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qui difent devois connoître le peu d'appaque je rence qu'il y avoit de réüffir dans cette com- miffion qu'on me donnoit, & que je ne devois pas la prendre. Ils en jugent felon les vues & les maximes du monde, & je ne doute nullement que vous ne fachiez fort bien leur répondre felon celles de JESUS-CHRIST. Il nous dit clairement qu'il n'est venu dans le monde, pour rien moins que pour faire sa volonté. Je le prie d'éteindre de telle forte tous les mouvemens de la mienne', que je n'en aye. point d'autres que ceux qui me feront infpirez par « l'efprit & par la bouche de ceux que fa Providence a établis pour me conduire.

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Ce dégoût pour le féjour de Rome luy durà autant qu'il y fut; ainfi dés qu'il ne s'y crut plus neceffaire, il en partit, comme on a déja dit, le vingt-cinquième Mars de l'an mil fix cent foixante-fix; il arriva à Paris le trentiéme d'Avril, il y rendit compte à l'Abbé de Prieres, & aux autres Superieurs de l'Etroite Obfervance qui s'y trouverent, de tout ce qui s'étoit paffé à Rome dans l'affaire de la Reforme de France, & arriva à la Trappe le dixiéme May de la même année; il y trouva fa Communauté augmentée de plufieurs nouveaux Profés qu'on avoit reçus pendant fon abfence.

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L'Abbé de la Trappe étant de retour dans fon Monaftere,y fait le projet de cette grande Reforme, qui fut depuis l'édification de toute l'Eglife,

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'A BB E' de la Trappe fe voyant tranquille dans fon Monaftere, ne fongea plus qu'à y bien établir la Reforme qu'il avoit tâché inutilement de procurer à tout l'Ordre de Cifteaux. Il porta même fes vuës plus loin, & cet ardent amour pour la penitence dont il étoit penetré, luy fit concevoir le deffein d'y faire revivre tous les anciens Ufages de Cifteaux, Cette entreprise étoit fi extraordinaire, que l'Etroite Obfervance, quoique Fondée par des Religieux d'une vertu éminente, n'avoit pas crû que la foibleffe humaine pût aller jufques -là. Cependant l'Abbé de la Trappe ayant remarqué beaucoup de choses dans ces anciennes pratiques qui ne convenoient pas à nos tems, & qui au lieu de donner de l'édification auroient pû faire un effet tout contraire, il crut qu'il devoit fe reftreindre à la pauvreté & à la fimplicité qui s'y trouve établic, à la regularité, à la discipline, à la mortification, aux jeûnes, aux veilles, à la priere, aux couches dures, au travail des mains, au filence, à la nudité des pieds, du Mercredy des Cendres, & du Vendredy Saint, à l'abstinence des fix Vendredis de Carême, dont les trois premiers font à

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une feule portion, & les trois autres au pain & à l'eau, & à tout ce qu'il y a de femblables pratiques.

L'Abbé de la Trappe ayant refolu d'établir la Reforme fur ce fondement, projetta les Réglemens qu'il avoit à faire, c'cft-a-dire, les pratiques qu'il vouloit établir; comme ce projet ne peut être que d'une tresgrande utilité à toutes les Societez Religieufes qui voudront imiter fon zele, on a crû qu'on ne pouvoit fe difpenfer d'en donner icy un abregé

Les premiers Reglemens qu'il fe propofa le regardoient luy-même, & en fa perfonne tous les Superieurs qui devoient luy fucceder. Il fe prefcrivit donc de donner l'exemple en toutes chofes, de n'établir aucune Regle qu'il ne pratiquât luy-même le premier, & d'être en cela plus fevere à fon propre égard, qu'il ne le feroit à celuy d'aucun de fes Religieux.

