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En tout lent et glacé, croyant, lorsqu'il diffère,
Etendre l'avenir, qui pour lui se resserre,
Difficile, grondeur, fâcheux dans ses discours,
Champion du vieux temps, prôneur des anciens jours,
Blåmant, pour les vanter, un présent qu'il envie.
L'homme ainsi parcourant les degrés de la vie
Croit, décroit, gagne ou perd, selon chaque saison.
N'allons pas transformer un jeune homme en barbon,
Ni donner au vieillard le rôle de l'enfance:
Des âges avec soin suivons la convenance.
Tel fait sur le théâtre est mis en action,
Tel autre est raconté. Mais la narration
Touche bien moius mon cœur que l'image présente
Dont mon ail me transmet la peinture vivante.
Toutefois au public un art judicieux
Evite d'étaler des objets odieux,

Qu'un récit éloquent au besoin fait connaître,
Mais qui devant les yeux ne doivent point paraître.
Ne me présentez pas de ses bras tout sanglants
Médée en sa fureur égorgeant ses enfants;

Ou des lambeaux fumants d'une victime humaine
L'abominable Atrée épouvantant la scène.
Vous n'irez pas non plus, révoltant ma raison,
Transformer un acteur en serpent, en poisson.
Ne m'offrez rien de tel: je le hais sans y croire.
Un drame, pour fournir sa carrière avec gloire,
Savamment en cinq parts doit être divisé.
Qu'un Dieu, vous apportant un dénoùment aisé,
N'intervienne jamais en un sujet vulgaire.
Trois interlocuteurs suffisent d'ordinaire.
Le chour remplit le rôle et l'office d'acteur.
Entre les passions heureux médiateur,

Ses chants, qui de l'entr'acte occupent l'intervalle,
Concourent au sujet, à la fin principale.
Aux hommes innocents, aux mortels vertueux,
Il doit son amitié, ses conseils et ses vœux.
Que, des cœurs violents apaisant les orages,
Il aime à gouverner, à fléchir les courages;
Louant la modestie et la frugalité,

La justice, les lois, la paix, la liberté ;
Discret, ami des dieux, et priant leur puissance
D'assister le malheur, de punir l'insolence.
La flûte, de nos jours rivale du clairon,
Se pare avec orgueil de son brillant laiton;
Elle fut autrefois sans luxe et sans dorures,
Léger tuyau percé de rares ouvertures,
Mais suffisant alors, quoique d'un faible son,
A diriger le chœur, à lui donner le ton,

Quand, peu nombreux encore, un peuple sage, honnête,
Au théâtre cherchait une paisible fête.

Mais lorsque, souverain de vingt peuples conquis,
Le Romain triomphant, dans ses murs agrandis,
Put goûter désormais avec pleine licence
La joie et les plaisirs, enfants de l'abondance,
La musique perdit cette simplicité.
Au grossier campagnard dont la rusticité
Vint partager les jeux du citadin tranquille,
Pouvait-on demander le bon goût de la ville?
Le théâtre étonna par un luxe nouveau,
Et le musicien parut en long manteau,
A ce riche appareil la danse fut unie.
De sa lyre sévère accroissant l'harmonie,
Melpomène chercha de plus brillants accords;
Une audace inconnue anima ses transports;
Et par la voix du choeur en ces pompeux spectacles
Son accent solennel imita les oracles.
Alors que, sans éclat, des tragiques récits
Dans l'enfance de l'art un bouc était le prix,
Sur la scène bientôt le drame osa produire
L'agreste nudité du faune et du satyre,
Associa les ris avec la dignité,

Et, par l'attrait piquant de cette nouveauté,
Retint des spectateurs dont la gaité rustique
Avait fêté Bacchus au banquet domestique.
Faites de ce ressort un usage discret.
Gai sans être bouffon, le satyre me plait.
Ce mélange des tons, ces changements du style,
Veulent un écrivain judicieux, habile,
Qui, du sein des palais brillants de pourpre et d'or,
Jusques au cabaret n'abat point son essor;
Mais qui, pour éviter le langage des rues,
Ne va point follement se perdre dans les nues.
Je souffre, quand je vois un rire ignoble et faux
Ravaler Melpomène au jargon des tréteaux :
Elle doit, la rougeur sur le visage empreinte,
Du pétulant satyre approcher avec crainte,
Ainsi qu'une matrone, aux jours religieux,
La pudeur sur le front, danse aux fêtes des Dieux.
Pour moi, si j'écrivais des drames satiriques,
Je n'irais pas chercher les mots bas et cyniques,
Et de la tragédie avilir la fierté

la grimace;

