Obrázky na stránke
PDF
ePub

un dégoût extrême une continuelle envie de vomir (4). Telle sera donc la méchanceté importune de ces sauterelles, que les hommes préféreront la mort au malheur de les souffrir; ils la souhaiteront donc, mais la mort ne répondra point à leur vœu (2).

Comme l'abîme figurait l'enfer, au dire des interprètes (3), les sauterelles étaient les hérésies (4); elles ne s'attaquent qu'aux hommes, ne voulant qu'un mal moral et spirituel. Celles-ci naissent de l'enfer, du péché, de la corruption de l'esprit et du cœur, comme l'insecte naît souvent dans la poussière d'œufs abandonnés, échauffés par le soleil, et mêlés aux immondices du sol. Leur nature, qui tient de la volatile et du reptile, exprime bien la marche de l'erreur appuyant son assurance orgueilleuse d'une astucieuse duplicité, se cachant pour mieux avancer, et s'élevant avec d'autant plus d'audace, quand elle se croit sûre de ne rencontrer aucune opposition; grossissant ses rangs et portant sur son passage la dévastation morale et la ruine matérielle, comme firent les Donatistes, les Manichéens, les disciples de Jean Hus, de Jérôme de Prague, de Jean de Leyde, de Luther, de Calvin; telle fut aussi l'idolâtrie des trois premiers

(1) « Intimat virus et properat in viscera; statim omnes pristini sensus retorpescunt; sanguis animi gelascit, carne spiritus exolescit, nausea nominis inaccrescit; jam et ipsa mens sibi quo vomat quærit.» (Tertulliani Scorpiace contra gnosticos, cap. 1; mihi, t. I, p. 520.)

(2)« Et præceptum est illis ne læderent fænum terræ, neque omne viride, neque omnem arborem, nisi tantum homines qui non habent signum Dei in frontibus suis. - Et datum est illis ne occiderent illos, sed ut cruciarent mensibus quinque et cruciatus eorum ut cruciatus scorpii cum percutit hominem. Et in diebus illis quærent homines mortem et non invenient eam, et desiderabunt mori et fugiet mors ab eis. » (Apoc., IX, 4 et seq.)

(3) Eborcii, Sancti-Amandi Elnonensis monachi, Scripturarum claves, apud Spicileg. Solesm., t. III, p. 420.

(4) « Ciniphes heretici..., quia in Trinitatem blasphemantes totius mundi dissipant fidem,» (S. Meliton., De Avibus, cap. xxxiv.—Spicileg. Solesm., t. II, p. 517.)

Le même sens donné au scor

siècles, haineuse, vindicative, liguée avec les sectes dissi-
dentes contre le Seigneur et son Christ. La puissance de ces pion.
cruels ennemis, tantôt secrète comme le venin du scor-
pion, tantôt apparente comme sa piqûre, ne va pas jusqu'à
tuer les hommes; elle ne les en tourmente pas moins dans
leur âme en dénaturant l'honnêteté de la pensée par un
poison secret d'autant plus efficace que ceux dont il vicie le
principe vital n'ont point la marque de Dieu, puisqu'ils ont
perdu la grâce sanctifiante du baptême (4). Cette marque
paraît, dans la tapisserie d'Angers, reproduite par la lettre T,
qui est le tau des Grecs, et dont les vieillards et les vierges
qui entourent l'Agneau sont marqués au front: comme dans
un vitrail des Bourges, on voit les maisons des Israélistes
indiquées, à l'exclusion de celles des Égyptiens, par cette
même lettre, écrite en rouge avec le sang de l'agneau
pascal (2): c'est l'origine de notre signe de croix, si souvent
réitéré dans la liturgie chrétienne, dont Ézéchiel devait tiens.
marquer aussi les habitants de Jérusalem (3), dont Tertul-
liers affirme que l'Église, Jérusalem véritable, devait hériter
un jour (4), et que Pierre le Vénérable exalte comme un des
plus doux symboles de l'Église (5).

(1) Sicuti percussi a scorpiis afficiuntur variis gravibus affectibus et symptomatibus, et periclitantur de vita, ita quoque de mentis sanitale præcipitantur homines per suggestiones satanicas. » (Wolfgangi Franzii, ubi suprà, p. 602.)

