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toujours couverts de verdure, et les habitans qui crachent continuellement du sang. Ce dernier membre de phrase fait allusion à l'usage où l'on est dans cette province de mâcher sans cesse de l'arek et du betel, ce qui donne à la salive une couleur rouge de sang.

122. Avoir trop d'esprit, c'est n'en avoir pas assez. L'esprit trop subtile ressemble à ces météores qui égarent les voyageurs. Un homme né avec beaucoup d'esprit et peu d'âme, dit un moraliste, pourra bien devenir célèbre, mais il ne sera jamais un grand homme.

123. L'indigence et l'obscurité sont les mères de la vigilance et de l'économie; la vigilance et l'économie, des richesses et des honneurs ; les richesses et les honneurs, de l'orgeuil et du luxe; l'orgueil et le luxe, de l'impureté et de l'oisiveté; l'impureté et l'oisiveté, de l'indigence et de l'obscurité. Ce sont là les révolutions de la vie. Les Italiens ont un proverbe dont le sens est à peu près le même (voyez Proverbes Italiens, n° 10.)

124. Plus une nation a de bons livres, plus on lui en fait lire de mauvais.

125. La doctrine qui ne va pas plus avant que les yeux et les oreilles est comme un repas qu'un homme fait en songe.

126. Les Chinois, quelque éloignés qu'ils soient, honorent toujours l'empereur lorsqu'ils reçoivent leurs hôtes avec les cérémonies ordinaires. Martinius, qui cite ce proverbe (Hist., liv. IV), prétend qu'il fait allusion à la coutume qu'ont les Chinois de placer l'entrée de leurs salles de façon qu'elles regardent

le palais de l'empereur, de manière qu'ils se prosternent devant le trône de ce souverain, qui est pour ainsi dire une divinité toujours présente. Peut-être veulent-ils dire encore que tout ce qu'on fait de bien est un hommage respectueux et tacite qu'on rend à l'empereur, et qui fait honneur à son gouvernement.

127. En matière d'État, le prince seul doit décider: mais c'est l'impératrice seule qui doit se mêler des affaires domestiques. Ce dernier article doit s'entendre seulement de l'appartement des femmes, car c'est une maxime reçue en Orient, que le sexe, par la débilité de sa constitution physique et morale, est exclu de tout gouvernement soit civil, soit domestique. Aussi les Orientaux appelent l'Europe le royaume des femmes, parce qu'ils ont appris que la couronne peut passer aux femmes, du moins dans certains Etats.

128. Le cheval et le cavalier ont beau tomber ensemble, on ne rit que du cavalier; mais s'ils se blessent tous deux, on ne court qu'au cavalier. Pourquoi cela? parce que l'orgueil est un sot, et que le sentiment ne l'est pas.

129. S'il se trouvait à la cour d'un prince sept officiers (ministres) véritablement zélés, et qui osassent lui remontrer son devoir, quelque corrompu qu'il fûl, il ne perdrait point sa couronne. On trouve dans les annales de la Chine des exemples de courage, de fidélité et de zèle pour le bien public, qui font honneur à la nation et à quelques-uns des ministres qui ont osé reprendre l'empereur, quoiqu'ils sussent que leur mort était inévitable.

130. Quelque sûr qu'un cheval puisse être, il ne faut pas lui lacher la bride tout à la fois. Quelque ami qu'on soit avec un homme, on ne doit pas lui confier

tous ses secrets.

131. Une jeune branche prend tous les plis qu'on lui donne. Les Chinois se servent de ce proverbe pour montrer combien il est avantageux d'être souple et pliant. L'empereur Tai-Tsong demanda un jour à un de ses ministres, qui durait le plus d'une chose dure ou d'une chose molle : Sire, lui répondit Shu-Hiang, j'ai quatre-vingts ans, j'ai perdu plusieurs de mes dents, mais je n'ai pas perdu un morceau de ma langue. (Duhalde.)

