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SUR

SAINT AUGUSTIN

PREMIÈRE PARTIE

LE GÉNIE, L'AME DE SAINT AUGUSTIN

SECTION PREMIÈRE

SAINT AUGUSTIN AVANT SA CONVERSION

CHAPITRE PREMIER

Depuis la naissance de saint Augustin jusqu'à la fin de ses études.

Augustin naquit à Tagaste ', en Afrique, le 13 no-
vembre 354. Son père Patricius était païen, d'un
caractère bon, mais violent; il ne reçut le baptême
que vers la fin de sa vie. Monique, sa mère, était
chrétienne et pieuse. Leur fils fut donc soumis, dès
son enfance, à l'influence de leçons et d'exemples

L'emplacement de Tagaste a été découvert au mois de maj
1844. Les ruines que les Arabes désignent sous le nom de Souk-
Aras sont celles de cette ville. (Voyez les Études africaines, par
M. Poujoulat, tom. II, pag. 22.)

contraires. Monique voulut qu'Augustin, immédiatement après sa naissance, fût marqué du signe de la croix et qu'il goûtât le sel mystérieux. Elle le fit inscrire au nombre des catéchumènes', développa de bonne heure dans son âme ce sentiment intérieur qui nous porte à recourir à l'Être tout-puissant, invisible, dont elle essaya de lui donner une idée adaptée à son intelligence; elle lui parla de la vie éternelle que JésusChrist nous a promise et méritée par son incarnation. « Les persuasions de Patricius, dit Tillemont, ne purent ruiner dans l'esprit de son fils l'autorité si légitime que sa mère y avait acquise par son insigne piété. Le nom de Jésus-Christ était entré si avant dans son cœur, dès ses plus tendres années, avec le lait de sa mère, et il y était gravé si profondément que, depuis cela, tous les discours où il ne trouvait point ce nom, quelque remplis d'éloquence, de doctrine et de vérités qu'ils fussent, ne le ravissaient pas entièrement 2.

1 Conf., lib. I, cap. XI, tom. I. - L'évêque, ou un prêtre délégué par lui, faisait cette cérémonie. A chaque scrutin, avant et après, on faisait sur le front du catéchumène plusieurs signes de croix et on lui faisait goûter le sel mystérieux. Il y avait sept scrutins. Ils commençaient le mercredi de la troisième semaine du carême et finissaient un des jours de la semaine sainte. C'était au dernier scrutin qu'on expliquait pour la première fois le symbole aux catéchumènes, que l'on appelait alors compétents.

2 Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique, in-4o, 1702, tom. XIII, pag. 4.

Le jeune Augustin ne tarda pas à donner des preuves de la vivacité de son esprit et de l'étendue de sa mémoire. Ses parents se hâtèrent d'en conclure qu'il pourrait devenir habile dans l'éloquence, et, par ce moyen, parvenir aux honneurs et à la fortune; ils l'envoyèrent donc à l'école pour qu'il apprît à lire. Les récits qui frappaient ses sens et son imagination excitaient sa curiosité. Il en était avide; mais il éprouvait une répugnance prononcée pour le travail qui ne produisait pas immédiatement le plaisir. Les efforts qu'exigeaient les premiers éléments de la lecture lui étaient insupportables.

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Son caractère était peu docile. Il désobéissait à ses maîtres, ne tenait pas compte des recommandations de ses parents. Le fouet pouvait seul l'émouvoir, et on y avait souvent recours; cette punition lui paraissait un supplice affreux, tant il redoutait la douleur physique et l'humiliation.

Cependant la piété, dont le sentiment était déjà profond dans son âme, le portait à s'adresser à Dieu pour qu'il le préservât de ce terrible châtiment. Tout enfant, il l'invoquait comme son appui et son refuge; tout petit, mais avec une grande ardeur, il le priait de ne pas le laisser châtier à l'école'. Augustin priait, et ne faisait point d'efforts pour se corriger; ou, s'il en faisait, la paresse était bientôt victorieuse. Il commençait déjà à être tel qu'il sera jusqu'à son entière conversion, mêlant

1 Conf., lib. I, cap. IX, tom. I.

aux aspirations religieuses la persévérance dans le mal. Il trouva parmi quelques-uns de ses maîtres, des chrétiens qui continuèrent les enseignements de sa mère. Celle-ci le faisait assister aux exercices des catéchumènes.

Augustin n'avait pas encore quatorze ans', quand il fut saisi d'une subite oppression qui manqua de l'étouffer, et de l'enlever en un instant. Aussitôt sa foi devient ardente, il demande le baptême avec les plus vives instances; et, pour l'obtenir, fait un appel à la tendresse de sa mère. Déjà Monique se préparait à réclamer l'administration de ce sacrement salutaire; mais son fils s'étant remis tout à coup, elle fit différer la sainte ablution. Augustin regretta plus tard la détermination de sa mère, qui, prévoyant le débordement de tentations dont sa jeunesse était menacée, avait préféré d'exposer au danger de la profanation une terre informe, plutôt que l'image même de Jésus-Christ imprimée par le baptême.

Augustin continuait ses études à Madaure. Les maîtres qui lui avaient appris à lire, à écrire, à compter, avaient eu toutes ses répulsions; ceux qui l'initiaient à la littérature et qu'on appelait grammairiens, trouvèrent en lui un élève docile. Les fables poétiques qu'ils expliquaient charmaient son imagination,

1 Cum adhuc puer essem (Conf., lib. I, cap. XI). Chez les anciens, on distinguait l'enfance, INFANTIA, de la pueritie, PUERITIA. La première finissait à sept ans, la seconde se terminait à quatorze.

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