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Jejunus rarò stomachus vulgaria temnit.

(HORACE.)

89. Play robs us of three good things, our money, our time and our conscience, le jeu nous dérobe souvent trois grands biens, l'argent, le temps et la conscience, et l'on peut y ajouter, l'esprit, la santé et quelquefois la vie. Le jeu est un vertige engendré par l'ennui et la cupidité :

Le désir de gagner, qui nuit et jour occupe,

Est un dangereux aiguillon;

Souvent, quoique l'esprit, quoique le cœur soit bon,

On commence par être dupe,

On finit par étre fripon.

(Mmc DESHOULIÈRES.)

Cette pensée spirituelle de madame Deshoulières est devenue proverbe. En effet la passion effrénée du jeu cause non-seulement la ruine des biens, mais encore la perte de l'honneur. On peut comparer un joueur de profession à qui les chances du jeu sont souvent contraires, au chien de la fable, qui lâche ce qu'il tient dans sa gueule pour saisir l'ombre qu'il voit dans l'eau.

90. Le roi d'Angleterre est le roi d'enfer. Il existe un très-ancien proverbe qui dit : Le roi d'Espagne est le roi des hommes, et le roi d'Angleterre celui des diables. Ce proverbe, cité par l'abbé Dubos, se trouve dans la préface d'un ouvrage intitulé : État du Danemarck, par l'Anglois Molleswortz.

91. To cast oil into the fire, is not the way to quench it, il ne faut pas jeter de l'huile dans le feu. Ignem ne gladio fodito, ne remuez pas le feu avec l'épée, a dit Plutarque.

92. A fool may put somewhat in a wise body's

head.

93.

Un sot quelquefois donne un avis important.

He that buys lands, buys many stones;

He that buys flesh, buys many bones;
He that buys eggs, buys many shells ;~
But he that buys good ale, buys nothing else.

Ce dicton proverbial signifie mot à mot: Qui achète des terres achète des pierres, qui achète de la viande achète des os, qui achète des œufs achète des coquilles; mais qui achète de bonne aile n'achète rien autre chose. On sait que les Anglais estiment beaucoup cette boisson, que la rareté et le prix du vin rendent très-précieuse pour la classe du peuple la plus industrieuse et la moins fortunée.

94. He who chastises one amends many, c'est épargner le sang que de savoir répandre à propos celui d'un grand coupable. La punition d'une personne en corrige un grand nombre d'autres. La révolution française est une preuve évidente de cette maxime sévère, qui, si elle eût été pratiquée en temps utile, eût épargné peut-être à la nation affligée le spectacle d'un grand crime. Une once de justice vaut mieux qu'une livre de clémence, disent les Orientaux dans leur langage figuré.

95. My bones will be tumbled for it. Mot à mot : Mes os seront froissés pour cela, c'est-à-dire, j'en porterai la folle enchère. C'est une expression figurée prise d'un encan, où l'on enchérit quelquefois follement par-dessus les autres, de sorte qu'on emporte à la vérité la marchandise, mais à un prix exhorbitant. Térence a rendu ainsi cette idée : Is

tæc in me cudetur faba (Eun., act. 2, sc. 4). Ce sera sur mon dos que les fèves seront battues, dit l'esclave Parmenou, ou bien ce sera moi qui paierai les pots cassés. C'était chez les Latins une métaphore proverbiale prise des gens de la campagne, qui battent leurs fèves avec des fléaux sur l'aire de la grange.

96. Handsom, good, rich and wise is a woman four stories high, belle, bonne, riche et sage est une femme à quatre étages.

97. He that marries for love has good nights but sorry days, celui qui se marie par amour a de bonnes nuits et de mauvais jours.

98. If wishes were horses, beggars would ride, si les souhaits étaient des chevaux, les gueux les monteraient bientôt. Les Français disent : Si souhaits étaient vrais, pouilleux seraient rois.

99. The covetous man like a dog in a wheel, roasts meat for others, l'avare est comme un chien dans une roue, qui tourne la broche pour les autres. C'est pour ses héritiers que l'avare amasse du bien avec tant de peines. Les Italiens disent : L'avaro non fà mai la miglior opera che quando tira le calze.

100. Industry is fortune's right hand, and frugality her left, l'industrie est la main droite de la fortune, et la frugalité sa gauche; celle ci donne à la première les moyens de jouir long-temps de ce qu'elle a amassé.

S VIII. Proverbes écossais.

On croit communément que les Écossais sont originaires de la Scythie, et qu'ayant, au commen

cement du quatrième siècle, envahi l'ancien pays des Pictes, Celtes eux-mêmes d'origine, ils lui donnèrent le nom de Scotland, ou Écosse, qui n'est, dit-on, qu'une corruption du mot scuyth ou scythe. D'autres écrivains pensent que la première population de l'Ecosse est due à des habitans venus de la Chersonnèse cimbrique (le Jutland). Nous ne nous appesantirons point sur le plus ou moins de probabilité de ces diverses origines. Ce fut Agricola qui, le premier, découvrit l'Ecosse pour les Romains. Tacite nous a laissé une description exacte de la situation et des mœurs de ce pays; il désigne particulièrement sous le nom de Calédonie la partie septentrionale de l'Écosse. Les rois calédoniens, après leur conversion au christianisme, avaient fixé leur principale résidence à Inverness. On rencontre encore dans cette partie de l'Écosse un grand nombre de vestiges de ces monumens nommés par les Goths lieux de jugement, et regardés aujourd'hui comme des restes de temples de Druides.

Les Écossais ont en général la charpente osseuse, forte et prononcée; ils ont un type particulier qui les distingue, c'est la saillie des os de la face; quoique maigres, ils ont les membres souples, déliés, et capables de supporter les plus rudes fatigues. Leur esprit, industrieux et entreprenant, dérive de la nature même de leurs lois sur les successions, lois qui faisaient passer l'héritage entre les mains de l'aîné des frères, comme chef de la famille, et ne laissaient aux autres enfans que de très-minces légitimes. Ceux-ci étaient, en consé

quence, obligés d'aller chercher fortune au-dehors, quoiqu'aucun peuple ne soit plus affectionné pour sa patrie et plus jaloux de sa gloire que l'Écossais. Cette inégalité de partage a également lieu en Angleterre entre les frères; mais les plus jeunes y trouvent des ressources beaucoup plus nombreuses qu'en Écosse.

Les Écossais ont du courage dans l'adversité, parce que dans leur enfance ils ont appris à souffrir; ils sont également modérés dans la prospérité. La foi d'un Écossais pour ses amis et son amour pour son pays sont les principaux mobiles de son existence; ces sentimens naissent en lui à son entrée dans la carrière de la jeunesse, et ne cessent d'exister que lorsque le cœur qui les a inspirés a cessé de battre. L'Écosse est de tous les pays du monde celui où les amis et les parens observent plus religieusement les égards et les règles de l'étiquette sociale; un évènement qui intéresse une famille n'est vu avec indifférence par aucun de ses membres. Toutes les fois qu'un Ecossais peut rendre un service, donner une preuve d'attachement ou une marque de respect, il s'identifie avec le nom de sa famille et avec celui, non moins sacré, de l'amitié. On accuse cependant les Ecossais d'orgueil et de fierté, reproche qui peut avoir donné lieu à ce proverbe Écossais, tous cousins du roi, dont voici l'origine Un temps fut que la France se trouvait fort bien du secours de l'Ecosse contre les Anglais, et alors à tout autant de seigneurs et de gentilshommes écossais à qui le roi écrivait, ou qui passaient la mer pour le servir, il donnait libéralement

T. I.

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