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resseux n'a fini d'ouvrir l'œil. Dix li font une lieue. La paresse même a des charmes, dit Tacite; on se laisse aller peu à peu à l'amour de l'oisiveté, qu'on haïssait du commencement.

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105. Les colonnes de fer s'usent peu à peu par le simple frottement; on aperçoit la trace des mains aux balustres sur lesquelles on s'appuie souvent.Ce proverbe correspond à celui des latins: Gutta cavat lapidem, non vi, sed sæpè cadendo, l'eau qui tombe goutte à goutte perce les plus durs rochers. Voici l'extrait d'un mémoire chinois, qui servira de commentaire au proverbe. Il n'y a pas de malheur qui n'ait sa semence, et il est d'un homme sage d'empêcher qu'elle ne croisse. Pour cet effet, il faut veiller avec attention aux commencemens, car telle chose, qui paraît d'abord légère, devient peu à peu de trèsgrande importance. L'eau qui tombe du mont Tay se fraye peu à peu à travers les rochers un passage qu'on croirait avoir été fait avec le ciseau; une corde, à force de frotter sur une planche, la coupe en deux, comme le ferait une scie. Enfin, tel arbre qui aujourd'hui a dix pieds de circonférence, n'était, dans son origine, qu'une petite semence; on pouvait le plier et l'arracher aisément quand il était jeune maintenant quelle différence! il en est de même du mal.» (Duhalde.)

106. L'ivresse ne produit point les défauts, elle les décèle; la fortune ne change point les mœurs, elle les découvre.

107. L'amour propre est comme le vent : le vent rafraichit les airs, amène les pluies fécondantes et nourricières; il déchaîne aussi et pousse les orages désas

treux sur nos campagnes; l'amour propre excite dans l'âme les passions nobles et utiles à notre nature, et il soulève ces tempêtes morales qui attaquent notre repos, nos vertus, et souvent les détruisent. L'amour propre est comme l'ombre que projette un corps, et qui s'allonge d'autant plus que la lumière décroît: il grandit d'autant plus qu'on a moins d'esprit; les plus grandes ombres sont celles de l'amour propre des sots.

108. Mettez un sceau sur votre bouche, et gardez votre cœur avec la même vigilance que les remparts d'une ville. L'image employée dans la première partie de ce proverbe est familière aux Chinois; le sage, dit un moraliste, met un triple sceau sur ses

lèvres.

109. L'étude donne à ceux qui s'y appliquent un certain air de politesse qui se répand sur leurs paroles et sur leurs actions. Cette réflexion, si contraire à l'idée que nous nous sommes formée de l'étude en Europe, puisque nous attribuons à la fréquentation de la société cet air et cet usage que nous appelons bon ton, est encore exprimée par un autre proverbe chinois : L'étude donne à un jeune homme un air de politesse qui fait que tout le monde recherche sa compagnie. La politesse des Chinois consiste dans l'observation exacte et scrupuleuse de toutes leurs cérémonies: elles sont tellement mêlées avec leurs lois, leur politique, leur morale, que toutes leurs études se bornent à en acquérir une parfaite connaissance. De là vient que l'on connaît un lettré à la Chine à la manière dont il fait la révérence. (Duhalde) C'est à la Chine que les manières sont

>> indestructibles, dit Montesquieu. (Livre XIX, chap. XIII.) Outre que les femmes y sont absolu»ment séparées des hommes, on enseigne dans » les écoles les manières comme les mœurs. Ces choses, une fois données en préceptes et par de graves docteurs, s'y fixent eomme des principes » de morale, et ne changent plus.

110. Tel a pensé mourir de joie quand il a obtenu son premier emploi, qui, monté ensuite à de plus hautes dignités, est mort de douleur de n'avoir point obtenu eelle qui était supérieure à toutes les autres.

111. Tout le monde fremit au seul mot de poison, quoiqu'il n'y ait pas un homme sur dix mille qui en meure; des milliers de personnes périssent par leur intempérance, et cependant tout le monde s'y livre. Les Latins disent: Gula plures quam gladius occidit: et les Espagnols. De kambre a nadie vi morir, de mucho comer a cien mil, je n'ai jamais vu mourir personne de faim, mais cent mille pour avoir trop mangé. Les débauches de la jeunesse sont autant de conspirations contre l'âge mûr.

