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le doigt rapporteur, celui qui sert si bien les espions, mon petit doigt me l'a dit. Par cette consécration de chaque doigt à l'une des planètes, les anciens donnaient une interprétation conforme à leur système mythologique. Par exemple, en intrigue amoureuse, c'est le pouce qui tressaillit, et cela présageait beaucoup de biens, de fortune, une bonne et belle femme, de bons et beaux enfans, et enfin tout ce qui échoit à un homme né coiffé. Mais aussi c'est sans doute pour cela que, par un mouvement de vengeance bien légitime, on se mord les pouces, lorsque le sort cruel a trahi vos espérances. On sait que les anciens ne se faisaient nullement scrupule de maltraiter les dieux qui ne les avaient pas servis conformément à leurs désirs.

68. Aliena vivere quadra. C'était vivre aux dépens d'autrui. Cette expression s'appliquait proverbialement aux parasites. Cela fait allusion aux grandes tables carrées sur lesquelles les Romains faisaient distribuer gratuitement au peuple des viandes et d'autres provisions de bouche. Juvénal se sert ironiquement de cette expression contre les parasites:

Ut bona putes aliena vivere quadra. Croyez-vous toujours que ce soit le comble de la félicité de vivre aux dépens d'autrui? »

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69. Bis dat qui citò dat. C'est donner deux fois que de donner promptement; la lenteur à obliger crée des ingrats. Ausone a dit, avec beaucoup de raison et de justesse :

Gratia quæ tarda est, ingrata est gratia; namque
Cum fieri properat, gratia grata magis.

Si benè quid facis, facias citò, nam citò factum
Gratum erit. Ingratum gratia tarda facit.

C'est en effet procurer un double plaisir que de prévenir le besoin et la demande. Un bienfait différé est exposé à perdre, non-seulement la grâce que lui eût donné l'à-propos, mais même son mérite intentionnel.

70. Je me ris de mon hongre. Proverbe, pour rendre le trouble de ceux à qui le cœur vient à faillir dès le commencement d'une entreprise. C'est ce qui arriva à Sulpitius Galba lorsqu'il partit de Rome pour prendre possession du gouvernement qui lui était confié. Son cheval vint à tomber lorsqu'il sortait de sa maison: Je me ris de mon hongre, s'écria-t-il, qu'il soit déjà tombé, vu qu'ayant un si long voyage à faire, il ne l'ait qu'à peine commencé. Tomber de cheval au commencement d'une entreprise était de mauvais augure chez les Romains. C'est ce qui advint dans Aretium, aujourd'hui Arezzo, au consul Flaminius. Son cheval tomba, et il perdit peu de temps après la bataille de Thrasymène.

71. Combattre à voile et à chevaux. C'était une expression usitée chez les Romains pour désigner la peine et les efforts qu'il faut employer pour l'exécution d'une chose difficile. Cicéron l'emploie dans une lettre à son frère Quintus.

72. Thracum lusus. Le jeu des Thraces. Ce que Athénée dit des anciens Thraces est incroyable. Séleucus, dit-il, avait remarqué que quelques-uns des

Thraces jouaient à un certain jeu qu'on appelait le jeu du pendu. On attachait dans un lieu élevé une corde, sous laquelle on mettait perpendiculairement un caillou rond et uni. Après que le sort avait désigné celui qui devait être l'acteur, on le faisait monter sur le caillou, armé d'une faux. Il était obligé de se mettre lui-même la corde au cou pendant qu'un autre ôtait adroitement la pierre. Si ⚫ celui qui demeurait suspendu n'avait pas le bonheur, ou plutôt l'adresse, de couper à l'instant la corde avec la faux qu'il tenait des deux mains, il était étranglé, et périssait au milieu des risées de tous les spectateurs, qui se moquaient de sa maladresse. Les Thraces étaient anciennement décriés comme une nation livrée à l'impudicité et à l'ivrognerie.

