tient pas avec moins de force l'autorité des évêques dans le gouvernement de l'Eglise, autorité qui déplaît aux protestants, ils ont reproché à ce Père de n'avoir su ni modérer la fougue de son tempérament, ni distinguer la vérité d'avec le mensonge; d'avoir introduit dans le gouvernement ecclésiastique un changement qui eut les suites les plus fâcheuses. (Mosheim, Hist. ecclés., siècle, seconde partie, c. 2 et 3; Hist. Christ., sect. 3, § 14, pag. 511, 512.) Ainsi, ces judicieux critiques ont loué saint Cyprien dans la circonstance où il avait tort, puisque l'Eglise n'a pas suivi son avis, et ils l'ont blâmé dans celle où il avait raison. Il est faux qu'avant ce tempslà le gouvernement de l'Eglise ait été tel qu'il est représenté par les protestants, que saint Cyprien y ait rien changé, que ce changement prétendu ait produit de mauvais effets. Voy. EVEQUE, HIERARCHIE. CYRILLE (saint), évêque de Jérusalem, après avoir été dépossédé trois fois de son siége par la faction des ariens, el rétatabli, mourut l'an 385. Il reste de lui vingttrois Catéchèses, ou instructions aux catéchumènes et aux nouveaux baptisés, qui renferment l'abrégé de la doctrine chrétienne. Comme les censeurs des Pères n'y trouvaient rien à reprendre, ils ont dit qu'elles avaient été faites à la hâle et sans préparation. C'est une preuve que saint Cyrille n'avait pas besoin de se préparer pour exposer la croyance de l'Eglise avec toute la clarté, la justesse et la précision nécessaires. Nous avons encore de lui une Homélie sur le paralytique de l'Evangile, et une Lettre à l'empereur Constance, par laquelle il lui mande, comme témoin oculaire, l'apparition miraculeuse d'une croix dans le ciel, qui avait été vue pendant plusieurs heures par toute la ville de Jérusalem, et qui causa la conversion de plusieurs parens. Les critiques les plus intrépides n'ont pas osé contester ce miracle, attesté de même par plusieurs autres au leurs. Comme saint Cyrille prêchait dans l'église du Calvaire, sur les vestiges de la croix de Jésus-Christ, il parle du mystère de la rédemp. tion avec toute l'énergie d'un homme pénétré. Dom Touttée, bénédictin, a donné des ouvrages de ce Père une édition grecque et latine, in-folio, publiée en 1720 par dom Marand. Les Catéchèses avaient été traduites en français par Grancolas, en 1715, in-4°. Voy. Vies des Pères et des Martyrs, tom. III, pag. 41. CYRILLE, (saint ), patriarche d'Alexandrie, employa presque tout le temps de son épiscopat à combattre l'hérésie de Nestorius, el mourut l'an 444. Comme Nestorius eut un grand nombre de partisans dont plusieurs étaient respectables, et que le zèle de saint Cyrille leur parut trop vif, les ennemis de l'Eglise, anciens et modernes, ont cherché à rendre ce saint docteur odieux. Il présida au concile général d'Ephèse, et fit confirmer à la sainte Vierge le titre de Mère de Dieu; par là il a déplu aux protestants; il réfuta l'ouvrage de l'empereur Julien contre le christianisme, c'est un sujet de haine pour les incrédules; plusieurs d'entre eux ont déprimé sa doctrine, ses vertus, ses talents. Ils ont dit que le nestorianisme, contre lequel ce Père à fait tant de bruit, n'était une hérésie que de nom, et un pur malenteudu; qu'en écrivant contre Nestorius, qui distinguait deux personnes en Jésus-Christ, saint Cyrille a donné dans l'erreur opposée, a confondu les deux natures en Jésus-Christ comme Apollinaire, et a fait éclore l'hérésie d'Eutychès; qu'au concile d'Ephèse, et dans toute cette affaire, il se conduisit par passion, par jalousie d'autorité contre Nestorius et contre Jean d'Antioche. Telle est l'idée qu'ont voulu nous en donner La Croze, dans ses Histoires du christianisme des Indes et de celui d'Ethiopie, Le Clerc, Basnage, le traducteur de Mosheim, bien moins modéré que Mosheim lui-même, Toland, etc. Mais ces critiques passionnés dissimulent des faits essentiels par lesquels saint Cyrille est pleinement justifié. 