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THE NEW YORK PUBLIC LIBRARY

-41878

ASTOR, LENOX AND
TILDEN FOUNDATIONS.

AVERTISSEMENT

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La Bruyère a dit : «Quel plaisir d'aimer la religion et de la voir crue, soutenue, expliquée par de si beaux génies et par de si solides esprits (les Pères)! surtout lorsque l'on vient à connaître que, pour l'étendue de connaissance, pour la profondeur et la pénétration, pour les principes de la pure philosophie, pour leur application et leur développement, pour la justesse des conclusions, pour la dignité du discours, pour la beauté de la morale et des sentiments, il n'y a rien, par exemple, que l'on puisse comparer à saint Augustin, que Platon et que Cicéron'.»

1 Les Caractères, etc.; Des esprits forts.

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Leibnitz appelle saint Augustin un grand homme, d'une grande pénétration et qui avait infiniment d'esprit'.

M. Villemain a exprimé sur le génie de saint Augustin un de ces jugements qui restent, après avoir enlevé les suffrages par la justesse de la pensée et par la beauté de la forme. «Nous arrivons, dit-il, à l'homme le plus étonnant de l'Église latine, à celui qui porta le plus d'imagination dans la théologie, le plus d'éloquence et même de sensibilité dans la scolastique; ce fut saint Augustin. Donnez-lui un autre siècle, placez-le dans une meilleure civilisation; et jamais homme n'aura paru doué d'un génie plus vaste et plus facile. Métaphysique, histoire, antiquités, science des mœurs, connaissance des arts, Augustin avait tout embrassé. Il écrit sur la musique comme sur le libre arbitre; il explique le phénomène intellectuel de la mémoire, comme il raisonne sur la décadence de l'empire romain. Son esprit subtil et vigoureux a souvent consumé dans des problèmes mystiques une force de sagacité qui suffirait aux plus sublimes conceptions 2.>>

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Le cardinal Maury s'écriait : «Il semble que nous

1 Leibnitzii opera, etc., tom. V, pag. 8, 65, édit. de Dutens. 2 De l'Éloquence chrétienne dans le ve siècle : saint Augustin.

ne puissions plus monter dans les chaires chrétiennes sans nous appuyer sur les ouvrages de l'évêque d'Hippone'. » Nous pouvons affirmer, sans dépasser les limites du vrai, qu'il n'y a point de grande question philosophique à laquelle saint Augustin n'ait donné ou n'ait préparé une solution. On connaît ces paroles de Fénelon «Si on rassemblait tous les morceaux épars dans les ouvrages de saint Augustin, on y trouverait plus de métaphysique que dans ces deux philosophes (Socrate et Descartes) *.>>

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Cette appréciation de l'archevêque de Cambrai nous a déterminé à composer ces Études. Nous allons en indiquer le plan, l'esprit et le but. Elles sont divisées en trois parties. La première renferme le tableau dans lequel nous nous efforçons de retracer le génie et l'âme de saint Augustin. Ce tableau n'est point une biographie complète. Ce grand homme peut être considéré sous des aspects divers; nous n'avons pas l'intention de peindre l'évêque et le saint: nous voulons nous borner à présenter l'image de l'homme et du philosophe. Cette biographie, conçue à un point de vue psychologique, est en quelque sorte une psychologie. Ses éléments sont les faits qui révèlent la na

Panegyrique de saint Augustin.

2 Euvres de Fénelon; Lettres sur la religion, tom. I, pag. 422, édit. de Lebel.

ture physique, intellectuelle, morale de saint Augustin, et les circonstances au milieu desquelles elle s'est développée. Nous rapportons ces circonstances et ces faits; ils servent à expliquer les égarements et les erreurs du fils de Monique, les tourments qui les accompagnaient, le besoin de conversion qui le pressait vivement. Sa conversion sans doute est l'œuvre de la grâce. Mais l'action providentielle mêle la douceur à la force et tire le bien du mal même.

Si l'on réfléchit sur la nature physique, intellectuelle, morale de saint Augustin, il sera aisé de comprendre que, même naturellement, sa raison et son cœur ne pouvaient trouver le repos que dans la connaissance de la beauté suprême, toujours ancienne et toujours nouvelle, que le christianisme nous montre par le Verbe incarné. On comprendra aussi que ses puissantes facultés étant purifiées, fortifiées, fécondées par la grâce, de grandes transformations devaient s'opérer dans ses sentiments et dans ses croyances. Cette première partie est suivie d'un Appendice, où sont examinées quelques observations critiques sur la personne et sur les écrits de saint Augustin.

La deuxième partie contient l'exposition de sa philosophie; elle a quatre sections, sous ces titres : prolégomènes, l'homme, Dieu, l'univers.

Les pensées philosophiques de saint Augustin ont

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