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ET THÉORIE

DU SYMBOLISME RELIGIEUX

DEUXIÈME PARTIE.

DU SYMBOLISME DANS LA BIBLE ET LES PÈRES DE L'ÉGLISE.

CHAPITRE I.

CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES CAUSES ET
LES DÉVELOPPEMENTS SUCCESSIFS DU SYMBO -
LISME CHRÉTIEN.

Après l'étude des causes premières, rien n'intéresse dans la science comme la marche et les progrès successifs des connaissances acquises. S'il faut le plus souvent de laborieuses recherches pour suivre, au milieu de la lumière qu'on lui a faite, un phénomène si attachant, ne trouvet-on pas à jouir de ces découvertes un charme réel qui dédommage de beaucoup de veilles ? Et en cela il ne s'agit pas source du symbo

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Le spiritualisme,

de l'intérêt qu'il

excite.

lisme moderne, et toujours de la source longtemps ignorée d'un fleuve fameux, ni des premières lueurs d'un astre nouveau qui semble chaque soir s'élever d'un degré de plus au-dessus des lointaines limites de l'horizon; c'est aussi dans les méditations silencieuses de la philosophie, au milieu de quelques livres, ou dans une simple réunion de souvenirs même récents, que peuvent s'accomplir quelques-unes de ces mystérieuses jouissances de la pensée. Qu'était l'archéologie il y a quarante ans? qu'était le symbolisme surtout? L'une n'était même pas de ce monde; l'autre était absolument ignoré, et voilà qu'à force d'investigations et de découvertes, tous deux se sont élevés à la hauteur d'une science, et préoccupent à eux seuls bien plus d'esprits distingués que n'ont jamais fait les plus importantes questions de géographie ou d'astronomie pratique. C'est qu'au fond de ces théories nouvellement ravivées vit un principe de spiritualisme que les autres n'ont point, et que là où le spiritualisme existe, il attire à lui les préférences populaires; il range de son côté cet instinct des masses qui s'attache plus ardemment aux choses pourvues d'un caractère de durée ou d'immortalité. Et telle est la cause de l'universalité des images symboliques et de la faveur qu'elles ont constamment obtenue chez tous les peuples et dans tous les temps. Nous l'avons vu: il n'est pas une peuplade sauvage de l'ancien monde, comme de la nouvelle civilisation, qui n'ait connu ce langage des signes; pas une science, une langue dans laquelle on ne l'ait employé. Il est vrai également que, de nos jours, s'il revit mieux compris et plus apprécié, c'est au sentiment religieux qu'il doit cette résurrection ménagée par des études plus sérieuses des devoirs et des destinées de l'âme humaine; et par là nous voyons encore quels étroits liens l'attachent à la religion révélée, comme jadis il avait alimenté de ses ingénieuses chimères les croyances confuses nées sur les ruines de l'altière Babel.

Objet de cette seconde partie.

C'est la merveilleuse histoire de ce symbolisme nouveau

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qu'il nous faut tracer par un rapide aperçu avant de passer au développement des principes qu'il adopta et des théories qui l'animèrent. Remontons donc en peu de mots aux causes du symbolisme chrétien; parcourons ses phases consécutives; voyons quelles lois il a suivies dans son application à l'art catholique depuis ses premières manifestations jusqu'à nous.

Ce triple exposé sera comme l'abrégé de ce qui nous reste à dire, et l'introduction de cette seconde partie de notre ouvrage.

Tout culte a une propagande à exercer, dont l'activité et la persistance se proportionnent à l'ardeur des convictions qu'il inspire. S'il est une invention humaine née du cerveau de quelques sectaires, prétendus réformateurs comme on en vit tant, poussés par la bile de l'orgueil ou le ressort de l'intérêt vers des nouveautés lucratives, il n'épargnera rien d'abord pour multiplier ses conquêtes et en étendre le champ; son zèle, nourri par l'esprit de révolte, immolera, au nom même du bonheur de l'humanité, tout ce que l'homme avait noblement adoré, aimé, choyé avant lui; et ces emportements fanatiques iront jusqu'à la ruine des arts, jusqu'au mépris affecté de toutes les sciences, sous prétexte de ne laisser régner que le principe criminel de leur détestable régénération. Mais un jour vient tôt ou tard où de ceux-ci même naissent des conséquences de mort les nouveautés n'ont gagné, en vieillissant un peu, que de s'ennuyer d'elles-mêmes; cette foi, qui n'avait d'appui et de sanction que dans des passions à satisfaire, s'éclipse devant le mépris ou l'indifférence; elle finit, selon ses infaillibles destinées, par disparaître sans avoir rien créé pour compenser sa défaite.

La vérité adopte, dès son apparition, un tout autre système d'économie humanitaire. Calme et douce, aimant les hommes pour eux-mêmes, apportant aux sociétés les éléments de prospérité vitale et les joies intimes de la con

L'hérésie détruit le sens artis

tique; la vérité re

ligieuse le fait renaître.

Caractère général du symbolisme chrétien.

science, elle appelle, protége et encourage tout ce qui peut embellir dans notre passage sur la terre les quelques jours que le ciel nous y a marqués. Comme elle a en vue, avec les générations présentes, toutes celles de l'avenir jusqu'à la dernière aurore du monde, elle ne se fatigue pas de sa tâche; les dogmes qu'elle enseigna, la morale prêchée par elle au berceau du premier homme, sont encore les mêmes; ils n'auront pas changé quand viendra le suprême instant de la destruction de toutes choses. Le vrai, le beau et le bon, que la philosophie matérialiste a cherchés, sans les trouver, dans les utopies d'une imagination de sophiste sont donc en elle; et cette possession que personne n'a le droit de lui disputer, ce trésor divin qu'elle seule peut communiquer à ses disciples, elle tend sans cesse à nous l'assimiler par ses entretiens ineffables. Comme il est dans son essence de propager sa doctrine, elle enseigne par vocation, et, riche de toutes les sciences qui lui doivent leur éclat, de tous les arts dont elle se couronne, elle puise de toutes parts dans la nature, qu'elle anime par eux, les poétiques matériaux de ses divines leçons.

On ne refusera pas au catholicisme ces caractères, qui n'appartiennent qu'à lui. Protecteur, à son origine, de tout ce qui est grand et élevé, il dut s'approprier tous les prodiges de l'intelligence et emprunter aux moindres manifestations de la science des moyens de jeter partout la connaissance de Dieu et de ses attributs, du Verbe et des merveilles de son Incarnation, de l'Église et de son action providentielle sur la terre. Il partit de ce principe, posé par l'Apôtre des nations, que les vérités cachées qui se rapportent à la connaissance de Dieu émanent, comme autant de rayons lumineux, de la contemplation des choses créées (1); et dès lors, marchant sur les traces de l'ancienne Loi, dont les révélations

(1) « Invisibilia enim Ipsius a creatura mundi, per ea quæ facta sunt intellecta, conspiciuntur. » (Rom., 1, 20.)

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