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COMPLÈTES

D'HORACE

Traduites

EN FRANCAIS ET EN PROSE PAR J. B. MONFALCON; EN VERS ESPAGNOLS PAR BURGOS;
EN VERS ITALIENS PAR GARGALLO;

EN VERS ANGLAIS PAR FRANCIS; EN VERS ALLEMANDS PAR WIELAND ET VOSS

(TEXTE LATIN EN regard);
Précédées

DE L'HISTOIRE DE LA VIE ET DES OUVRAGES D'HORACE; DE NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES, PREFACES, ETC.;

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BIBLIOTHECA

REGIA MONACENSIS.

Bayerische
Staatsbibliothek
München

PRÉFACE GÉNÉRALE *.

Les poésies d'Horace sont l'expression la plus fidèle de ce que fut Rome au temps des premiers Césars: on ne saurait trouver nulle part une image plus exacte des mœurs et de l'esprit public dans la capitale du monde. à cette époque de son histoire. Plusieurs des odes de l'ami de Mécène et presque toutes ses épîtres sont des tableaux brillants de verve et de vérité de l'une des périodes les plus remarquables de la société romaine, de celle qui vit la transition de la république au régime du pouvoir d'un seul. La Rome d'Auguste se présente tout entière dans ces poésies, telle qu'elle était, sans déguisement, sans vain semblant d'hypocrisie, ainsi que l'avait faite l'excès de sa puissance et de ses richesses; et Horace a peint ses concitoyens avec l'énergique pinceau de Tacite, comme ils posaient devant lui.

Les OEuvres de ce poète sont le livre de tous les âges; rien de fardé sous sa plume, rien dans son style qui ne soit libre comme sa pensée ; c'est quelquefois la naïveté et toujours le naturel de Montaigne avec infiniment plus de vivacité et de graces. Nul poète n'a joui comme lui du rare talent de posséder tous les tons, et de les réunir à un degré de perfection toujours le même. C'est Pindare devant le trône de Jupiter, quand il chante sur les ruines de Troie; c'est le fini, la mollesse et le charme inimitable d'Anacréon ou de Voltaire, lorsqu'il raconte les caresses de Lycimnie et la coquetterie de Pyrrha; c'est, dans ses épîtres, la finesse d'observation de La Bruyère, la raison sévère et le goût de Boileau, l'art de conter d'Hamilton, la gaité de Swift, et le jugement exquis d'Addison. Horace n'a, sous le rapport du talent de la versification, d'autre rival que Virgile ou Racine, et ses OEuvres sont l'un des plus dont l'esprit humain puisse s'honorer.

beaux ouvrages

* Cette préface précède dans quelques exemplaires de cette édition le premier livre des Épitres sous le titre d'Avertissement ; l'Éditeur l'a reportée à sa place naturelle, et l'a remplacée, au lieu qu'elle occupait d'abord, par ses Études sur les Epitres d'Horace.

J'ai cru élever un monument à sa gloire, en publiant dans un format commode, non seulement le texte de ses écrits, mais encore des traductions complètes dans les cinq langues de l'Europe les plus usitées.

Le désir d'enrichir notre littérature d'une singularité bibliographique ne m'a pas guidé; j'ai eu surtout en vue un but d'utilité : cette édition sera, je l'espère, un service rendu à l'étude des langues vivantes, si importante et si répandue aujourd'hui. Le texte latin et les versions étrangères placées en regard s'expliqueront mutuellement, et un peu d'attention donnera facilement leur intelligence. Ainsi la lecture de cet Horace deviendra le cours de langues étrangères le plus attrayant comme le plus instructif.

Ce ne sera pas un travail sans intérêt et surtout sans fruit, que l'examen de la manière dont les difficultés fréquentes du texte d'Horace ont été rendues par les divers traducteurs étrangers; plus d'une révélation lumineuse naîtra de cette étude, et jamais Horace n'aura été mieux expliqué. La version française doit à ce parallèle plus d'une leçon utile. Tous les traducteurs n'ont pas choisi le même texte; de là quelques différences dont la comparaison sera l'objet de notes; ces diverses leçons ont composé un chapitre spécial, intitulé De la Concordance des Textes.

