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Le 18 décembre 1629, dès qu'il a terminé la première rédaction de ses Méditations et arrêté ses principes métaphysiques, il s'occupe de ce Traité qui est une suite naturelle de la Métaphysique et qui embrasse presque tout entier le vaste ensemble des sciences spéculatives (1). A cette date, il écrit à Mersenne de lui communiquer << toutes les observations qui seront faites, principalement les remarques universelles et que tout » le monde peut expérimenter. » Il lui enverra l'ouvrage qu'il commence, quand il sera achevé, pour qu'il l'examine et le fasse examiner par les

>>

(1) V. Discours, partie V.

plus habiles hommes, « principalement à cause » de la théologie, laquelle on a tellement assu>> jettie à Aristote, qu'il est impossible d'expliquer >> une autre philosophie, qu'il ne semble d'abord » qu'elle soit contre la foi. Et, à propos de ceci, » je vous prie de me mander s'il n'y a rien de » déterminé en la foi touchant l'étendue du >> Monde; savoir s'il est fini, ou plutôt infini, et >> si tout ce qu'on appelle espaces imaginaires >> soient des corps créés et véritables, car encore >> que je n'eusse pas envie de mouvoir cette ques>>tion, je crois toutefois qu'il faudra malgré moi » que je la prouve. » Du reste, il va commencer à étudier en médecine et n'écrit encore presque rien (1).

Au printemps suivant, à la date du 15 avril 1650 (2), le Traité du Monde avance un peu, mais il y travaille fort lentement. « J'étudie main» tenant, dit-il, en chimie et en anatomie tout >> ensemble, et apprends tous les jours quelque >> chose que je ne trouve pas dans les livres..... » Au reste, je passe si doucement le temps en » m'instruisant moi-même, que je ne me mets ja

(4) V. VI, 87.

(2) Ibid., p. 101.

» mais à écrire en mon Traité que par contrainte, >> et pour m'acquitter de la résolution que j'ai

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prise, qui est, si je ne' meurs, de le mettre en » état de vous l'envoyer au commencement de » l'année 1633. Je vous détermine le temps pour » m'y obliger davantage, et afin que vous m'en puissiez faire reproche si j'y manque. »

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Il espère d'abord que son ouvrage sera court et qu'on pourra le lire en une « après-dìnée ; » mais peu à peu son plan s'étend et ses cadres s'élargissent pour recevoir les connaissances nouvelles qu'il acquiert et les développements nouveaux qu'il juge nécessaires aux justes proportions, à l'harmonie et à l'unité de l'œuvre.

Au mois de juin 1630, il prononce le fiat lux au milieu du chaos.

<< Je vous dirai (1) que je suis maintenant après » à démêler le chaos pour en faire sortir la lu» mière, qui est l'une des plus hautes et des plus » difficiles matières que je puisse jamais entreprendre, car toute la Physique y est presque >> comprise. J'ai mille choses diverses à considé>> rer toutes ensemble pour trouver un biais moyen duquel je puisse dire la vérité

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» par

le

(1) VI, 181.

» sans étonner l'imagination de personne ni choquer les opinions qui sont communément

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» reçues. »

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En avril 1632 l'ouvrage a fait quelques progrès. Depuis deux ou trois mois, dit-il, je me suis » engagé fort avant dans le ciel ; et, après m'être >> satisfait touchant sa nature et celle des astres » que nous y voyons, et plusieurs autres choses » que je n'eusse pas seulement osé espérer il y a » quelques années, je suis devenu si hardi que » j'ose maintenant chercher la cause de la situa>>tion de chaque étoile fixe; car, encore qu'elles >> paraissent fort irrégulièrement éparses çà et là » dans le ciel, je ne doute point toutefois qu'il » n'y ait un ordre naturel entre elles, lequel est >> régulier et déterminé ; et la connaissance de cet » ordre est la clé et le fondement de la plus haute >> et plus parfaite science que les hommes puissent >> avoir touchant les choses matérielles, d'autant » que, par son moyen, on pourrait connaître à priori toutes les diverses formes et essences >> des corps terrestres, au lieu que, sans elle, il >> nous faut contenter de les deviner à posteriori » et par leurs effets. » Il voudrait, pour être aidé dans cette recherche, un recueil d'observations sur

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les comètes, et une description du ciel comparée aux descriptions et aux catalogues des anciens. <«< Mais, ajoute-t-il, je n'espère pas qu'on le fasse » pour moi, non plus que je n'espère aussi de >> trouver ce que je cherche à présent touchant les >> astres. Je crois que c'est une science qui sur» passe la portée de l'esprit humain ; et toutefois je suis si peu sage que je ne saurais m'empêcher

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d'y rêver, encore que je juge que cela ne ser» vira qu'à me faire perdre du temps, ainsi qu'il » a déjà fait depuis deux mois, que je n'ai rien » avancé du tout en mon Traité. Mais je ne lais>> serai pas de l'achever avant le terme que je vous >> ai mandé (1). >>

Malgré cette promesse, il prie bientôt Mersenne d'attendre jusqu'aux Pâques de l'année 1633. Puis, un peu avant cette date, il écrit (2) :

« Je vous dirai qu'encore qu'il soit presque »>> tout fait, et que je pusse tenir ma promesse, si » je pensais que vous m'y voulussiez contraindre » à la rigueur, je serais toutefois bien aise de le >> retenir encore quelques mois, tant pour le re

(1) Avril 1632, VI, p. 211.

(2) V. VI, p. 224 sqq., mars 1633.

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