Obrázky na stránke
PDF
ePub

riage. Suétone dit que ce fut à l'occasion de la naissance de Drusus, qu'on répandit dans Rome ce proverbe grec. Auguste, veuf et songeant à se remarier, était tellement épris des charmes de Livie Drusille, qu'il la demanda à Tibère Néron, son mari, qui aima mieux la lui céder que de se faire un ennemi d'un prince aussi puissant que l'était Auguste. Livie était pour lors grosse de six mois ; elle accoucha dans le palais d'Auguste, trois mois après, d'un fils qui fut appelé Drusus.

45. Eneus taurus Phalaridis. Le taureau d'airain de Phalaris. C'était une métaphore que les Romains employaient pour menacer quelqu'un et le forcer à dire la vérité. Phalaris, tyran d'Agrigente, avait fait construire par l'Athénien Perylle, un taureau d'airain dans lequel il faisait renfermer et brûler les victimes de ses cruautés.

46. Alga inquisitores. On appelait ainsi proverbialement à Rome les délateurs. Il y en avait un si grand nombre, que le pauvre pêcheur, même au milieu des algues marines, était accusé de dérober le poisson de César, et même celui de ses viviers.

47. Ne sutor ultra crepidam. Cordonnier, ne jugez point au-dessus de la chaussure. Le célèbre peintre Apelles, après avoir fait un tableau, l'exposait devant sa porte aux regards du public, et se cachait derrière pour entendre les différentes observations que faisaient les passans. Certain cordonnier, trouvant quelque chose à reprendre dans la chaussure de l'un des personnages du tableau, indiqua tout haut la correction qu'il fallait y faire.

Apelles, qui l'entendit, trouva le conseil excellent; il sortit de sa cachette, retoucha le cothurne censuré, puis remercia beaucoup le cordonnier. Celui-ci, très-fier de cette déférence, se permit d'engager Apelles à diminuer la grosseur d'une cuisse qu'il trouvait défectueuse. Le grand peintre se mit à rire de la suffisance de l'artisan, et lui dit : Mon ami, souvenez-vous qu'un cordonnier ne doit point donner d'avis au-dessus de la chaussure. Cette réponse d'Apelles est devenue proverbe.

Savetier,

Fais ton métier,

Et garde-toi surtout d'élever ta censure
Au-delà de la chaussure.

48. Nolito fronti credere. Ne vous fiez pas à l'apparence. Il ne faut pas juger sur l'étiquette du sac. Un fat, qui produisait dans un cercle un jeune homme d'une tournure un peu gauche, dit à la maîtresse de la maison: Je vous présente mon petit parent, qui n'est pas si sot qu'il le paraît. Madame, reprit vivement le jeune homme, c'est la différence qu'il y a entre mon cousin et moi.

49. Cothurno versatilior. Plus changeant qu'un cothurne. Cela se disait pour exprimer l'inconstance et l'infidélité, parce que le cothurne, espèce de chaussure en forme de pantoufles dont se servaient les acteurs représentant les héros dans les pièces des anciens, était propre aux deux pieds.

50. Pergræcari. Græco more bibere. Boire comme un Grec. Lorsque les Romains buvaient hors de raison, ils appelaient cette débauche boire à la

grecque. Les Spartiates disaient, au contraire, que Cléomène avait appris à boire des Scythes, et que, quand ils voulaient faire débauche de vin, ils appelaient cela scythiser, suivant le rapport d'Hérodien. Les Grecs modernes boivent encore avec autant de plaisir que d'excès, et leurs festins ne finissent pas sans ivresse. Ainsi, l'ancien proverbe n'a rien perdu de sa force et de sa justesse d'application. Les anciens Grecs buvaient chacun à leur tour à la santé de leurs maîtresses, et souvent autant de coups qu'il y avait de lettres à leurs noms.