Jusqu'à peindre Silène en valet effronté.
Que Faunes et Sylvains, d'une impudente audace,
Farceurs de carrefour et charlatans de place,
D'obscènes quolibets, de vers licencieux
Ne viennent point vomir un flot injurieux.
De leur rire grossier la vile populace
Peut, en mangeant ses noix, approuver
Mais les honnêtes gens, qu'offense un pareil ton,
Laissent là de colère et parade et bouffon.
Quoi que vous inventiez, formez chaque figure
Sur un type connu dans l'humaine nature.
En voyant vos tableaux, que chacun à l'instant
Pense, s'il l'essayait, en pouvoir faire autant;
Qu'il l'ose toutefois! et de son impuissance
Fesant une honteuse et prompte expérience,
Il saura ce que vaut l'ordre et l'enchaînement,
Et combien tout sujet en reçoit d'ornement.
La brève impérieuse et la longue timide
Composent de concert l'iambe au vol rapide.
Long-temps chez nos aïeux le trimètre vanté
Se forma de ce pied par six fois répété.
Naguère il a permis que du grave spondée
La lenteur entravât sa marche retardée,
Et toutefois, voulant qu'un partage inégal
En fit son allié, mais non pas son rival,
De la seconde place et de la quatrième

Il l'exclut à jamais, les gardant pour lui-même.
De ce pied que l'iambe adopta récemment
Accius, Ennius, se servent fréquemment.

Mais un vers trop chargé de ce poids qui l'oppresse,
D'un auteur peu soigneux annonce la paresse,
Marque un ouvrage écrit à la hâte, au hasard,
Ou même accuse en nous l'ignorance de l'art.
Toute oreille n'est pas juge de la cadence,
Et Rome sur ce point permet trop de licence.
Devrai-je pour cela, négligent écrivain,

A mon vers vagabond ne donner aucun frein ?
Me dirai-je «< On verra les défauts de mon style,
Sans doute; mais ici le public est facile,

La critique indulgente; et, certain du pardon,

On peut faillir sans crainte»? Oui; mais qu'y gague-t-on?
Fuir le blâme n'est point mériter les suffrages.
Fesons mieux: de la Grèce imitons les ouvrages;
Que ses vers, du génie impérissable fruit,

Le jour soient dans nos mains, y soient encor la nuit.
Nos ancêtres long-temps ont vanté l'harmonie
Dans Plaute, à les entendre, aux bons-mots réunie.
Sur l'un et l'autre point, ils furent, à mon sens,
(J'adoucis le reproche) un peu trop complaisants :
Et nous savons, je crois, de la bouffonnerie
Distinguer l'heureux sel de la plaisanterie ;

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Éclairés
par le goût, nous savons vous et moi,
Chers Pisons, reconnaître un vers de bon aloi.
Mais il est des défauts que sans peine on pardonne.
Sous les doigts de Linus la corde qui résonne
Peut rendre un son parfois moins brillant et moins pur :
Toujours le trait au but ne va point à coup sûr.
De sublimes beautés un ouvrage étincelle :
Si quelque tache encore à son éclat se mêle,
De la faiblesse humaine inévitable effet!
Devrais-je pour cela l'estimer moins parfait?
Je ne puis excuser le copiste inhabile
Ou le musicien dont la main indocile

