. Les raisons (déjà indiquées au chapitre IX, et sur lesquelles nous allons revenir dans un chapitre spécial) qui nous portent à ne point distraire la psychologie empirique de la famille des sciences naturelles, militent également pour que l'on place dans la seconde série l'ethnologie et la linguistique, à la suite de l'anthropologie ou de l'histoire naturelle de l'espèce humaine, et dans la troisième série la pédagogique, dont les relations avec là psychologie empirique sont de même nature que celles de l'hygiène et de l'éducation physique avec la physiologic de l'homme. Du reste, il est clair qu'il s'agit ici d'analogies et d'affinités qu'on

peut apprécier diversement, et sur lesquelles il serait peu raisonnable de prononcer d'un ton dogmatique.

348.- Puisque l'homme a été destiné par la nature à la vie sociale, il ne se peut que, dans l'étude de la nature intellectuelle et morale de l'homme, on n'ait continuellement à tenir compte des faits et des idées qui naissent des rapports de l'homme avec ses semblables, au sein de la société civile et politique. Il ne faut donc pas chercher à établir une séparation rigoureuse entre le groupe des sciences NOOLOGIQUES et le groupe des sciences SOCIALES ou POLITIQUES. L'éthique ou la morale a des relations avec la théorie de la législation et avec toutes les branches du droit positif. La grammaire, la littérature et les beaux-arts supposent l'existence de sociétés polies, et le commerce actuel de l'homme individuel avec la société. A vrai dire, la division des deux groupes est purement artificielle, mais elle est commode: surtout parce qu'elle correspond assez bien à la distinction qu'il convient de faire, entre les sciences qui ne comportent guère le progrès continu et indéfini, parce que le genre d'observations sur lequel elles reposent a depuis longtemps fourni à peu près tout ce qu'il peut fournir, et les sciences qui, dans la plupart de leurs parties, dans celles du moins qui méritent la qualification de positives (334), doivent aller en s'affermissant et en s'étendant, à mesure que les progrès de l'observation et de l'expérience mettront plus de faits en lu. mière, et donneront plus de certitude ou de précision aux faits déjà connus ou entrevus.

CHAPITRE XXIII.

DES CARACTÈRES SCIENTIFIQUES DE LA PSYCHOLOGIE, ET DE SON RANG PARMI LES SCIENCES.

349.- Les philosophes ont tant parlé, depuis un demisiècle, de la psychologie et de l'observation psychologique; il y a entre l'étude psychologique de l'homme et la spéculation philosophique des rapports si intimes, que nous croyons devoir, à la suite de l'esquisse du tableau général des connaissances humaines, entrer dans plus de développements sur ce qui concerne la psychologie, ses principes, ses méthodes et ses connexions avec les autres branches du savoir humain. Ce sera là le terme de la tâche que nous nous sommes imposée en entreprenant cet Essai.

350. -Ce qui frappe d'abord, dans le passage de la physiologie à la psychologie et des phénomènes de la vie animale aux phénomènes de la vie intellectuelle (127), c'est l'impossibilité d'assigner avec précision le point d'insertion d'une vie sur l'autre, ou l'origine fixe de la série des phénomènes psychologiques. Les psychologues qui ont eu la prétention de se tenir le plus près de la nature, de décrire avec le plus de circonspection et de netteté le développement graduel des fonctions de l'intelligence, ont tous pris le phénomène de la sensation pour le point de départ de leurs descriptions, pour la première assise de leurs

constructions théoriques. Mais, que de degrés, que de modifications dans la sensibilité, et que de variétés dans ces affections que nous comprenons toutes, faute de pouvoir les bien discerner, sous le terme générique et abstrait de sensation! Au degré le plus inférieur, nous devinons plutôt que nous ne constatons la présence, dans les tissus élémentaires, d'une sensibilité obscure, souvent désignée par le nom spécial d'irritabilité, pour marquer la grande distance où elle se trouve de cette sensibilité perfectionnée, propre aux appareils des sens, et à la faveur de laquelle ont lieu les perceptions sensorielles. Mais, pour ceux mêmes qui croient devoir recourir à des termes différents afin de désigner des choses si distantes, l'irritabilité, force éminemment vitale, très-distincte des propriétés physiques des tissus, n'est que la manifestation rudimentaire d'une puissance de sentir qui va en se perfectionnant à mesure que l'organisation se perfectionne et se complique, tout en tendant vers la centralisation et l'unité systématique; qui va au contraire en se dégradant à mesure que l'organisation se réduit et se décompose en ses éléments primordiaux.

Au-dessus de la sensibilité purement organique des tissus élémentaires, ou des organes pris à part et non reliés au système général de la vie animale, mais à une grande distance encore de la sensibilité qui appartient aux animaux supérieurs, se place certainement la sensibilité propre aux animaux des classes inférieures, privés de centres nerveux, ou ehez lesquels la centralisation nerveuse est relativement imparfaite, comme chez les insectes, qui n'ont point de cerveau, et qui pourtant exécutent tant d'actes merveilleux qui dénotent une sorte de

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