132. La singularité n'est un mérite que pour ceux qui n'en ont pas.

133. Ce n'est ni le défaut de branches ni de feuilles qui fait périr un arbre, mais la pouriture de sa racine. On trouve la même image dans un mémoire chinois, et on l'applique à l'état où se trouvait l'empire sous le règne de Ngai-Ti, qui, dans le temps qu'il cherchait à étendre ses conquêtes, négligeait l'administration intérieure. Quoique rien ne soit plus glorieux en apparence, je le compare, dit l'écrivain, à un grand arbre qui pousse de grandes branches et quantité de feuilles, mais dont le tronc et la racine sont pouris: l'arbre, malgré sa belle apparence, est en danger de périr.

134. Celui qui aspire à devenir vertueux ressemble à un homme qui grimpe une montagne escarpée ; celui qui se plonge dans le vice, à celui qui roule dans un précipice.

135. L'eau qui porte le bateau est la même qui l'en

gloutit. Ce proverbe doit son origine à l'empereur Tai-Tsong, lequel, étant un jour à prendre le frais avec ses enfans sur le bord de l'eau, leur dit : Vous voyez, mes enfans, que c'est l'eau qui porte ce bateau, mais c'est elle aussi qui l'engloutit. Faites attention que le peuple est l'eau, et que l'empereur est le bateau.

136. L'eau est presque toute écoulée, la cloche sonnera bientôt. Expression proverbiale dont les Chinois se servent pour marquer l'approche de la mort: ils se servent de clepsydres. Les Anglais disent dans le même sens : His glass is almost run.

137. Le méchant craint les esprits. Les personnes criminelles sont sujettes à se forger des spectres et des fantômes, et même à avoir peur de leur ombre. Le méchant, dit Salomon (prov. 28), fuit, quoique personne ne le poursuive; mais le juste est aussi intrépide qu'un lion.

138. Le moyen de fermer la bouche à la médisance est de la mépriser. Soit que l'on me loue ou qu'on me blâme, dit un sage chinois, j'en profite pour me perfectionner dans la vertu. Ceux qui me louent m'indiquent le chemin que je dois suivre, ceux qui me blâment m'avertissent des dangers que je

cours.

139. On peut être bien monté, quoique ce ne soit pas sur le Ki; on peut être bon disciple, quoiqu'on n'égale pas Yen-Tse. Ki est un cheval fameux, YenTse était le disciple favori de Confucius.

140. Appeler les tigres pour chasser les chiens. Les Chinois appliquent ce proverbe aux ravisseurs et , aux tyrans, par allusion aux Tartares, qui, ayant

été appelés dans le dernier siècle, pour apaiser une rebellion en Chine, se rendirent maîtres de cet empire.

141. Une chaumière tient lieu de palais à VanHeu, lorsqu'il est question d'entendre les sages. Van-Heu était souverain d'une partie de la Chine, et si fort adonné à la philosophie qu'un jour, au retour de la chasse, lorsqu'on lui eut amené son chariot pour le reconduire au palais, crainte d'un orage, il aima mieux rester dans une chaumière où quelques philosophes s'étaient assemblés, pour profiter de leurs discours. On s'est servi depuis de ce proverbe pour exprimer une soif ardente du savoir.

142. Oublier ses ancêtres, c'est être un ruisseau sans source et un arbre sans racine. Ce proverbe veut condamner la vanité de ceux qui, ayant fait fortune, méconnaissent leurs parens.

143. Sans le mey-tse comment donner aux ragoûts les cinq saveurs ordinaires. Qui veut réussir doit agir en conséquence. Le mey-tse est une espèce d'abricot sauvage que les Chinois confisent et marinent pour en assaisonner leurs ragoûts. Par ces cinq saveurs ils veulent désigner la perfection. Les Chinois regardent le nombre 5 comme le plus parfait, d'où vient qu'ils réduisent à ce nombre les vertus cardinales, les devoirs relatifs, les commandemens de Fo, les élémens, les parties nobles du corps humain.

144. Un prince qui veut mériter le secours du ciel doit honorer et pratiquer les cinq vertus. Les cinq vertus cardinales, si révérées chez les Chinois, sont :

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