Et vingt fois recommence et se trompe vingt fois :
Chérile m'offrira deux ou trois bons endroits ;
J'admire, en souriant, cette rare merveille.
Mais qu'Homère parfois dans son travail sommeille,
Ne pourrai-je souffrir, inflexible censeur,
En un si long poème un instant de langueur?
Pour juger un écrit, ainsi qu'une peinture,
Placez-le dans un jour conforme à sa nature.
Que l'un soit vu de près, et l'autre de plus loin.
Celui-ci d'un jour pâle à peine aura besoin;
Defiant l'examen de l'œil le plus sévère,
Celui-là veut paraître à la vive lumière.
Tel peut plaire une fois, et tel plaira toujours.
Prête de plus en plus l'oreille à mes discours,
Pison, et retiens bien cet avis salutaire :
On souffre en quelques arts un talent ordinaire;
On peut, comme orateur, dans un rang assez beau,
Sans être un Messala, prendre place au barreau;
Mais un esprit vulgaire aspirer au Parnasse!
Hommes, dieux et marchands condamnent cette audace.
Ces parfums sans odeur et ces fades pavots,
Et cette symphonie, image du chaos,

Me gâtent la beauté de ce banquet splendide :
Quel besoin avait-il de ce luxe insipide?
Ainsi dans l'art des vers, au plaisir consacré,

Qui ne monte au sommet tombe au plus bas degré.
Au palet, à la paume, à la lutte inhabile,
On ne va point, pour prix d'un effort inutile,
Provoquer la risée en ces combats divers.
Et sans être poète, on veut faire des vers!
En effet, n'est-on pas considéré dans Rome?
N'est-on pas chevalier, loyal et galant homme?
Tu fuiras ce travers: jamais, sage Pison,
Tu ne voudras écrire en dépit d'Apollon.
Mais si ta muse un jour te dictait quelque ouvrage,
Appelle Métius au secours de ton âge,

Et ton père, et moi-même; et, scrupuleux auteur,
Retouchant, corrigeant l'objet de ton labeur,
Tiens-le pendant neuf ans sous une clé fidèle.
La parole envolée, en vain on la rappelle.
La tragédie, enfant d'un art encor nouveau,
D'abord fut par Thespis trainée en tombereau ;
Elle allait par les bourgs, le front rougi de lie,
Prostituant sa voix du passant applaudie.
E schyle l'installa sur un humble tréteau :
Plus décente, elle prit le masque et le manteau,
S'instruisit à parler un plus brillant langage,
Et du noble cothurne enfin connut l'usage.
La comédie alors parut avec éclat.
Trop libre, on la soumit au frein du magistrat;
Elle vit par les lois réprimer sa licence,
Et le choeur désarmé fut réduit au silence.
Rome sur tous les tons variant ses accords
En tout genre a tenté de généreux efforts.
Elle osa, loin des Grecs et des routes antiques
Puiser, indépendante, aux sources domestiques.
Si son impatience avait pu s'asservir
Au soin de corriger, au travail de polir,
Avec le même éclat elle eût dans sa couronne

Joint la palme des arts aux lauriers de Bellone.
Pour vous, fils de Numa, louez un sage esprit
Qui sait garder, revoir, retoucher un écrit,
Et, pour tous ses travaux prodigue de censures,
Les châtier vingt fois de prudentes ratures.
Démocrite, un beau jour, nous a dit qu'Apollon
Interdit le Parnasse à l'art, à la raison;
Qu'aux seuls dons du génie il réserve la gloire :
De là, nos aspirants au temple de Mémoire,
Négligeant leurs cheveux, leurs ongles et leurs mains,
Cherchent la solitude et désertent les bains.
Ne confiez jamais au barbier Théodore
Une tête incurable à cent grains d'ellébore;
Et, bientôt de poète acquérant le renom,
On vous proclamera l'honneur de l'Hélicon.
Hippocrate au printemps me purge de ma bile:
Il a tort; sans cela je serais un habile,

Un génie enflammé du poétique feu,

Tout aussi fou qu'un autre. Après tout, j'y tiens peu.
Sans avoir de tranchant, voyez-vous cette pierre

