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leur femme. Il est dit en effet dans un passage du Truculentus qu'une femme mariée cachait sa grossesse à son époux, dans la crainte que celui-ci ne la poussât à se faire avorter et à supprimer ainsi son enfant :

Celabat, metuebatque illa ne sibi persuaseris

Ut abortioni operam daret puerumque enecaret.

Ici la mère s'efforçait de protéger et conserver son fruit. C'est qu'alors sans doute l'instinct maternel avait repris quelque puissance.

Plus tard, au dire des poëtes, ce sentiment naturel s'effaça tellement dans le cœur des femmes, qu'il ne fut plus besoin de les inciter à se procurer l'avortement. Elles se le procuraient d'elles-mêmes; car ce n'était plus seulement afin de s'affranchir des charges et des soins de la maternité qu'elles recouraient à ce moyen violent de délivrance; c'était simplement afin d'épargner leur beauté :

Nunc uterum vitiat quæ vult formosa videri,

Raraque in hoc ævo est quæ velit esse parens.

(Ov., Nur Elegia.)

Il en était ainsi surtout dans les classes les plus élevées et les plus riches de la société. C'est Juvénal qui nous l'apprend, en nous faisant connaître que de son temps, comme du nôtre, certaines accoucheuses faisaient métier d'aider à l'avortement et louaient leur industrie pour tuer le foetus dans le sein de la mère :

... Jacet aurato vix ulla puerpera lecto :
Tantum artes ejus, tantum medicamina pos sunt,
Quæ steriles facit atque homines in ventre necandos
Conducit!

(Sat. 6.)

Il n'y avait guère, suivant le même poëte, que les femmes du peuple qui se résignassent à courir les risques de l'enfantement et à supporter, malgré leur indigence, les charges de la maternité :

Hæ tamen et partus subeunt discrimen, et omnes
Nutricis tolerant, fortuna urgente, labores.

(Ibid.)

De même que Juvénal, Ovide s'élevait contre cette criminelle méconnaissanse du sentiment maternel et des droits les plus sacrés de la nature :

Mens ubi materna est? ubi sunt pia vota parentum ?

(Metam., VIII.)

« Pourquoi, disait-il aux femmes, en précisant les moyens d'avortement qu'elles employaient, pourquoi vous percezvous les entrailles avec des instruments aigus? Pourquoi détruisez-vous par le poison vos enfants avant qu'ils soient nés ? - Que ne les laissez-vous croître et arriver à terme?»>

Vestra quid effoditis subjectis viscera telis,

Et nondum natis dira venena datis ?

(Amor,, II, 14.)

Sponte fluant matura sua; sine crescere nata.

(Ibid.)

« Si cette odieuse coutume eût été pratiquée dans les temps qui nous ont précédés, le genre humain n'existerait plus : >> Si mos antiquis placuisset matribus idem,

Gens hominum vitio deperitura fuit.

(Ibid.)

« Celle qui la première imagina de détacher de son sein le fœtus qui se formait en elle mérita de périr par ses propres

armes : >>

Quæ prima instituit teneros convellere fœtus,

Militia fuerat digna perire sua.
(Ibid.)

Puis, s'adressant aux jeunes filles et faisant appel à l'instinct de leur conservation personnelle, le poëte leur représentait qu'elles exposaient leur propre existence en détruisant celle de leur fruit; que souvent on voyait périr celles qui cherchaient à s'en délivrer de la sorte, et que loin de les plaindre chacun applaudissait à la juste peine qu'elles subissaient: At teneræ faciunt, sed non impune, puellæ; Sæpe suos utero quæ necat, ipsa perit.

(Ibid.)

Ipsa perit, ferturque toro resoluta capillos;
Et clamant merito qui modo cunque vident.

(Ibid.)

Il fallait que l'usage de l'avortement fût bien communément et impunément pratiqué pour qu'on en fût réduit à le combattre en de pareils termes.

Les lois pénales cependant ne le laissaient pas sans répression. Le digeste contient la disposition suivante, applicable à la femme qui se faisait avorter elle-même : « Si • mulierem visceribus suis vim intulisse, quo partum abi« geret, constiterit, eam in exilium præses provinciæ exi« gat ». On y lit aussi cet autre texte, qui s'appliquait à l'obstetrix ayant procuré l'avortement: «Si obstetrix medica« mentum dederit et inde mulier perierit, Labeo distinguit: « ut si quidem suis manibus supposuit, videatur occidisse; << sin vero dedit ut sibi mulier offerret, in factum actionem « dandam ».