112. Les richesses n'ornent que la maison, mais la vertu orne la personne.

113. Ne contez jamais aucune fable à des gens crédules, ils la prendraient pour une vérité. Le conte suivant éclaircira ce proverbe. Un jeune homme, ayant acheté un baudrier, rencontra un de ses amis qui, l'ayant regardé, lui dit que c'était sa sœur qui l'avait fait, et lui demanda d'où il l'avait eu ; l'autre, qui aimait à plaisanter, lui dit que c'était un présent qu'il avait reçu d'elle. Il n'en fallut pas davantage pour confirmer sa jalousie. Il retourna

chez lui, et s'abandonna tellement aux fureurs de cette passion, qu'il se cassa la tête. On sut, quelque temps après, que le baudrier avait été volé dans la maison par une vieille femme du voisinage qui avait été le vendre à la première boutique. » (Duhalde.) La plaisanterie est comme le sel, il n'en faut pas être prodigue, dit Cicéron.

114. Le bonheur et le malheur, la perte et le gain, sont des choses dont on ne voit pas la fin dans ce monde, parce que l'avenir nous est caché. Cette sentence se trouve parmi les instructions que Liwentsié a écrites sur la muraille de l'endroit où il conversait avec ses amis.

115. L'usage du monde conduit à la défiance, la défiance conduit aux soupçons, les soupçons conduisent à la finesse, la finesse conduit à la méchanceté, et la méchanceté conduit à tout.

116. On trouve quelquefois le ki-lin et le fongwhang, mais les tigres et les serpens sont en bien plus grand nombre. Le sens de ce proverbe est que les méchans sont en bien plus grand nombre que les gens de bien. Le ki-lin et le fong-whang sont des animaux fabuleux, dont le premier est un quadrupède et le second un oiseau. Le ki-lin, suivant l'idée superstitieuse des Chinois, qui le font venir de la Cochinchine, est un animal de bon augure, qui ne paraît que sous les bons règnes et pour annoncer de grands événemens. Ils sont tous deux, pour les Chinois, ce que sont la licorne et le phonix pour ceux qui croient à des chimères.

117. Les mauvais mandarins font comme les fem

mes: le zèle de leurs discours augmente à proportion que leur conduite les dément.

118. On met un fagot d'épines autour d'un arbre pour le défendre, mais lorsqu'on le serre trop, il l'écorche. Ce proverbe signifie qu'on ne doit point accabler les jeunes gens de leçons au point de leur abattre le courage. Quelques personnes, dit un auteur chinois, gênent si fort leurs enfans dans leurs études, qu'ils ne leur permettent ni de voir, ni d'entendre ce qui se passe dans le monde. De là vient qu'ils sont aussi niais que ce jeune homme qui, ayant rencontré un chien dans une place où il allait pour la première fois, s'écria: Quel rat monstrueux! (Duhalde.)

119. On n'a jamais tant besoin de son esprit que lorsqu'on a affaire à un sot. Frédéric-le-Grand fut à même de vérifier la vérité de cet adage. S'apercevant qu'il était toujours battu lorsqu'il se trouvait opposé à un général autrichien de peu de mérite, mais en faveur à la cour, il reconnut aisément, au bout de peu de temps, que la cause provenait de ce qu'il agissait avec lui suivant les règles de l'art, tandis que son adversaire faisait tout le contraire, et dérangeait par ses fausses mesures toutes ses savantes combinaisons. Dès lors il se conduisit en sens inverse, et finit par le battre à coup sûr. On reprochait à une femme d'esprit qu'elle persécutait trop vivement les sots: J'ai tort, dit-elle, je sens que c'est manquer au public.

120. Le cérémonial est la fumée de l'amitié.

121. Il y a trois choses extraordinaires dans la province de Can-Tong: Un ciel sans neige, les arbres

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