Que si je possédais l'empire de Crésus. Heureux à qui les dieux, d'une main ménagère, N'ont donné que le nécessaire! Le moins riche est celui qui désire le plus. CARMEN XXI. AD AMPHORAM. O nata mecum consule Manlio, Seu rixam et insanos amores, Seu facilem, pia testa, somnum : Quocumque lectum nomine Massicum Servas, moveri digna bono die, Descende, Corvino jubente, Promere languidiora vina. Non ille, quamquam Socraticis madet Sermonibus, te negliget horridus: Narratur et prisci Catonis Sæpe mero caluisse virtus. A SON AMPHORE. Aimable et chère amphore, ô toi Que Manlius, consul, voyait naître avec moi ; Soit que dans ton sein tu recèles Les soupirs ou les ris joyeux, Les folles amours, les querelles, Les faciles pavots dont se chargent nos yeux; Quels que soient les destins promis à ton Massique, D'un jour si beau tu mérites l'honneur; Viens, Corvinus l'ordonne, et de ton flanc rustique Laisse épancher pour lui cette heureuse liqueur. Quoiqu'il soit plein des leçons de Socrate, Ne crains pas, devant toi, que son dédain éclate: Un Falerne choisi, dit-on, A réchauffé souvent la vertu de Caton. Du plus farouche caractère, Ta douce violence adoucit l'àpreté, Tu lene tormentum ingenio admoves Plerumque duro; tu sapientium Curas et arcanum jocoso Consilium retegis Lyæo; Tu spem reducis mentibus anxiis, Post te nec iratos trementi Regum apices, neque militum arma. Te Liber et, si læta aderit, Venus, Vivæque producent lucernæ, Dum rediens fugat astra Phœbus. Et, loin de lui bannissant tout mystère, Aux esprits inquiets il rend la confiance, Aux malheureux, la force et la vigueur; Par lui, d'un cruel oppresseur Ils ne redoutent plus la terrible puissance; Et toi, Vénus, fille aimable des eaux, Chasse la nuit, et ressaisit les cieux. |