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puisse pas même vivre en paix avec lui-même, dans une vie qui a commencé par l'inconséquence et qui se prolonge dans la contradiction'. »

Pour que rien ne manque à la démonstration, citons les paroles du rationalisme lui-même : « Le mal que font ces tristes écoles est incalculable: cet état de choses ne peut durer plus longtemps sans un vrai danger pour la société 2. »

Tel est, mères chrétiennes, le crible meurtrier par lequel l'enseignement public fait passer les jeunes générations. Ce n'est pas tout; les natures privilégiées, qui résistent à l'épreuve du collége, en rencontrent une autre sur le seuil même de la société.

XII

L'AFFAIBLISSEMENT DE L'ESPRIT CHRÉTIEN,

Autrefois les habitudes générales de l'Europe étaient chrétiennes; le dimanche et les fêtes religieusement observés rappelaient à l'homme le plus indifférent le souvenir du monde surnaturel; les sacrements étaient fréquentés: on comptait ceux qui ne satisfaisaient point au devoir pascal, et l'opinion les signalait au mépris et à la dé

1 Discours, etc.

2 M. Cousin.

fiance. Sur les lèvres des rois, dans la bouche des magistrats, dans les conversations ordinaires, le langage conservait un cachet de christianisme qui annonçait la présence et la vie de la foi, dans la société aussi bien que dans la famille. Si des iniquités se commettaient, le remords venait agiter la conscience du coupable, et des réparations éclatantes, en ôtant le scandale, donnaient une nouvelle sanction au devoir, un nouvel encouragement à la vertu. Dans cet heureux ensemble de circonstances, quel appui pour la jeunesse, quel motif de confiance pour la sollicitude maternelle!

Les temps sont bien changés! Regardez, lisez, interrogez. Partout vous verrez l'indifférence en matière de religion dominant le monde actuel, le naturalisme substitué à l'ordre surnaturel, et dans les esprits même les moins hostiles je ne sais quelle religiosité, vague, indéfinie, fantôme d'une religion qui trompe et qui séduit, mais qui n'éclaire ni ne sauve. Ne vous en tenez point à une première vue, examinez mûrement ce qui se dit, ce qui se passe, et vous aurez bientôt acquis la triste certitude que, dans un grand nombre d'âmes, les racines de la foi ne pénètrent qu'à la surface, et qu'une multitude d'intelligences ont scindé leur symbole, tout en conservant le nom et les dehors du catholicisme.

Qu'est-ce que tout cela? sinon la preuve lamentable de l'immense danger qui attend le jeune chrétien à son entrée dans le monde.

Ce n'est point ici un tableau d'imagination. Amis et ennemis font de l'état actuel de la religion le même portrait. Chaque matin les impies ne nous demandent-ils pas dans leurs journaux et dans leurs livres Où est votre Dieu? N'insultent-ils pas à notre petit nombre? Ne font-ils pas de désolants calculs? Ne se moquent-ils pas de ceux qui leur parlent de la puissance et de la multitude des catholiques? Si quelques-uns d'entre eux, pour exciter à la haine et à l'oppression du catholicisme, crient hypocritement à l'envahissement des prêtres qu'ils appellent jésuites, il faut entendre les moqueries insultantes par lesquelles leurs confrères les rassurent.

« Est-ce bien sérieusement, s'écrient-ils, que l'on redoute aujourd'hui les empiétements religieux et le retour de la domination ecclésiastique? Quoi! nous sommes les disciples du siècle qui a donné Voltaire au monde, et nous craignons les jésuites!

« Nous sommes les héritiers d'une révolution qui a brisé la domination politique et civile du clergé, et nous craignons les jésuites!

« Nous vivons dans un siècle où l'incrédulité et le scepticisme coulent à pleins bords, et nous craignons les jésuites!

« Nous sommes catholiques à peine, catholiques de nom, catholiques sans foi, sans pratique, et l'on nous crie que nous allons tomber sous le joug des congrégations ultramontaines!

Non; le danger n'est pas où le signalent vos imaginations préoccupées. Vous calomniez le siècle par vos alarmes et vos clameurs pusillanimes1. >>

Mieux que tous nos discours, ces insultantes paroles disent à la mère chrétienne Profiter avec un soin extrême des courtes années du premier âge, pour graver dans l'âme de l'enfant des principes de vertu que rien ne puisse ébranler, est un devoir que les temps où nous vivons rendent plus impérieux que jamais. Outre ce devoir spécial à la mère de famille, elles révèlent encore la grande, la noble tâche que le dix-neuvième siècle impose à la femme en général.

XIII

LA FEMME ET LA RELIGION.

Filles de Jérusalem, un instant contemplez le christianisme dans le monde actuel, et, nous ne saurions en douter, votre cœur, profondément

1 Journal des Débats, 1843.

ému, vous donnera l'intelligence de vos obligations. Écoutez cette histoire :

L'heure fatale approchait. Les puissances de ténèbres étaient déchaînées; et voilà que tout un peuple, saisi d'un esprit de fureur et de vertige, s'empare du JUSTE. Ses propres disciples, élevés à son école, nourris de son pain, comblés de ses caresses; ses disciples, qui viennent de lui jurer une fidélité à toute épreuve, l'abandonnent : Pierre le renie, Judas l'a trahi. Garrotté comme un malfaiteur, il est promené de tribunaux en tribunaux, par les rues d'une grande cité. Hommes, femmes, enfants, magistrats, vieillards aux cheveux blancs, tous sont accourus et forment le tumultueux cortége. Du sein de cette foule, hideuse comme un homme ivre, agitée comme une mer en furie, s'élèvent incessamment des cris de mort. La haine impatiente ne peut attendre la sentence qui doit lui livrer l'innocent. On lui crache au visage, on le soufflette, on le bat de verges jusqu'à mettre à nu les veines et les os de la tête aux pieds son corps n'est qu'une plaie.

A la cruauté se joint l'insultante moquerie. Comme le tigre qui joue avec sa proie avant de la dévorer, ce peuple barbare outrage sa victime avant de boire son sang. Ils l'ont revêtue d'une robe de dérision; à sa main ils ont mis un roseau

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