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Vit ces affreux rochers si féconds en revers,
La fureur d'une onde indocile,

Et des monstres jouant dans ses gouffres ouverts?
En vain des dieux la prudente sagesse

Mit entre les climats divers

L'Océan, qui devait les séparer sans cesse,
Si de sacrilèges vaisseaux

Peuvent impunément en violer les eaux.
Hardie à tout braver, notre coupable race
A ses déportements s'abandonne sans frein,
Et du fils de Japet la téméraire audace

Va jusqu'aux cieux ravir le feu divin.
Mais à peine a-t-il fait ce funeste larcin,
Que tous les maux en foule envahissent la terre,
Et, jusqu'alors moins prompt à frapper, le destin
Précipite aujourd'hui ses coups et sa colère.
Sur des ailes, qu'à l'homme interdirent les dieux,
Dédale dans le vide ose lancer Icare;
L'infatigable Hercule a forcé le Tartare.

Rien ne semble impossible à l'homme audacieux : Notre orgueil insensé s'attaque même aux cieux, Et nos crimes, aux mains du maître de la terre, Ne permettent jamais que dorme le tonnerre.

CARMEN IV.

AD SESTIUM.

Solvitur acris hiems grata vice veris et Favonî,

Trahuntque siccas machinæ carinas;

Ac neque jam stabulis gaudet pecus, aut arator igni ;

Nec prata canis albicant pruinis.

Jam Cytherea choros ducit Venus, imminente luna,

Junctæque Nymphis Gratiæ decentes

Alterno terram quatiunt pede, dum graves Cyclopum

Vulcanus ardens urit officinas.

Nunc decet aut viridi nitidum caput impedire myrto,

Aut flore, terræ quem ferunt solutæ.

Nunc et in umbrosis Fauno decet immolare lucis,

Seu poscat agna, sive malit hædo.

ODE IV.

A SESTIUS.

La glace s'amollit au soufle de Zéphire;

L'hiver fait place au doux printemps;

Les machines aux flots ramènent le navire,

Et le brouillard ne blanchit plus nos champs; Les troupeaux avec joie abandonnent l'étable; Le laboureur, son foyer paresseux; Vénus guide des chœurs joyeux

Qu'éclaire de Phœbé le disque favorable,

Et, tandis que Vulcain, dans ses ardents fourneaux, Du noir Cyclope allume les travaux,

De leurs

Aux Grâces les Nymphes unies

pas cadencés animent les prairies.

De myrte vert, ou de ces tendres fleurs Que, libre des frimas, la terre enfin nous donne, Pour nos fronts parfumés, tressons une couronne; Au fond des bois, de Faune implorons les faveurs, Et dans de pieux sacrifices

Consacrons-lui le sang des boucs et des génisses.

Pallida Mors æquo pulsat pede pauperum tabernas

Regumque turres. O beate Sesti,

Vitæ summa brevis spem nos vetat inchoare longam.

Jam te premet nox, fabulæque Manes,

Et domus exilis Plutonia: quo simul mearis,

Nec regna vini sortiere talis,

Nec tenerum Lycidam mirabere, quo calet juventus Nunc omnis, et mox virgines tepebunt.

Du même pied la Mort heurte à la fois

Au seuil de l'indigent comme au palais des rois.
Fortuné Sestius! notre courte existence

Ne permet à nos jours qu'une courte espérance;
Voici déjà la nuit qui n'aura point de fin;

Pluton t'appelle, et quand dans le séjour des larmes
Tu seras descendu, plus de joyeux festin
Où le hasard donnait la royauté du vin.
Tu n'admireras plus Lycidas et ses charmes,
Qui des jeunes Romains excitent les ardeurs,
Et des vierges bientôt enflammeront les cœurs.

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