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61. Si les princes savaient parler et les femmes se taire, les courtisans dire ce qu'ils pensent et les domestiques le cacher, tout l'univers serait en paix.

62. Tout métal est indifférent à un habile fondeur, un bon lapidaire sait tirer parti des pierres les plus grossières.

65. Un grand parleur ne manque jamais d'ennemis, un homme de bon sens parle peu et écoute beaucoup. J'ai ouï comparer, dit un auteur chinois, les personnes qui parlent peu aux arbres qui ont peu de beauté et dont le fruit est excellent; un grand parleur ressemble à un arbre qui a beaucoup d'apparence, et qui ne donne point de fruit.

64. Une femme qui a de la pudeur et de la modestie ne se marie pas deux fois. Un ministre fidèle ne doit point servir deux différens maîtres. Le sens de ce proverbe est confirmé par ce passage d'un auteur chinois: «Ne dit-on pas qu'un ministre qui » est fidèle à son prince, se démet de ses emplois » après la mort de son maître; qu'une veuve ver» tueuse ne se remarie point. » Les Chinois érigent des arcs de triomphe, et canonisent les veuves qui ne se remarient point. Il est fréquemment arrivé dans des révolutions que des mandarins vertueux n'ont pas voulu survivre au souverain qui avait été détrôné (voyez Duhalde). Il est heureux pour une nation que ses destinées soient confiées à des hommes d'État fidèles et désintéressés qui aient en vue sa prospérité, et non à des hommes prévaricateurs qui sacrifient impitoyablement les intérêts de leurs concitoyens à la vanité de leur existence et à la cupidité de leurs cœurs. Les hommes habi

les et forts, pour me servir de l'expression du siècle, trouvent leur satisfaction dans les résultats de leurs nobles travaux; les hommes médiocres, à défaut de satisfaction intérieure, cherchent une vile compensation dans les biens, les dignités et les richesses, qui remplacent, à leurs yeux, les vertus et les talens. Il est malheureusement peu de ministres dont on puisse dire :

Pour les cœurs généreux que l'honneur seul inspire,

Ce rang n'est que le droit d'illustrer un empire,
De donner à son roi des conseils vertueux,

Et le suprême bien de faire des heureux.

Les Chinois disent encore: Si les talens appellent aux emplois, la vertu fait qu'on ne les occupe pas long-temps.

65. Fier de ton rang, gonflé de ta science, tu regardes les autres avec mépris; tu ressembles à cet enfant qui, fièrement assis sur un monceau de neige, s'applaudit de son élévation : le soleil darde ses rayons, la neige se fond, et le petit orgueilleux tombe dans la fange.

66. Un bon ministre d'État ne craint ni la calomnie, ni la mort. La réputation d'un homme public se divise en deux parts; dans l'une se trouvent ses louangeurs, dans l'autre ses détracteurs. La dernière l'emporte en nombre sur la première. La disgrâce d'un ministre est le moment où il reçoit un brevet d'honnête homme ou celui d'ambitieux démasqué.

67. Le marbre, pour être poli, n'en est ni moins froid, ni moins dur; il est de même des courtisans. Pour être

un courtisan parfait, disait le duc d'Orléans régent, il faut être sans honneur et sans humeur.

68. Toutes les vertus qu'acquiert le prince sont autant de disgrâces pour les méchans.

69. Moins un courtisan a de mérite, plus la faveur le rend fier et méprisant. Il est ordinairement bas et rampant dans l'adversité. Les courtisans sont de la nature du liége; ils reviennent toujours sur l'eau. Au feu des factions j'ai dérobé ma tête, Disait naïvement un courtisan français;

Je suis comme le liége au fort de la tempête,
Je surnage toujours, et n'enfonce jamais.