En donner à l'acier? Voilà mon ministère.
J'enseigne aux écrivains les secrets de leur art;
Je les mène à la gloire et n'y veux point de part.
Je leur montre à quel fonds puise la poésie,
Ce qui nourrit, soutient, élève le génie,
Et comment un goût pur, éclairant un auteur,
Dissipe à son flambeau l'ignorance et l'erreur.
Le don de bien penser est l'art de bien écrire.
Aux leçons de Socrate allez donc vous instruire:
Mûri par la pensée et la réflexion,
L'esprit obéissant fournit l'expression.
Qui saura ce qu'une ame à la vertu nourrie
Doit rendre à la nature et rendre à la patrie;
De la tendre amitié qui connaîtra les droits,
De l'hospitalité les devoirs et les lois,
Les soins d'un sénateur et ceux d'un capitaine,
Saura tout reproduire et tout peindre sans peine.
Etudiez les mœurs; cherchez de vos tableaux
Dans la société les traits originaux ;
Et que la vérité d'une vive peinture
Dans l'imitation transporte la nature.
Entendez-vous ces vers savamment ennuyeux,
Beaux sons vides de sens et riens harmonieux ?
Une fable, des mœurs intéressante image
Souvent, simple et sans art, nous plaira davantage.
Amoureux de la gloire et chéri des neuf sœurs,
Avide seulement de leurs nobles faveurs,
Le Grec a mérité cet illustre partage.
Chez nous, à l'avarice instruit dès son jeune âge,
Calculant, supputant par quarts et demi-quarts,
L'enfant sait diviser un as en mille parts.

сс

Qui de six ôte deux ?...-Reste quatre.-A merveille, << Mon fils; j'ajoute à cinq une somme pareille;

« Résultat :-Dix.-Très-bien; désormais, mon enfant,
«Ta fortune est certaine, et ton père est content. »
Quand cet amour du gain, comme une rouille épaisse,
Infecte et déshonore une avare jeunesse,
Peut-on de ces cœurs vils, de ces grossiers esprits,
Attendre les beaux vers et les savants écrits?
Le dessein du poète est de plaire ou d'instruire;
A l'un et l'autre honneur souvent même il aspire.
Le précepte se grave et se conserve mieux
Par la précision d'un vers sententieux.
Tout ce qui surabonde à la mémoire échappe.
Qu'un air de vérité dans la fable nous frappe:
Que par une lamie un enfant dévoré
Tout vivant de son sein ne soit pas retiré.
Un sujet trop léger déplaît à la vieillesse,
Un ton trop sérieux, à la vive jeunesse:
Le triomphe de l'art est de savoir unir
L'utile à l'amusant, le profit au plaisir.

Le libraire empressé recherche un tel ouvrage ;
Il passera les mers, il vivra d'âge en âge.
Jadis, dans les forêts, les sauvages mortels
Vécurent de carnage, à leurs penchants cruels
De sa lyre sacrée opposant l'harmonie,
Orphée apprivoisa leur farouche génie,
Et passa pour vainqueur du tigre et du lion.
Thebes voit s'élever aux accords d'Amphion,

Par l'invincible attrait d'un pouvoir qui l'enchante,
Sur ses murs animés la pierre obéissante.
Inspirer le respect de la divinité,

Jeter les fondements de la société,
De l'amour effréné réprimer la licence,
Assujétir l'hymen au joug de la constance,
Le crime au châtiment, les peuples à la loi,
Des poètes divins fut le premier emploi,
Et de leur grand renom l'origine première.
Ensuite, des héros ranimant la poussière,
Homère célébra les exploits éclatants;
Tyrtée aux champs de Mars guida les combattants.
Les oracles en vers instruisirent la terre ;
La morale en orna son langage sévère;
Pour gagner la faveur et des grands et des rois,
D'Apollon dans les cours on emprunta la voix.
Enfin des longs travaux Melpomène ou Thalie
Par le charme des vers délassa notre vie.
Poète, à qui la muse inspire de doux sons,
Redis avec fierté ses sublimes chansons.

Mais doit-on les beaux vers à l'art, à la nature ?
Frivole question! le travail, la culture,

N'est rien sans le talent; mais, sans l'étude et l'art,
Le génie à son tour ne fait rien qu'au hasard.
Un intérêt commun les lie et les assemble
Pour agir de concert, pour conspirer ensemble.
L'œil fixé vers la palme où tendent ses désirs,
L'athlète dès l'enfance a fui tous les plaisirs ;
Il a craint d'énerver dans les molles délices
Sa force destinée aux mâles exercices.
Cet artiste vanté, ce chanteur excellent
Doit à ses longs efforts sa gloire et son talent.