1° Il ne fut engagé dans l'affaire de Nestorius que par le bruit que faisaient les écrits de ce novateur parmi les moines d'Egypte. 2° Avant de procéder contre lui, saint Cyrille lui écrivit plusieurs lettres, pour l'engager à se rétracter ou à s'expliquer et à ne pas troubler l'Eglise; Nestorius n'y répondit que par des récriminations et par des invectives. 3° L'un et l'autre écrivirent à Rome au pape saint Célestin, pour le consulter et savoir quel était le sentiment des Occidentaux. Le pape assembla, au mois d'août 430, un concile qui condamna la doctrine de Nestorius, et approuva celle de saint Cyrille; celui-ci ne censura Nestorius, dans le concile d'Alexandrie, que trois mois après. 4° Acace de Bérée et Jean d'Antioche, quoique prévenus en faveur de Nestorius, le jugèrent condamnable; ils furent seulement d'avis qu'il ne fallait pas relever avec tant de chaleur des expressions peu exactes, et qu'il fallait tâcher d'apaiser cette querelle par le silence. Ils ignoraient sans doute que ce n'était pas là l'intention de Nestorius; il voulait absolumeut être absous, et que saint Cyrille fût condamné ; c'est dans ce dessein qu'il avait demandé à l'empereur la tenue d'un concile général. 5o Le patriarche d'Alexandrie ne présida au conciled'Ephèse que parce qu'il en avait reçu la commission du pape saint Célestin, et nous ne voyons pas que les Orientaux aient désapprouvé cette présidence. 6° Trois aus après le concile d'Ephèse, Jean d'Antioche reconnut qu'il avait eu tort de prendre le parti de Nestorius, il se réconcilia sincèrement avec saint Cyrille; ce fut lui-même qui pria l'empereur de tirer Nestorius du monastère dans lequel il était, près d'Antioche, parce qu'il cabalait toujours, et qui demanda qu'il fût relégué ailleurs. (Evagre, Hist. eccl., liv. 1, c. 2 et suiv.) Tous ces faits sont prouvés, non-seulement par les écrits de saint Cyrille, mais encore par les actes du concile d'Ephèse, et par le témoignage des écrivains contemporains. Quant à la doctrine de ce Père, elle n'est pas moins irrépréhensible que sa conduite. Le concile général de Chalcédoine, tenu vingt ans après celui d'Ephèse, en condamnant Eutychès, ne crut donner aucune atteinte à la doctrine de saint Cyrille. A ce concile néanmoins assistait Théodoret,'qui avait écrit d'abord contre saint Cyrille, mais qui s'était ensuite réconcilié avec lui, et avait abandonné le parti de Nestorius. Nous persuadera-t-on que Théodoret, dont on ne peut contes ter ni la science, ni la vertu, n'était pas assez habile pour voir la différence qu'il y avait entre la doctrine d'Apollinaire ou d'Eutyches, et celle de saint Cyrille, ou qu'après avoir d'abord soutenu la vérité avec toute la fermeté possible, il l'a trahie lâchement dans la suite? Cette question fut examinée de nouveau, dans le siècle suivant, au concile général de Constantinople, tenu au sujet des trois chapitres.; après un mûr examen de toutes les pièces, le concile condamna ce que Théodoret avait écrit contre saint Cyrille et contre le concile d'Ephèse; il déclara calomniateurs ceux qui accusaient ce patriarche d'Alexandrie d'avoir été dans les sentiments d'Apollinaire, session 8. Après douze cents ans, les critiques protestants sont-ils plus en état de juger la question que deux conciles généraux? Dès qu'il est prouvé que saint Cyrille avait la vérité et la justice de son côté, il est absurde de soutenir qu'il s'est conduit par humeur, par ambition, par jalousie, plutôt que par un vrai zèle pour la pureté de la foi; de jui prêter des