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73. Une sauterelle engendrera plutôt un bœuf de Lucanie. C'était un proverbe usité chez les Romains pour exprimer l'impossibilité du succès d'une entreprise.

74. Diis iratis frui. Profiter de la colère des dieux. Cela se disait d'un homme qui était heureux dans le malheur, et trouvait, dans les choses mêmes qui devaient tourner contre lui, des motifs et des moyens de consolation, qu'il fallait attribuer sans doute à une ferme résignation ou à une philosophie sage et éclairée. Cela pouvait s'entendre aussi de gens qui, bien que persécutés par la fortune ou renversés par une révolution imprévue, ne laissent pas que de jouir des biens qu'ils ont acquis par la fraude, la violence et l'ambition, comme la révolution française nous le confirme

par de nombreux exemples. La force du proverbe réside en effet dans l'opposition des mots, parce que la vengeance divine, qui poursuit les scélérats, ne peut s'allier avec la fortune, qui les protège et les favorise, même dans leur chute; et qu'il est dans l'ordre naturel des choses, de les voir dégradés et punis plutôt qu'heureux et jouissant des fruits de leurs forfaits.

75. Il faut commencer par les Grâces et finir par les Muses. C'est un proverbe des anciens. Juste Lipse, Mercurialis, Saumaise et Ciaconius, qui ont traité à fond la matière de ce proverbe, ont démontré que les Romains mangeaient couchés sur des lits. Or, il y avait un de ces lits qu'on nommait stibadion ou sigma. Il était fait en forme de croissant et d'une grandeur indéterminée; c'est pour cela qu'on le nommait encore exaclinon et octoclinon, comme le prouvent ces vers de Martial :

Accipe lunata scriptum testudine sigma
Octo capit, veniat quisque amicus erit.

« Placez le lit fait en manière de croissant ; il tient huit convives; quiconque est de nos amis sera bien reçu. Il y avait une autre sorte de lit qui se nommait triclinium, c'est-à-dire à trois places, comme on peut le voir dans plusieurs représentations, surtout dans celle du triclinium rhamnusianum, décrit par Mercurialis dans son Art gymnastique. Il y avait communément trois triclinia dans une salle de festin, à ce qu'il paraît, ce qui faisait neuf places, si ces lits étaient remplis ; c'est à quoi le proverbe fait allusion, par le nombre neuf des

Muses. Aussi regarde-t-on comme une singularité, que Lucius Vérus eût onze convives. Il dérogeait en cela, dit Julius Capitolin, à la coutume des anciens qui, excepté dans des festins publics, n'avaient jamais tant de personnes à leur table. Athénée nous apprend encore, ce qui confirme ce qui est dit plus haut, que Cléopâtre, dans ses festins avec Antoine, avait fait dresser douze triclinia. La place la plus honorable était tantôt le côté droit, tantôt le côté gauche. Le maître du festin ne la prenait jamais, c'est-à-dire, voici comme cela doit être entendu : Pour ce qui regarde la position sur ces lits, les hommes étaient couchés, et, s'appuyant sur le coude gauche, ils avaient le dos soutenu par quelques coussins. Quant à l'arrangement des convives, le premier lit à droite et le lit du milieu étaient destinés aux étrangers; le troisième lit, situé à la gauche, était occupé par le maître du festin et sa famille. Le maître était toujours placé au haut bout du troisième lit, immédiatement à côté de la dernière place du lit du milieu, qui était la plus honorable. On en pourra juger par la circonstance de l'assassinat de Sertorius dans un festin que lui donna Perpenna, et par la description suivante : Igitur discubuere Sertorius inferior in medio lecto, suprà Fabius, Antonius in summo, infrà scriba Sertorii Versius, alter scriba Macenas in imo medius inter Tarquitium et dominum Perpennam. Il y avait donc sept personnes à ce repas, ce qui sert bien à expliquer ce que dit Plutarque dans la vie de Sertorius, que, pendant que celui-ci était couché sur le dos et qu'il voulait se lever, Perpenna eut la

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