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'C'est cette troisième édition que je publie. J'ai été forcé d'entrer dans ces détails, premièrement : pour montrer que si mes talens n'ont pas répondu à mon zèle, du moins j'ai suffisamment senti l'importance de mon sujet; secondement: pour avertir que tout ce que le public connoît jusqu'à présent de cet ouvrage, a été cité très-incorrectement, d'après les deux éditions manquées. Or, on sait de quelle importance peut être un seul mot changé, ajouté ou omis dans une matière aussi grave que celle que je

traite.

Il y avoit dans mon premier travail, plusieurs allusions aux circonstances où je me trouvois alors. J'en ai fait disparoître le plus grand nombre; mais j'en ai laissé quelques-unes: elles serviront à me rappeler mes malheurs, si jamais la fortune me sou rit, et à me mettre en garde contre la prospérité.

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Le chapitre d'introduction, servant de véritable préface à mon ouvrage, je n'ai plus qu'un mot à dire ici.

Ceux qui combattent le christianisme ont souvent cherché à élever des doutes sur la sincérité de ses défenseurs. Ce genre d'attaque, employé pour détruire l'effet d'un ouvrage religieux, est fort connu. Il est done probable que je n'y échapperai pas ; moi surtout à qui l'on peut reprocher des erreurs.

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Mes sentimens religieux n'ont pas toujours élé ce qu'ils sont aujourd'hui. Tout en avouant la nécessité d'une religion et en admirant le christianisme, j'en ai cependant méconnu plusieurs rapports. Frappés des abus de quelques institutions et des vices de quelques hommes, je suis tombé jadis dans les déclamations et les sophismes. Je pourrois en rejeter la faute sur ma jeunesse, sur le délire des temps, sur les sociétés que je fréquentois. Mais j'aime mieux me condamner; je ne sais point excuser ce qui n'est point excusable. Je dirai

seulement de quel moyen la Providence s'est servi, pour me rappeler à mes devoirs.

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Ma mère, après avoir été jétée à 72 ans dans des cachots, où elle vit périr une partie de ses enfans, expira dans un lieu obscur sur un grabat, où ses malheurs l'avoient reléguée. Le souvenir de mes égaremens répandit sur ses derniers jours une grande amertume; elle chargea en mourant " une de mes sœurs de me rappeler à cette religion dans laquelle j'avois été élevé. Ma sœur me manda le dernier væu de ma mère: quand la lettre me parvint au-delà des mers ma sœur elle-même n'existoit plus; 'elle étoit morte aussi des suites de son emprisonnement. Ces deux voix sorties du tombeau, cette mort qui servoit d'interprète à la mort m'ont frappé. Je suis devenu chrétien. J'ai n'ai point cédé, j'en conviens, à des grandes lumières surnaturelles, ma conviction est sortie du cœur : j'ai pleuré, et j'ai cru.

On voit par ce récit combien ceux qui m'ont supposé animé de l'esprit de parti, se sont trompés. J'ai écrit pour la religion, par la religion, par la même raison que tant d'écrivains ont fait, et font encore des livres contre elle; où l'attaque est permise, la défense doit l'être. Je pourrois citer des pages de Montesquieu en faveur du christianisme, et des invectives de J. J. Rousseau contre la philosophie bien plus fortes que tout ce que j'ai dit, et qui me feroient passer pour un fanatique et un déclamateur, si elles étoient sorties de ma plume.

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Je n'ai à me reprocher dans cet ouvrage, ni l'intention, ni le manque de soin et de travail. Je sais que dans le genre d'apologie que j'ai embrassé, je lutte contre des difficultés sans nombre; rien n'est mal-aisé comme d'effacer le ridicule. Je suis loin de prétendre à aucun succès, mais je pense

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aussi que tout homme qui peut espérer quelques lec teurs rend un service à la société, en tâchant de rallier les esprits à la cause religieuse; et dût-il perdre sa réputation comme écrivain, il est obligé en conscience de joindre sa force, toute petite qu'elle est, à celle de cet homme puissant qui nous a retirés de l'abyme.

« Celui, dit M. Lally-Tollendal, à qui toute » force a été donnée pour pacifier le monde, à qui » tout pouvoir a été confié pour restaurer la France, » a dit au Prince des Prêtres, comme autrefois » Cyrus Jéhovah, le Dieu du ciel, m'a livré les » royaumes de la terre, et il m'a commis pour rẹ» lever son temple. Allez ; monfez sur la montagne » sainte de Jérusalem, rebâtissez le temple de Jé» hovah » (1).

>>

et

A cet ordre du libérateur, tous les Juifs jusqu'au moindre d'entre eux, doivent rassembler des matériaux , pour hâfer la reconstruction de l'édifice. Obscur Israélite, j'apporte aujourd'hui non grain de sable. Je n'ose me flatter que du séjour immortel qu'elle habite ma mère ait encouragé mes efforts; puisse-t-elle du moins avoir accepté mon expiation!

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(1) Lettres de M. Lally-Tollendal, p. 27%

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EPUIS que le christianisme a paru sur la terre trois espèces d'ennemis l'ont constamment attaqué : les hérésiarques, les so

Tome I.

A

phistes, et ces hommes en apparence frivoles, qui détruisent tout en riant. De nombreux apologistes ont victorieusement répondu aux subtilités et aux mensonges; inais ils ont été moins heureux contre la dérision. Saint Ignace d'Antioche (1), Saint Irénée, Evèque de Lyon (2), Tertullien dans son traité des proscriptions, que Bossuet appelle divin, combattirent les novateurs, dont les interprétations superbes corrompoient la simplicité de la foi.

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La calomnie fut repoussée d'abord par Quadrat et Aristide philosophes d'Athè nes on ne connoit rien de leurs apologies, hors un fragment de la première conservé par Eusèbe. Saint Jérôme et l'évêque de Gésarée parlent de la seconde, comme d'un chef-d'œuvre (3).

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Les payens reprochoient aux fidèles l'atheisme, l'inceste et certains repas abominables où l'on devoit manger la chair d'un enfant nouveau-né. Saint-Justin plaida la cause des chrétiens, après Quadrat et Aristide : son style est sans ornement et les actes de son martyre prouvent qu'il

(1) Ignat, in Patri apostol. Epist. ad Smyrn. n. 1. (2) In Hæres. lib. VI.

(3) IV, 3`; Hieronym. Epist. 80; Fleury, Eus." Hist. eccl, tom. I; Tillemont, Mémoires pour l'Hist. eccl. Tom. II.

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