70. Je vous rendrai un service pareil à celui que rendirent les fourmis à un homme qui les avait empêché de périr, en jetant quelques branches d'arbre dans le ruisseau où elles étaient tombées. La fable d'Ésope de la Colombe et de la Fourmi peut servir à éclaircir le sens de ce proverbe; mais voici une image de la bienfaisance, tracée par un auteur chinois, qui le fera encore bien mieux sentir. Des voleurs, étant entrés dans un village, le pillaient et le saccageaient impitoyablement. Un aveugle charge un paralytique sur son dos, et, l'un servant de sa vue celui qui lui prêtait ses jambes, tous deux échappèrent au péril. (Adage chinois.) La bienfaisance est une jouissance à la portée de toutes les fortunes. Le pauvre l'exerce en joignant les efforts de son bras à ceux de son voisin pauvre, aussi efficacement que l'homme riche en ouvrant ses trésors. Le riche peut faire plus de bien numérairement; le pauvre, en faisant ce qu'il peut, a autant de plaisir et souvent plus de mérite. L'homme qui fait une

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bonne action prend rang parmi les bons citoyens de l'univers; celui qui n'a point encore ouvert ses oreilles et son cœur aux cris de l'humanité souffrante n'a point encore mérité ses lettres de naturalisation. 71. Les princes ne songent à rendre leurs sujets heureux que lorsqu'ils n'ont plus rien à faire.

72. Plus un femme aime son mari, plus elle le corrige de ses défauts; plus un mari aime sa femme, plus il augmente ses travers. Quand ils s'aiment tous deux également, ils restent ce qu'ils sont.

73. Une petite fente suffit pour faire périr un vaisseau; le plus petit insecte peut causer la mort par sa morsure; une seule étincelle peut occasioner un grand incendie; une taupe peut miner le plus fort rempart. Tous ces proverbes tendent au même but, savoir, de nous engager à nous tenir sur nos gardes en nous faisant souvenir que les causes les plus méprisables en apparence produisent souvent des effets funestes.

74. Il faut qu'un mari soit bien sot pour craindre sa femme; mais une femme est cent mille fois plus sotte encore de ne pas craindre son mari. Cette sentence s'accorde avec la conduite des Chinois à l'égard du sexe. Le soin qu'on a de tenir les femmes séparées des hommes, et la contrainte par laquelle on les enchaîne continuellement, sont une suite nécessaire de la polygamie et de l'empire absolu que les hommes se sont arrogé.

75. Femme qui déshonore son mari fait jurer à son galant de lui être fidèle. Les femmes devraient savoir par expérience que les protestations éternelles des amoureux sont autant de feuilles que le plus léger

vent peut emporter. On ne proteste jamais si vivement de sa fidélité, que lorsqu'on est sur le point de se quitter ou de se trahir.

76. On demande quatre choses à une femme que la vertu habite dans son cœur, que la modestie brille sur son front, que la douceur découle de ses lèvres, et que le travail occupe ses mains. Rara avis in terris. C'est vouloir un phoenix.

77. Trouver un trésor dans un lieu écarté et le rendre à celui à qui il appartient, où une femme seule sans la séduire, secourir son ennemi dans le danger, c'est la pierre de touche du cœur. Cette sentence morale indique parfaitement le caractère des Chinois, qui sont extrêmement avides de gain, voluptueux et vindicatifs. Il y a des climats où la nature a tant de force, que la morale ne saurait la refréner. Laissez un homme seul avec une femme, les tentatives seront des chûtes, l'attaque sera sûre, la résistance nulle. Dans ces sortes de pays, au lieu de préceptes, il faut des verroux. On regarde en effet, à la Chine, comme un prodige qu'un homme et une femme se trouvent seuls sans que le premier attente à la pudicité de la seconde.

78. Les premiers conseils des femmes sont les plus sages et leurs dernières résolutions les plus dange

reuses.

79. La fourmi et le rat sont de très-petits animaux; cependant, étant composés des cinq élémens, ils sont sujets à être détruits par des insectes plus vils qu'eur. Ce proverbe revient à ce proverbe français: Il n'y a pas de petit ennemi; et à ce précepte de Caton: Corporis exigui vires contemnere noli. Les cinq élé

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