La plupart des traductions que je reproduis sont des chefs-d'œuvre dont la célébrité est égale à celle de la brillante imitation des Géorgiques par Delille. Voici celles que j'ai choisies:

Traduction allemande, en vers, par Wieland et Voss; anglaise, par Francis; espagnole, par don Javier de Burgos; et italienne, par Gargallo.

Les traductions en vers, quelque exactes qu'on les suppose, sacrifient cependant souvent plus ou moins le texte aux exigences de la versification, et perdent en fidélité ce qu'elles gagnent sous le rapport de l'élégance et du coloris. Ce motif important, dans un ouvrage de la nature de celui-ci, m'a déterminé à choisir la prose pour la version française. J'ai cherché à rendre ma traduction littérale autant que le permettait la différence de génie des deux langues : elle sera à son modèle ce qu'un dessin au trait est à un tableau. Espérer de faire mieux que Batteux, ce n'était point peut-être une témérité bien grande; mais quelques traducteurs récents ont été pour moi des concurrents redoutables, et je ne me flatte nullement de les avoir égalés. Pour répondre, autant qu'il était en moi de le faire, au vou des amis des lettres, j'ai ajouté à la version française un choix de traductions en vers par Lebrun, J. B. Rousseau, La Harpe, et par MM. Ragon, Daru, etc., etc. M. le général Delort a bien voulu mettre son beau travail sur les odes tout entier à ma disposition. J'ai cru devoir joindre aux imitations complètes d'Horace, faites

en vers anglais, italiens, espagnols, etc., par Francis, Gargallo, Wieland et Voss, un choix de traductions dues au talent exercé de poètes espagnols, anglais, italiens et allemands célèbres: Gongora, Iriarte, Martinez, Luis de Léon, Argensola, Villegas; Dryden, Milton, Hunt, Temple, Chatterton, Badham, Otway, Addison, Bentley, Roscommon, Ben-Jonson, Atterbury, Byron, etc., etc.

Les textes des six langues sont placés en regard.

Un soin extrême a été donné à la révision des épreuves. Après avoir lu et corrigé avec la plus grande attention chacune des six colonnes en langues différentes, l'Éditeur les remettait à six professeurs et hommes de lettres, qui examinaient plusieurs épreuves de la même feuille et à des jours divers; ce travail fait, il relisait les textes et les collationnait avec ceux qui servaient de copie. Cette méthode, suivie fidèlement, garantissait, sinon la correction absolue, du moins tout ce qui pouvait être fait de plus satisfesant sous ce rapport si capital. Le Virgile et l'Horace polyglottes étaient, à mes yeux, un monument national, et le plus beau de ceux qui ont été élevés en l'honneur des lettres latines; trop de soins ne pouvaient donc être pris pour que l'exécution de ces deux éditions rappelât les temps où les productions des presses de Lyon occupaient dans l'histoire des arts un rang si distingué.

La pureté du texte latin et la fidélité de la nouvelle traduction en prose ont été mises sous la surveillance si éclairée de M. Breghot du Lut, de l'Académie de Lyon, et de M. Péricaud, membre de l'Académie et bibliothécaire de la même ville.

Parmi les professeurs de langues étrangères qui m'ont aidé dans le pénible travail de la révision des épreuves, il en est un dont l'obligeance et le zèle méritent une mention spéciale; c'est M. Zehner, professeur de langue allemande: sans les savants secours que j'ai reçus, l'exécution de ma tâche eût été impossible.

Le texte latin est celui de l'édition des OEuvres d'Horace publiée par M. Achaintre.

qui

Il existe peu de livres polyglottes. Ce sont des ouvrages en prose disposés en colonnes verticales; leur exécution typographique n'a pu rencontrer sous ce rapport beaucoup de difficulté, car le texte présentait, dans chaque langue se l'appropriait, une dimension à peu près la même. Mais il n'en est pas ainsi des poésies d'Horace: dix vers de cet auteur demandent souvent à l'espagnol vingt lignes, quinze à l'anglais, douze ou quatorze au français, seize à l'italien, et la différence varie non seulement d'une langue à une autre, mais aussi, dans la même langue, d'une ode ou d'une épître à celle qui

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