Mais, quand on fait des vers, il suffira de dire :

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Je veux être un Virgile, et prétends qu'on m'admire.

Je ne sais point mon art, je ne puis le nier.

<< Mais n'importe! courons, et malheur au dernier ! »
Ainsi que le crieur sur la place publique
Assemble les chalands autour de sa boutique,
Un poète opulent voit par l'appåt du gain
Près de lui s'amasser un famélique essaim.
Qu'il soit homme d'ailleurs à réparer la perte
Qu'en un fâcheux procès un client a soufferte,
Qu'il prodigue son or, sa table; et du flatteur
S'il discerne l'ami, j'admire son bonheur.

Sur tes vers, quand ta main secourt mon indigence,
Viendras-tu prendre avis de ma reconnaissance?
Dans la brûlante ardeur de mes transports joyeux,
Je m'écrìrai soudain : Beau, parfait, merveilleux !
Par des convulsions je peindrai mon ivresse,
Sautant, dansant, pleurant et pâmant de tendresse.
Comme, dans un convoi, de ses bruyants éclats
La douleur mercenaire étale le fracas,
Ainsi l'adulateur, raillant avec emphase,

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«

D'un sage conseiller la critique sévère
Déclare à nos défauts une implacable guerre.
Ces vers sont faibles, durs, incorrects, négligés ;
L'Aristarque l'ordonne: il faut qu'ils soient changés.
Fuyez, clinquant, faux goût, parure mensongère.
Moi! j'irais pour des riens à mon ami déplaire!
Dites-vous. Eh! ces riens par l'amitié soufferts
L'exposeraient bientôt à des regrets amers.
Comme on craint le contact et l'haleine funeste
D'un mortel dévoré par la lèpre ou la peste;
Ou comme on s'épouvante aux cris d'un furieux
Qu'a frappé le courroux de l'enfer ou des cieux,
Chacun fuit du poète et l'approche et la vue,
Hors l'enfant étourdi qui le suit et le hue.
Quand par monts et par vaux il hurle ses écrits,
tel que l'oiseleur en guettant la perdrix,

Si,

Il tombe dans un puits, n'allez pas d'un beau zèle
Voler à son secours et lui tendre une échelle.
Savez-vous si le saut n'est pas prémédité.
Peut-être dans la fosse exprès il s'est jeté,
C'est une invention de son esprit fertile ;
Ou plutôt, en lisant l'histoire de Sicile,'

Il aura vu qu'un fou, voulant passer pour dieu,
S'élança de sang froid dans l'Etna tout en feu.
Au poète, après tout, laissons son libre arbitre.
Il veut périr: pourquoi l'empêcher ? à quel titre?
Eh! vous l'assassinez, le sauvant malgré lui.
Aussi bien sa fureur ne vient pas d'aujourd'hui.
Lui rendrez-vous le sens, en lui rendant la vie?
Et d'un trépas fameux aura-t-il moins envie?
De quel forfait si grand l'a donc puni le ciel?
Aurait-il outragé le tombeau paternel?
Ou, sans crainte des Dieux, mis un pied téméraire
Sur un sol consacré par les traits du tonnerre?
Est-il profanateur, sacrilége, maudit?

Je l'ignore; mais fou, très fou, sans contredit
Il l'est; et, comme un ours échappé de sa cage,
Partout il jète au loin l'effroi sur son passage.
Ignorant ou savant, il ne distingue point:

Il vous voit, il s'élance, et vous suit, et vous joint,
Se prend, s'attache à vous, dévorante sangsue,

Et de vers et d'ennui vous assomme et vous tue.

263

Duæ Odæ, quæ in Cod. MS. Horatii Palatinæ, in Vaticana, repertæ feruntur, nisi eas legere, ut Horatio agnoscantur esse

et nuper

editæ sunt, non opus

est,

indignissimæ. (LEM.)

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