51. Lupus in fabula. Proverbe dont on se servait, lorsque celui qui était l'objet de la conversation arrivait, et qu'il se faisait tout-à-coup un profond silence. L'origine de ce proverbe vient sans doute de l'étonnement que cause aux voyageurs la vue inopinée des loups, non qu'il sorte de ces animaux aucune émanation nuisible, comme un faux préjugé le suppose, mais c'est qu'alors on est saisi de frayeur, et que la frayeur produit communément le silence, et ôte même, lorsqu'elle est excessive, l'usage de la voix. Les anciens croyaient même que, si un loup apercevait un homme avant qu'il en fût aperçu, incontinent cet homme devenait enroué et perdait la voix. C'est du moins ce que Pline assure être communément reçu en Italie : In Italiâ, ut creditur, luporum visus, est noxius, vocemque homini quem prius contemplatur, adimere. C'est ce qui sert à éclaircir ce passage de Virgile :

Vox quoque Marim

Jam fugit ipsa; lupi Marim videre priores.

(Egl. IX.)

[ocr errors]

Je suis tout enroué, les loups m'ont vu les premiers. Les oiseaux se taisent à la vue d'un faucon. Cette expression de Théocrite: Vous ne pourrez parler, vous avez vu Lycus, a beaucoup contribué à répandre ce préjugé. Ce Lycus était le rival d'un autre berger, et ce berger, à la vue de Lycus, était resté muet. Or, le mot grec Lycus signifiant aussi un loup, au lieu de s'en tenir au nom propre d'un berger, ce qui était plus naturel, par Lycus on a entendu un loup, équivoque trompeuse, et qui a fait croire aux Romains, amateurs du merveilleux, que leurs fondateurs avaient été allaités par une louve, parce que leur nourrice s'appelait Lupa. La fable d'Europe enlevée par un taureau n'a d'autre fondement qu'une équivoque semblable; elle traversa la mer dans un vaisseau qui portait le nom de Taurus, ou dont le pilote s'appelait ainsi. Le proverbe grec correspond à ce proverbe français, si usité dans la conversation, quand on parle du loup on en voit la queue; c'est-àdire, la personne dont on s'entretenait, arrive.

52. Omnia sub unam Myconon congero. J'entasse tout dans Mycone, en parlant d'un homme qui brouille et entasse tout dans un même sujet. La fable a fait de l'île de Mycone le tombeau des centaures qui furent tués par Hercule. Quelques mythologues, confondant les géans de la fable avec les centaures, ont donné lieu à cette expression toute proverbiale.

53. Isthmum perfodere. L'expression de percer un isthme était passée en proverbe chez les anciens, pour marquer une entreprise vaine et une

peine perdue. Il s'agissait particulièrement de l'isthme de Corinthe, qui sépare le Péloponèse de la Grèce, comme un col étroit de la largeur d'environ un mille et un quart, ce qui a donné lieu au proverbe. Périandre fut le premier qui entreprit de le couper, au rapport de Laerce. Ensuite, le roi Démétrius Polyorcète, Jules César, les empereurs Caligula et Néron formèrent le même dessein ; mais toutes ces tentatives furent vaines, comme l'attestent Pline et d'autres auteurs anciens cités par le savant Ménage dans ses notes sur Laerce, et le père Hardouin, dans ses notes sur Pline. Lucien tourne également en ridicule l'entreprise que Néron avait formée pour couper cet isthme.

54. Ab ovo usque ad mala. Depuis les œufs jusqu'aux fruits. A Rome, on commençait les repas par les œufs et on les finissait par les fruits. Horace s'est servi de cette expression proverbiale, et Cicéron en fait usage dans une épître à Pœtus, integram famem ad ovum affero. J'apporte un grand appétit au commencement du repas, ce qui prouve que cette expression, fondée sur un usage commun, était très-familière aux Romains.

55. Ciceris jus capere. Prendre du jus de pois chiche. C'était à Rome un quolibet d'ivrogne, comme chaque pays en a de particuliers pour exprimer qu'on veut boire ou qu'on a bu. Il y a même un ancien proverbe français qui appelle cela prendre de la purée d'octobre ou de raisin. Pétrone s'est servi de cette expression dans le même sens dans le festin de Trimalcion. Un des convives dit: Sum naturá caldus, ciceris jus cum cepi matrem

« PredošláPokračovať »