motifs vicieux, pendant qu'il a pu en avoir de louables, et que sa conduite a été approuvée par l'Eglise. Dans les articles EUTYCHIANISME et NESTORFANISME, nous ferons voir que ces opinions condamnées ne sont pas seulement des erreurs de nom, ni de pures équivoques, mais des hérésies formelles et très-dignes de censure; l'une et l'autre subsistent encore, et sont soutenues par leurs partisans, telles qu'elles ont été condamnées par les conciles d'Ephèse et de Chalcédoine. Les protestants ne peuvent donc avoir d'autre fondement de leurs calomnies que les clameurs absurdes des eutychiens ou jacobites, qui n'ont pas cessé de répéter que le concile de Chalcédoine, en proscrivant la doctrine d'Eutychès, avait condamné celle de saint Cyrille, et canonisé celle de Nestorius. Barbeyrac, qui a cherché avec tant de soin des erreurs de morale dans les écrits des Pères de l'Eglise, n'en a remarqué aucune dans les ouvrages de celui dont nous parlons. Mais on lui fait des reproches plus graves: on l'accuse d'avoir usurpé l'autorité civile. dans sa ville épiscopale; de s'être brouillé, par son ambition, avec Oreste, gouverneur d'Alexandrie d'avoir chassé les Juifs de cette ville; d'avoir causé plusieurs séditions et le meurtre d'Hypacie, fille qui professait la philosophie, et que le gouverneur protégeait; d'avoir voulu mettre au nombre des martyrs le moine Ammonius, puni de mort pour avoir attaqué et blessé ce gouverneur. On sait que le peuple d'Alexandrie, par tagé en trois religions, était le plus turbulent et le plus séditieux qu'il y eut jamais; les chrétiens, les juifs, les païens, étaient toujours prêts à en venir aux mains et à se porter aux derniers excès. C'est ce qui avait engagé les empereurs à donner beaucoup d'autorité aux patriarches; le pouvoir de ceux-ci n'était donc pas usurpé mal à propos, les gouverneurs en avaient de la jalousie. Les premiers, obligés de protéger les chrétiens contre les attaques des païens et des juifs, n'eurent pas toujours assez de force pour arrêter la fougue des uns et des autres; il ne faut pas les rendre responsables des désordres qu'ils ne purent empêcher. - Damascius, copié par Suidas, n'affirme point que saint Cyrille ait eu aucune part au mieurtre d'Hypacie, mais qu'il en fut accusé, parce que ce crime fut commis par des chrétiens. Brucker (Histoire philos., tom. VI, pag. 280 et suiv.) cite avec éloge une dissertation écrite en 1747, dans laquelle saint Cyrille est pleinement justifié de ce meurtre contre les calomnies de Toland. Il punit avec raison les juifs qui avaient massacré un grand nombre de chrétiens, et l'empereur ne le trouva point mauvais. Quant au crime et au supplice du moine Ammonius, il faut convenir que saint Cyrille eut tort de vouloir le faire honorer comme martyr: il le comprit lui-même, et tâcha de faire oublier cette malheureuse affaire. Mais il faut savoir que ces troubles arrivèrent au commencement de l'épiscopat de saint Cyrille, et que la suite fut beaucoup plus tranquille. Voy. Socrate, Hist. eccl., 1. vii, c. 7, 13 et suiv., avec les notes de Valois et des autres critiques. Afin de n'omettre aucun genre de reproches, La Croze prétend que l'érudition de saint Cyrille était fort légère et son éloquence médiocre; que son ouvrage contre Julien est faible, et ne contient presque rien qui ne soit copié des écrits d'Eusèbe de Césarée et de quelques autres anciens; qu'il mériterait à peine d'être lu, s'il ne nous avait conservé quelques fragments d'auteurs que nous n'avons plus. (Hist. du Christ. des Indes, tom. 1, p. 24.) Quiconque s'est donné la peine de lire cet ouvrage, et de comparer les objections de Julien avec la réponse de saint Cyrille, demeure convaincu de la fausseté de cette