Mais il y a tout lieu de penser, d'après ce qu'en disent les poêtes, que les menaces de la législation pénale furent impuissantes à prévenir la fréquence de ce genre de crime et qu'on n'en continua pas moins à tuer nombre d'enfants à l'état de fœtus, ou, comme disait Cicéron, « speratos li«beros interficere ».

Dans les comédies de Plaute, il est souvent parlé d'enlèvement, de recélé, ou de suppression d'enfants. C'est même sur des faits de ce genre que roule l'intrigue de plusieurs de ses pièces. Je n'en cite qu'un seul, qui m'est fourni par le Truculentus. Une femme veut se procurer un nouveau-né, pour faire croire qu'elle en est accouchée. Elle donne commission à une pourvoyeuse de lui en trouver un quelque part. Celle-ci se met en campagne, tourne autour des familles où peuvent se rencontrer des nouveau-nés, en découvre un, dont elle s'empare en cachette, et l'apporte à sa mandante, prétendant qu'il lui a été donné:

Hæc una opera, circumit per familias:

Puerum vestigat clanculum, ad me detulit;
Datum sibi esse dixit. . . .

A la suite de cet enlèvement vient le fait de supposition de part, commis par la personne à laquelle le nouveau-né

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avait été procuré. Cette femme le confesse elle-même, en

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et d'autres personnages de la pièce, s'expliquant sur le délit, le qualifient de la manière que voici :

Hæc labore alieno puerum peperit sine doloribus.

Quid iste subpositum puerum opus, pessumæ ?

Dans une autre comédie de Plaute, la Cistellaria, une pourvoyeuse raconte qu'une femme est ainsi devenue mère d'une petite fille qu'elle lui a procurée; et cela sans le secours d'une accoucheuse et sans avoir eu à souffrir les douleurs de l'enfantement:

Eamdem puellam peperit, quam à me adceperat,
Sine obstetricis opera et sine doloribus,

Item ut aliæ pariunt quæ malum quærunt sibi.

Le même délit est ainsi spécifié dans ce passage de. Catulle :

Longus homo est quoi lites intulit olim

Falsum mendaci ventre puerperium.
(Carmen 67.)

Il s'agit là sans doute d'un mari qui avait dû plaider en désaveu d'une progéniture dont sa femme était supposée avoir accouché. Ce cas-là n'était pas sans exemples; car nous voyons dans la sixième satire de Juvénal que souvent des femmes mariées, après avoir simulé une grossesse et un accouchement, donnaient une fausse joie à leur mari en lui présentant comme issu de ses œuvres un enfant qu'elles avaient fait prendre sur les bords du lac Velabre, où l'on exposait d'ordinaire les nouveau-nés :

Transeo suppositos, et gaudia votaque sæpe

Ad spurcos decepta lacus. .

Ce fait de supposition d'un enfant à une femme qui n'était pas accouchée était qualifié crime par la loi romaine, et puni d'une peine capitale. « Publice interest, est-il dit au « Code, partus non subjici, ut ordinum dignitas familia

« rumque salva sit. Subjecti partus causa capitalis est. >> Mais il est à croire que dans le siècle de Plaute il n'était pas aussi sévèrement qualifié et réprimé par la législation alors en vigueur; car ce comique en parle trop légèrement pour que l'on puisse supposer qu'il le considérait comme capital. Peut-être en ce temps-là la supposition d'enfant ne donnait-elle lieu qu'à une action civile, telle que celle qui est accordée par cette loi inscrite au Digeste : « Filius non quidem prohibitus est de facto matris queri, si « dicat suppositum ab ea partum, quo magis cohæredem << haberet. >>>

Abordons une autre espèce d'attentats contre les per

sonnes.

III. Parricide.

L'un des plus anciens législateurs connus avait cru devoir s'abstenir de parler du parricide dans ses lois, parce que la nature en avait tant d'horreur qu'il ne lui paraissait pas possible que jamais il s'en produisît un exemple.

Bien longtemps encore après le siècle de Solon, ce crime était considéré comme une monstruosité tenant du prodige, « portentum atque monstrum. » Pour y croire, disait Cicéron, il ne faut rien moins que la preuve la plus flagrante : << Hæc magnitudo maleficii facit ut, nisi pene manifestum « parricidium proferatur, credibile non sit, pene dicam res« persas manus sanguine paterno judices videant oportere, « ut tantum crimen, tam immane, tam acerbum credituri « sint. »

J'ai noté plus haut un passage d'Horace indiquant le parricide et l'assassinat commis par un hôte sur son hôte, comme le nec plus ultra de la criminalité :

Illum et parentiscrediderim sui
Fregisse cervicem.

Sénèque le tragique en jugeait de même : « Peut-on ima

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