(2) Tapisserie du sacre d'Angers, 48e tableau, p. 40.

(3) « Dixit Dominus ad me: Da signum Tau in frontibus virorum.»> Ezech., IX, 4.)

4) « Littera Tau species crucis quam portendebat futuram in frontibus nostris apud veram et catholicam Jerusalem.» (Contra Marcion., lib. II, cap. XXII.) - S. Isidore de Séville rappelle à ce propos la pensée du psaume 4: « Signatum est super nos lumen vultus tui, Domine. (De Fide catholica contru Judæos, cap. XXVI; edit. Migne, t. VI, col. 534.)

(5) Cur etiam littera illa præ cæteris litteris, vel notis omnium gentium, ad signandas frontes gementium et dolentium electa est? Dicat Judæus, dicat hæreticus, si quid potest? Cumque vel tacuerint, vel in commentis suis uterque defecerint, dicat catholicus prophetam

Origine du signe de croix des chré

Abjection mo. rale du monde

à l'an 312 de l'ère chrétienne;

De grandes calamités morales résultent de ces désordres romain de l'an 180 dogmatiques, dont la présence de cet insecte maudit est le signal. C'est un malaise général de la vie sociale, une triste inquiétude des esprits qui rend l'existence pesante et fåcheuse, d'abord aux bons désolés, comme le généreux Mathathias, de cette ruine des âmes livrées aux mains de leurs ennemis (4), puis aux méchants eux-mêmes s'épuisant en efforts dont ils savent bien l'injustice, obligés de soutenir pour l'erreur et l'orgueil des luttes où ils prévoient bien que tôt ou tard la vérité restera victorieuse, et engageant presque toujours, comme déplorable complément de ces fatales prétentions, des guerres civiles dont ils se condamnent à garder l'éternel remords. Ainsi donc, ces réflexions de S. Jean sur le dégoût de la vie, qui viendra alors aux hommes engagés en de si funestes conjonctures, s'appliquent fort exactement à l'état de l'Empire romain depuis Commode, fils d'Alexandre Sévère, et qui régna l'an 180, jusqu'au règne de Constantin qui rendit, en 312, la paix au monde en la donnant à l'Église. Dans cet intervalle, en effet, le gouvernement n'est qu'une anarchie militaire, l'Église qu'une arène sanglante où succombent les martyrs et les confesseurs. L'histoire romaine n'a pas de phase plus lamentable pour les idées et pour les mœurs.

très-bien dépeinte

par ses traits de

Il semble que l'Esprit-Saint veuille insister, après la desressemblance avec cription des maux causés par cette invasion des sauterelles, sur d'autres caractères qui leur sont propres, et qui, tout

les ravages des sauterelles.

volentem prædicare salvandos a communi interitu christianos signandos esse signo crucis, non potuisse apertius exprimere quam ipso signo crucis. Hoc non in qualibet corporis parte, sed in ipsa fronte depinxit, ut neque de opprobrio Christi cum Judæis erubescamus, neque cum hæreticis crucem ejus, non jam contumeliæ sed honoris insigne, abjiciendam vel concremandam judicemus. » ( Petri Venerab. Contra Petrobusianos, in maxim. Bibl. Patr., t. XXXII, p. 1054, in-f", Lugdun., 1671.)

(1) « Væ mihi, ut quid natus sum videre contritionem populi mei, et contritionem civitatis sanctæ, et sedere illic cum datur in manibus inimicorum,» (1 Machab., II, 7.)

