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liade, chant VI. Glaucus, pour des armes d'airain du prix de neuf taureaux, donne à Diomède des armes d'or de la valeur d'une hécatombe. Voici l'historiette d'Élien: Dans le temps où Darius, fils d'Hystape, n'était encore qu'un simple particulier, Syloson, frère de Polycrate, tyran de Samos, lui avait fait présent d'une robe. Darius étant parvenu au trône, donna à Syloson la souveraineté de Samos, sa patrie; c'est bien là, dit Élien, l'occasion d'appliquer le proverbe, de l'or pour du cuivre.

19. Qu'ils éprouvent le sort du génie de Temèse; imprécation devenue proverbe, pour dire qu'ils rendent plus qu'ils n'ont pris. En voici l'origine. Il y avait près de Temèse un génie malfaisant, dont l'analogue ne se retrouve aujourd'hui que parmi les vampires et les sangsues publiques, et qui forçait les habitans du pays à lui payer un tribut. Euthyme, athlète renommé pour sa force prodigieuse, les en délivra. Ayant trouvé moyen de pénétrer dans l'antre de ce brigand ou démon malfaisant, il l'obligea de rendre gorge bien au-delà de ce qu'il avait pris. Cette aventure a donné lieu au proverbe et doit s'appliquer à ceux qui font des gains illicites et qui ne leur profitent pas. Les Temésiens croyaient que ce mauvais génie était un des compagnons d'Ulysse, nommé Polite ou Alybante, que les habitans du pays avaient tué, pour venger l'honneur d'une de leurs filles qu'il avait outragée. Afin de l'apaiser, ils lui consacrèrent un temple, suivant l'ordre de l'oracle, et de temps en temps ils livraient à ce génie une de leurs plus belles filles. Ce fut pour la défense d'une de ces victimes dont

T. I.

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Euthyme était devenu amoureux, qu'il combattit le génie. Chaque peuple a ses ogres et ses contes de fées.

20. Il est ce qu'un piéton est auprès d'un char de Lydie. Pour exprimer l'infériorité d'hommes vaniteux qui, se comparant à des hommes d'un mérite supérieur, s'attirent les reproches et le ridicule. Ce proverbe est cité par Plutarque dans la vie de Nicias, où il se moque de Timée qui eut la prétention de surpasser Thucydide dans la description si pathétique de l'expédition de Sicile commandée par Nicias.

21. Un homme bouffi de la graisse de Sicile. Expression du poète Diphilus, qui est passéc en proverbe pour dire, un homme de la dernière grossièreté, un sot. Les Siciliens passaient, du temps de Plutarque, pour être glorieux et sots.

22. Buvez ou allez-vous-en. C'était une loi que les Grecs avaient établie dans leurs festins. Le sens moral de ce proverbe est qu'on doit s'accommoder à l'humeur de ceux avec qui on vit, quand on est en compagnie de gens qui boivent, ou qu'il faut s'en séparer quand on ne veut pas être de la partie.

23. Phrinichus tremble comme un coq. C'est un proverbe, dit Elien, qu'on applique à ceux qui se trouvent dans une situation pénible. Voici ce qui y a donné lieu Lorsque l'on représenta la prise de Milet, tragédie de Phrinichus, les Athéniens, affligés d'une perte dont on leur rappelait le souvenir, chassèrent l'auteur du théâtre. Phrinichus fut

saisi d'une telle frayeur qu'il tremblait de tous ses membres. La cause de la douleur des Athéniens était la crainte qu'ils avaient d'éprouver, de la part des Perses, le même traitement qu'avaient essuyé les Milésiens, que Darius, fils d'Hystape, avait fait mourir après s'être rendu maître de leur ville, et dont il avait réduit les femmes en esclavage. Aussi les Athéniens, non contens de chasser Phrinichus du théâtre, le condamnèrent à une amende de mille dragmes. Ce proverbe était fort usité chez les Grecs; il se trouve dans Plutarque en la vie d'Alcibiade, dans les Guêpes d'Aristophane. Il y avait encore un autre proverbe auquel le nom de Phrinichus avait donné lieu pour désigner un homme double, un traître relativement à un autre Grec du même nom, qui trahit les Lacédémoniens. Traîtrise de Phrinichus.

