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» Voici bientôt la porte où la branche divine
» Doit, par sa riche offrande, appaiser Proserpine. »
Elle dit : et tous deux par des sentiers obscurs,
Ils poursuivent leur route, et marchent vers ces murs.
Le héros, le premier, touche au bout de sa course,
Se baigne en des flots purs tout récens de leur source,
Et suspend son hommage au palais de Pluton.

Ils avancent: au lieu de l'ardent Phlégéthon
Et des rocs que rouloit son onde impétueuse,
Des vergers odorans l'ombre voluptueuse,
Les prés délicieux et les bocages frais,

Tout dit : voici les lieux de l'éternelle paix!

Ces beaux lieux ont leur ciel, leur soleil, leurs étoiles; Là, de plus belles nuits éclaircissent leurs voiles; favoriser ces douces régions,

Là, pour

Vous diriez que le ciel a choisi ses rayons.

Tantôt ce peuple heureux, sur les herbes naissantes,
Exerce, en se jouant, des luttes innocentes;

Tantôt leurs pieds légers, sur de rians gazons,
Bondissent en cadence au doux bruit des chansons.
D'autres touchent la lyre; à leur tête est Orphée,
Tel qu'il charma jadis les sommets du Riphée :
Son luth harmonieux, qu'accompagne sa voix,
Ou frémit sous l'archet, ou parle sous ses doigts:
L'oeil suit les plis mouvans de sa robe flottante;
L'oreille est suspendue à sa lyre touchante;

Per campos pascuntur equi. Quæ gratia currûm
Armorumque fuit vivis, quæ cura nitentes
Pascere equos, eadem sequitur tellure repostos.
Conspicit ecce alios dextrâ lævâque per herbam
Vescentes, lætumque choro Pæana canentes,
Inter odoratum lauri nemus, unde supernè
Plurimus Eridani per silvam volvitur amnis.
Hic manus, ob patriam pugnando vulnera passi,
Quique sacerdotes casti dum vita manebat,
Quique pii vates et Phoebo digna locuti,
Inventas aut qui vitam excoluere per artes,
Quique sui memores alios fecere merendo :
Omnibus his niveâ cinguntur tempora vittå.
Quos circumfusos sic est affata Sibylla;

Musæum ante omnes, medium nam plurima turba
Hunc habet, atque humeris exstantem suspicit altis:
Dicite, felices animæ, tuque, optime vates;

Quæ regio Anchisen, quis habet locus? illius ergo Venimus, et magnos Erebi tranavimus amnes. Atque huic responsum paucis ita reddidit heros: Nulli certa domus; lucis habitamus opacis, Riparumque toros et prata recentia rivis

Et, sur sept fils divins où résonnent sept tons,
Son doigt léger parcourt l'intervalle des sons.
Là brillent réunis, dans des scènes champêtres,
Les héros des Troyens, leurs princes, leurs ancêtres;
Tous, conservant les goûts dont ils furent épris,
Dans ce séjour de paix offrent aux yeux surpris
Des ombres retraçant les scènes de la guerre.
Ici, des javelots enfoncés dans la terre;

Là, des coursiers sur l'herbe errant paisiblement,
Des armes et des chars le noble amusement,
Ont suivi ces guerriers sur cet heureux rivage,
Et de la vie encore ils embrassent l'image.
Du tranquille bonheur qui règne dans ces lieux.
Une scène plus douce attire encor ses yeux.
Plusieurs, couchés en paix sur l'épaisseur des herbes,
Où l'Eridan divin roule ses eaux superbes,

Sous l'ombrage odorant des lauriers toujours verts,
Joignent leur douce voix au doux charme des vers.
Là, règnent les vertus ; là, sont ces cœurs sublimes,
Héros de la patrie ou ses nobles victimes;

Les prêtres qui n'ont point profané les autels;
Ceux dont les chants divins instruisoient les mortels;
Ceux dont l'humanité n'a point pleuré la gloire;
Ceux qui, par des bienfaits, vivent dans la mémoire;
Et ceux qui, de nos arts utiles inventeurs,
Ont défriché la vie, et cultivé les moeurs.

Incolimus: sed vos, si fert ita corde voluntas,

Hoc superate jugum ; et facili jam tramite sistam. Dixit, et antè tulit gressum, camposque nitentes Desuper ostentat: dehinc summa cacumina linquunt.

At pater Anchises penitùs convalle virenti Inclusas animas, superumque ad lumen ituras, Lustrabat studio recolens; omnemque suorum Fortè recensebat numerum, carosque nepotes, Fataque, fortunasque virûm, moresque, manusque. Isque ubi tendentem adversum per gramina vidit Ænean, alacris palmas utrasque tetendit; Effusæque genis lacrymæ ; et vox excidit ore: Venisti tandem, tuaque spectata parenti

Vicit iter durum pietas! datur ora tueri,

De festons d'un blanc pur leurs têtes se couronnent; Avec eux est Musée; en cercle ils l'environnent; Il les domine tous d'un front majestueux. La Sibylle l'aborde : « O chantre vertueux! >> Qui charma les humains, la terre et l'Élysée. » De grâce, apprenez-moi, vénérable Musée, » Où d'Anchise est fixé le paisible séjour:

» C'est
pour lui qu'exilés de l'empire du jour
» Nous avons des enfers franchi les rives sombres.
»- Nul espace marqué n'enferme ici les ombres,
» Dit le vieillard; le sort abandonne à leur choix
» Ces vallons enchantés, ces ruisseaux et ces bois.
» Mais suivez-moi, venez: sur ce côteau tranquille
» Je conduirai vos pas; le chemin est facile. »
Après avoir de loin contemplé ces beaux lieux
Dont Anchise fouloit les prés délicieux,

Ils descendent. Anchise, au fond de ces bocages,
De ses neveux futurs contemploit les images;
D'un regard paternel il fixoit tour à tour
Ce peuple de héros qui devoient naître un jour;
Il remarquoit déjà les moeurs, les caractères,
Les vertus, les exploits des enfans et des pères.
Son fils sur les gazons vers lui marche à grands pas.
Anchise plein de joie, accourt, lui tend les bras;
Et, l'œil baigné de pleurs, d'une voix défaillante,
«Te voilà donc! dit-il; ta tendresse constante

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