critique. Non-seulement les preuves et les raisonnements de ce Père sont solides, mais il y a plusieurs morceaux très-éloquents; et partout on y voit combien un auteur judicieux a d'avantage sur un bel esprit. Il n'est pas vrai qu'il se soit borné à copier Eusèbe ni les autres anciens; et quand il l'aurait fait, il ne serait pas blâmable; il sait son adversaire pied à pied, ne laisse aucune objection sans réponse, et montre beaucoup d'érudition sacrée et profane. Le seul reproche qu'on pourrait peut-être lui faire est d'être un peu diffus; mais Julien lui-même l'est beaucoup, il ne suit aucun ordre, et il s'écarte continuellement de son objet: il était difficile de ne pas tomber dans le même défaut en le réu tant. Avant de porter un jugement sur des Les ouvrages de saint Cyrille d'Alexandrie ont été publiés en grec et en latin par Jean FIN DU PREMIER VOLUME. TABLE DES MATIÈRES. NOTA. Les articles précédés de ce signe sont nouveaux; ceux où il y a des intercalations ou des notes "Notice historique sur Ber- 9 15 17 * Avertissement sur celle nou- - Providence dans l'établis- Aaron, Achias. Voy. Anias. Actes des martyrs. Voy. Abaddon, Abailard, 58 Adjuration, 110 Amulette, 209 Apocryphe, 298 58 Adonai, 110 Anabaptistes, 211 Apodipne, 303 Abaissement, 60 Adoptiens, 110 Anachorètes, 218 Apollinaire, Apollinaristes 60 Adoption, 111 Anagogie. Voy. Ecriture 303 65 Adoration, Adorer, 111 sainte, §3. tains. Analyse de la foi. Voy. Foi. 65 tain. Apolytique, 310 1 65 (1) Adultère, 113 Apostasie, Apostat, 311 Abdissi, Abdjesu. Voy. Chal- Adversité. Voy. Affliction. Anathème, 224 Apostolicité, 312 déens. Aétiens. Voy. Anoméens. Ancien, 225 Apostolins, 320 Abécédaires, 66 Affinité, 117 (3) Ange, 226 Apostolique, 320 Abel, 66 Affinité spirituelle, 117 Ange gardien, 233 Apostoliques (Pères). Voy. Abéliens, Abéloïtes, 67 Affliction, 117 Angélites, 234 Pères de l'Eglise. Abgar, 67 Affranchi, 119 Angelus, 236 Apostoliques, 321 Abiathar, 68 Africains, Afrique, 119 Angleterre, 237 Apotactiles, 323 Abisme, 68 Agag, 121 (2) Anglican, Apothéose, 323 Abissins. Voy. Ethiopiens. Agapes, 121 (1) Animaux, 236 Apôtres, 324 (1) Abjuration, 69 Agapètes, 123 Animaux puis ou impurs Apôtres (Faux), 331 Ablution, 70 Aggée, 125 263 Apparition, 331 Abnégation, 71 Agiographes. Voy. 266 Apparitions de Jésus-Christ, Abominable, Abomination, graphes. Anneau du pêcheur, 266 335 71 Agneau pascal, Année, 266 Appel au futur concile. 358 71 Agnoètes, Aguoïtes, 126 An ée astronomique, 266 Appel com ne d'abus, 538 (2) Abraham, 71 Agnus Dei, 127 Année civile, 266 Appelant, 338 Abrabamiens. Voy. Samosa- Agobard, 128 Anniversaire, 268 Application. 339 tiens. Agonie, Agonisant, 128 Annonciades, 268 (1) Approbation, Approu- Abrahamites, 76 Agonie de Jésus-Christ, 129 Annonciation, 269 77 Agonistiques, 130 Annotine, 270 Absolu, Absolument, 77 Agonyclites, 150 Absolu (des nouveaux phi- Agreda (Marie d'), 130 Annuelles (Offrandes), 270 Aquariens. Voy. Encratites. 271 Aquila, 340 losophes), 78 Agynniens 130 Anomiens. Voy. Antino- Arabe (Version). Voy. Bible. (1) Absolution, 79 Abias, Arabie, 340 Absoute, 79 Aigle, Abstème, 80 Aîné, Ainesse, 132 Antécédent, 271 Arbre de la science, 313 272 Arbre de vie, 343 Abstinents, 85 Albanais, Abus en fait de religion, 85 Albigeois, 131 Antediluvien, 275 Arc-en-ciel, 343 276 Archange, 345 Abyssins. Voy. Ethiopiens. Acaciens, 88 Alexandrie, Acception de personne, 88 Allégorie, (1)Accidents eucharistiques, Alleluia, 89 Allemagne, Accomplissement des pro- Alexandre le Grand, 141 Anthropologie, Alliance, 89 Amalécités. Voy Agag. 90 Amauri, 158 Antimense, 141 Anthropomorphisme, 278 277 Arche de Noé, 346 353 150 Anthropophages, 279 (a) Archevêché, 354 279 (a) Archevêque, 355 279 279 |