24. Adεiv πços μußßívny. Canere ad myrtum. En Grèce on chantait à table, comme nous avons souvent la coutume de le faire pendant ou après nos repas. Si quelqu'un, ignorant la musique ou nullement au fait de chanter, refusait de faire entendre sa voix ou de toucher de la lyre, on lui mettait en main une branche de laurier ou de myrte, et bongré malgré, il fallait qu'il chantât, comme le GrandCousin dans le drame du Déserteur, devant ce rameau; par la suite, cette plaisanterie obligée fit naître le proverbe qui prit ensuite un sens plus étendu on envoyait chanter devant le myrte tout homme ignorant qui ne pouvait placer un mot dans la conversation des gens instruits.

25. Lemnium malum. Cette expression, devenue

proverbe pour exprimer un malheur déplorable et heureusement sans exemple depuis, est tirée d'un fait prétendu historique consigné dans l'histoire de l'île de Lemnos. Il paraît que les femmes de cette île avaient l'odorat plus fin que nos Parisiennes; elles accusaient leurs maris d'empoisonner leurs baisers par l'odeur infecte de leur haleine. L'histoire ne dit point quelle était la cause de cette puanteur; mais les Lemniennes, fatiguées de voir toujours la déesse Mephytis profaner les mystères de Vénus, qu'elles aimaient beaucoup à célébrer, résolurent, d'un commun accord, de se débarrasser de la cause et des effets d'un vice organique de leurs maris; elles complotèrent avec un nommé Thoas, qui probablement sentait meilleur qu'un capucin, d'as. sassiner leurs maris : ce qui fut dit fut fait. Cet exemple depuis ne trouva plus d'imitatrices. Il existe maintenant à Mytilène de très-belles femmes qui sont fort éloignées de concevoir le même dégoût que leurs aïeules éprouvaient des habitans de l'île de Lemnos, dont la mauvaise odeur avait passé en provrbe comme les Ozoles, si toutefois ce fait, cité dans un livre des merveilles de la nature, Antigonus de naturæ mirabilibus, a pu avoir quelque réalité.

26. Mettre du pain dans un four froid. In frigidum furnum panes immittere, disent aussi les Latins. Les Grecs se servaient de cette expression, qui est passée en proverbe, pour désigner les soins inutiles qu'on prenait pour donner du talent à un élève nullement susceptible, par son défaut d'intelligence, de profiter des leçons d'un maître habile.

Les Français disent à peu près dans le même sens: d'une buse on ne saurait faire un épervier.

27. Il a les yeux d'Atrée (Aтpεws ouμuaтa). Erope, femme d'Atrée, roi de Mycènes, séduite par Thyeste, son beau-frère, lui facilita les moyens d'enlever un bélier à toison d'or, à la conservation duquel était attaché le bonheur de sa famille. Atrée ayant découvert l'infidélité de sa femme, la chassa de sa cour, et fit servir à Thyeste, dans un repas, les membres de son fils qu'il avait massacré. Il fallait que cette intrigue eût été bien mystérieusement conduite, pour qu'on regardât comme une merveille qu'Atrée eût pu la découvrir. De là le proverbe connu parmi les Grecs: Il a les yeux d'Atrée. C'est ainsi qu'on voulait désigner ceux qui découvrent tout, auxquels rien n'échappe. Erasme dans ses adages (Chiliad, 2, cent. 7),cite ce proverbe et ne l'applique qu'aux regards féroces et cruels, tels qu'étaient ceux d'Atrée dans les tragédies qui portent son nom.

28. Visage de Thersite. Injure passée en proverbe pour désigner un visage hideux tel que celui de Thersite, fils d'Agrius, et le plus laid de tous les Grecs; mais quelque laid qu'il fût, il paraîssait joli à son père, selon le témoignage d'Homère. Achille, irrité des injures et de l'insolence de Thersite, le tua d'un coup de poing. Ce proverbe s'entend encore d'un homme qui a l'esprit plus mal fait que le

corps.

29. Jardins d'Alcinoüs. Expression des Grecs pour désigner l'opulence produite par l'industrie. Alcinous était roi de l'île de Corcyre (Corfou), qu'Homère appelle Phæacia, du nom de Phæacus,

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