Comme il vit que la coutume la coutume étoit que le Superieur mangeât avec les hôtes, qu'il fortît fouvent du Monaftere pour faire des vifites, fous pretexte de fe faire des amis, d'en donner, ou d'en conferver à la Maison ; il s'impofa comme un devoir indifpenfable de ne sortir jamais que pour aller au Chapitre General, en cas qu'il ne pût s'en difpenfer. En effet, il n'a jamais mangé avec qui que ce foit, & n'a jamais fait de vifite qu'une feule, qu'il fe crût obligé de rendre à l'Evêque Diocesain. Il n'en fit jamais aux Lieutenans Generaux, aux Gouverneurs, aux Intendans, aux grands Seigneurs, aux Officiers de Juftice, quoique ce fût l'ufage dans l'Etroite Obfervance, & qu'euxmêmes luy rendiffent vifite. Comme il n'en ufoit de la forte que par un fentiment de regularité, & qu'il

étoit incapable de cette fuffifance ridicule, qui fait fouvent negliger les chofes les plus dues, perfonne en cela ne trouva jamais à redire à fa conduite.

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La perfuafion où il étoit que la tenue frequente des Chapitres, contribüoit plus que toute autre chose à former les Religieux dans l'efprit de leur Profeffion, luy fit regarder cette pratique comme une espece de neceffité à laquelle un Superieur ne pouvoit trop s'attacher. Il crut qu'il ne devoit pas traiter cette regularité d'une maiere fuperficielle, mais qu'il y falloit donner un tems confiderable, c'eft-à-dire, au moins l'efpace d'une demie heure chaque jour, il employoit ce tems à éclairer, à animer, & à former fes Freres par des inftructions pleines de zele, par des reprehenfions, des humiliations, des proclamations,& des accusations finceres de leurs fautes, afin de pratiquer dans cette rencontre autant qu'il fe pouvoit, ce que Saint Benoist a exprimé dans fes douze degrez d'humilité. On ne peut pas nier que cette fonction ne foit trestres-pénible, & tres-dégoutante pour un Superieur d'un efprit auffi élevé que le fien; il s'y attacha cependant avec d'autant plus de fermeté, qu'il voyoit que cet exercice tout fanctifiant qu'il eft, étoit negligé presque par

tout.

Il étoit attentif dans ces occafions à donner toujours des penitences convenables au lieu & aux personnes, toujours propres à humilier & à mortifier, & qui n'avoient rien de femblable à ce qui fe pratique dans beaucoup de Maisons Religieufes, où elles ne font pas toujours affez fericufes.

Avant fon voyage de Rome & quelque tems même

aprés fon retour, fuivant plûtôt ce qu'on luy avoit confeillé que fes propres lumieres, il avoit étably à la Trappe des Leçons de Theologie; mais comme il eût remarqué que quelque foin qu'il y pût apporter, l'aigreur, la secheresse, la diffipation le glissoient insenfiblement parmi fes Freres, & qu'elles en banissoient l'efprit de componction, il crût qu'il ne pouvoit mieux faire que de bannir pour jamais l'étude reglée de fon Monaftere. On trouva dans la fuite fort à redire à ce reglement. Il affure cependant qu'il y réüffit, & qu'il donna lieu à fes Religieux d'être plus retirez, plus interieurs, & plus appliquez à Dieu.

Comme l'experience luy avoit appris que le Superieur eft prefque toujours celuy pour lequel les Religieux ont moins d'ouverture & de confiance, il se fit une loy de la gagner par toutes les voyes que la douceur & la charité, foutenue cependant d'une grande fermeté pouroient luy infpirer. C'étoit la chofe du monde la plus difficile, car ayant dessein d'établir dans fon Monaftere une vie auffi auftere que celle qu'il y introduifit en effet ; une difcipline si severe, ne pouvoit fubfifter qu'en employant les moyens qui revoltent le plus la nature. Cependant, il gagna fi bien le cœur & la confiance de fes Freres, fans rien • relâcher de la rigueur de la difcipline, que quoiqu'il eût établi plufieurs Confeffeurs, tous fes Religieux fe confeffoient à luy ; ils n'étoient qu'un cœur & qu'une ame avec luy, tout ce que la veneration la plus profonde peut attirer de refpect, tout ce que la charité la plus vive peut infpirer de tendreffe, ils le reffentoient pour luy; & encore aujourd'huy fa memoire

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