en leur laissant la nature des individus de leur espèce, les en distinguent cependant par des traits spéciaux, évidemment symboliques et qui peuvent servir encore à faire reconnaître l'hérésie (1). On tombera d'accord avec les naturalistes, pour peu qu'on ait soi-même examiné de près ces animaux, que leur tête a quelque rapport avec celle du cheval, qu'ils sont revêtus d'une sorte de cuirasse qui doit les garder, dans les vues de la Providence, contre les corps durs sur lesquels ils pourraient se froisser en s'élançant ; que leurs dents sont aiguës et propres à broyer leur proie autant, toutes proportions gardées, que celles du lion (2). De là tant de ravages dans les champs, sur les arbres, et leurs attaques même contre les habitations de l'homme. Il est vrai encore que leur vol s'annonce par un bruit strident comparable, par la poésie, « à des chars roulant vers des champs debataille. » Mais que signifient leur face d'homme, sinon l'art avec lequel le mensonge se compose pour mieux tromper? ces cheveux de femme, sinon leur faiblesse réelle en présence de la vérité, et peut-être les habitudes molles et débordées où jette si facilement l'apostasie, et dont Tertullien, dans un de ses livres de controverse, trace en peu de mots un portrait si fidèle (3)? Ces couronnes qui n'ont de l'or qu'une vaine apparence peuvent bien n'être aussi que de fausses vertus et qu'un symbole usurpé de puissance

(1) « Et similitudinem locustarum similes equis paratis in prælium, et super capita eorum tanquam coronæ similes auro: et facies eorum tanquam facies hominum, et habebant capillos mulierum, et dentes earum sicut dentes leonum erant. Et habebant loricas ferreas, et vox alarum earum sicut vox equorum multorum currentium in bellum, et aculei erant in caudis earum. » (Apoc., IX, 7 et seq.)

(2) Omnia morsu erodentes, et fores quoque tectorum, tanto volant pennarum stridore ut aliæ alites credantur. » (Plinii Hist. natur., lib. IX, cap. XXIX.)

(3) Non omittam ipsius etiam conversationis hæretica descriptioDem, quam futilis, quam terrena, quam humana sit, sine gravitate, sine auctoritate, sine disciplina ut fidei suæ congruens. » (Tertull., De Præscription. adv. hæretic., cap. XLI.)

spirituelle qui séduisent la foule en captivant son respect irréfléchi? Tout cela va fort bien, d'ailleurs, avec leurs morsures qui déchirent l'Église par la calomnie, l'Écriture par les traductions infidèles et de perfides déguisements; avec le grand bruit de leurs disputes injurieuses s'élevant en voix confuses contre les calmes accents de la vérité évangélique; avec ces cuirasses enfin de l'entêtement et de la passion dont ils se couvrent cuirasses de fer, bien différentes de celles que S. Paul conseille au chrétien comme une armure divine autour d'une conscience invulnérable (1). Que de tels caractères conviennent aux hérétiques des trois premiers siècles comme à ceux de tous les temps, sur lesquels s'accordent toutes les histoires, c'est encore moins douteux quand la divine révélation nous montre le chef qui guidait L'ange Abad- ces cohortes dévastatrices. « Elles avaient pour roi l'Ange de ple mystérieux, et l'abîme, » appelé en hébreu et en grec (pour que personne n'en ignore, car la langue grecque était parfaitement connue des Romains) d'un nom qui signifie l'exterminateur, et que l'hébreu traduit également par l'Enfer (2). Quel nom convient mieux à Satan, qui, après avoir séduit le premier homme pour le perdre, s'attache à toute sa race, et souffle sur elle l'hérésie, comme le plus sûr moyen contre son bonheur? On voit que, si les sauterelles ne devaient point tuer les corps, celui qui les dirigeait pouvait donner la mort à l'âme. Nous aurons bientôt des preuves que ce sens est celui qu'il nous faut.

don, roi de ce peu

son

pouvoir de

tromper les âmes.

Sauterelles d'un chapiteau de

Mais, avant d'en finir avec ces mystérieuses bêtes, arrêChauvigny-sur- tons-nous à les considérer un moment du point de vue ard'après le type chéologique. L'iconographie symbolique s'en est servie pour figurer maintes fois l'ange de ténèbres dans les manuscrits

Vienne, sculptées

ici expliqué.

(1) « Induite vos armaturam Dei... loricam justitiæ. » (Ephes., VI, 11 et 14.)

(2) « Et habebant super se regem angelum abyssi, cui nomen hebraice Abaddon, græce autem Apollyon, latine habens nomen exterminans.» (Apoc., IX, 11.)

« PredošláPokračovať »