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Après les quatre docteurs se présentent Roger, Albéric à Porta, Aldricus, Guillaume de Cebriano, Odericus; Placentin, qui voyagea souyent de Plaisance, sa patrie, à Montpellier, et dont malheureusement les ouvrages furent imprimés sur de mauvais manuscrits par un mauvais éditeur; Henri de Baïla, qui, au dire d'un de ses contemporains, était brave chevalier, mais jurisconsulte médiocre; Bassianus, auteur d'un arbre allégorique des actions; Pilius, qui quitta Bologne pour professer à Modène; Cyprianus, Galgosinus, Otto, Lothaire, contemporain et rival d'Azon; Bandinus, Burgundio, qui fut envoyé par Pise à Constantinople, assista au concile de Latran de 1179, et qui, sans être professeur et sans écrire, servit la science en traduisant en latin les passages grecs des Pandectes; Vaccarius, qui de Lombardie passa en Angleterre, y enseigna le droit romain, et composa pour les écoliers pauvres un abrégé complet de jurisprudence (1). En lisant les catalogues dressés par M. de Savigny des ouvrages de tous ces glossateurs, ouvrages qui pour la plupart sont restés manuscrits, on pressent quelle devait être l'activité d'esprit de ces hommes, l'indépendance de leurs opinions, témoin les vives discussions de Bulgare et de Martin Gosia, et le charme d'une existence laborieuse, où la théorie et la pratique se soutenaient incessamment. C'était là le réveil de la jurisprudence européenne et son lumineux point de départ.

Ici s'arrête l'ouvrage de M. de Savigny. Dans un cinquième volume il doit exposer l'histoire littéraire du treizième siècle, et dans un sixième celle du quatorzième et du quinzième. Puisse ce grand jurisconsulte fournir cette carrière, et, après l'avoir fournie, nous conduire encore dans le siècle de Cujas, et constater lui-même la gloire de l'école française ! Il l'a promis dès le commencement de cette histoire. Puissent sa santé et ses forces lui permettre d'accomplir tous les desseins qu'il a formés pour les progrès de la science!

Si maintenant nous cherchons à apprécier l'ensemble de l'ouvrage analysé, nous reconnaîtrons facilement son originalité entre toutes les histoires du droit qui ont été écrites jusqu'à présent. Ce n'est pas une simple compilation historique où les faits extérieurs sont seuls consignés: non, le livre de M. de Savigny, dont le premier volume a paru en 1814, a élargi la carrière; le jurisconsulte s'est élevé à la hauteur du rôle d'historien, et, pour la première fois, l'histoire du droit a offert un heureux mélange de la science du droit et de la science historique. Les deux premiers volumes, qui exposent la destinée politique du droit romain au moyen âge, ont une rigoureuse unité; la démonstration de l'auteur est pressante, et il déploie, dans la déduction des preuves qu'il

(1) Liber ex universo enucleato jure exceptus et pauperibus præsertim destinatus.

apporte, la plus ingénieuse sagacité. Dans cette partie de son livre où se trouve accomplie presque entièrement la tâche qu'il s'était imposée, l'histoire politique du droit romain pendant le moyen âge, M.. de Savigny a montré un talent de composition rare en Allemagne dans les ouvrages d'érudition. Or nous estimons en France que l'art de composer un livre non-seulement procure à l'esprit un vif plaisir, mais encore lui apporte de nouvelles lumières, et qu'en tout le travail de la méthode est la chance la plus sûre pour la conquête de la vérité.

Arrivé au douzième siècle et à la rénovation littéraire du droit, M. de Savigny semble fatigué, n'avoir plus au même degré cette force de composition et d'esprit qui rend l'écrivain maître absolu des matériaux fournis par❜ér udition;

Bis patriæ cecidere manus;

et si des morceaux tels que les chapitres sur les villes lombardes et la peinture des universités du moyen âge indiquent la même sagacité historique, on ne peut s'empêcher de reconnaître que la lumière et la méthode manquent en maints endroits, que souvent les détails les plus minutieux viennent embarrasser la marche de faits importans, et que beaucoup de pages de cette seconde partie ne sont que des notes ajoutées à des notes..

Nous avons cru remarquer aussi une omission assez grave. M. de Savigny nous fait bien connaître au milieu de quelles circonstances politiques s'accomplit en Italie la rénovation scientifique du droit romain; mais quel était alors l'état intellectuel de l'Europe et de l'Italie, il n'en dit pas un mot. Cependant il était nécessaire de montrer où en était l'esprit européen au moment où une science nouvelle, la science du droit, venait enrichir et fortifier le douzième siècle. Que disait la théologie? Comment s'annonçait la scolastique? Que faisaient la grammaire et la rhétorique ? Enfin, quelle était alors la situation morale de la chrétienté ?

Cela nous conduit à une observation plus générale qui s'adresse nonseulement à l'ouvrage, mais encore au talent même de l'auteur. Chef de l'école historique dans la jurisprudence, M. de Savigny se distingue surtout par son habile sagacité à reconnaître le caractère individuel des faits extérieurs et positifs, à saisir chez un peuple ce qu'il y a de particulier et de national, à trouver aux plus minces détails une valeur et une signification; mais les vues d'ensemble, mais cette force et cette disposition de l'esprit qui tire des faits particuliers des conclusions générales, qui, après avoir raconté, systématise, l'esprit philosophique en un mot, vous les chercherez vainement chez l'auteur de l'Histoire

du droit romain dans le moyen âge. On a vu, dans le compte que nous avons rendu de l'Histoire du droit de succession par M. Gans, quelle guerre violente ce disciple de Hegel avait déclarée à l'école historique, de quel dédain il l'accablait, comme il lui reprochait son ignorance de toute philosophie, son impuissance à concevoir l'esprit général et la nature universelle des choses. On a vu aussi dans quels excès s'était jeté ce brillant et profond jurisconsulte; de sorte que, si l'école historique est sur plusieurs points incomplète et impuissante, parce qu'elle a méconnu et refusé l'appui de la philosophie, la nouvelle école philosophique, qui paraît à Berlin, en jurisprudence, s'est donné dès son début l'inexcusable tort de violer les droits de l'histoire.

Il ne nous reste plus qu'à signaler chez M. de Savigny son incontestable supériorité dans la science du droit romain. C'est, de tous les jurisconsultes contemporains, celui qui en connaît le mieux l'esprit et les détails les plus déliés. Son Traité de la possession est, à coup sûr, le plus beau livre de droit romain qui ait été écrit depuis le seizième siècle. Son Journal historique contient aussi les essais les plus originaux. Dans cette partie de la science, M. de Savigny est merveilleusement servi par son instinct historique; comme Cujas, il cherche et saisit le droit romain dans sa pureté native, et toujours il a la force de l'exposer et de l'écrire sans préoccupation étrangère.

FIN.

FUNIVERSIDAD CENTRAL

PE LA FACULTAD DE JURISPRUDENCY

BIBLIOTECA

TABLE

DES MATIÈRES.

PRÉFACE.
CHAP. Jer.
CHAP. II.
CHAP. III.
CHAP. IV.

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13

17

22

Du droit et de sa nature philosophique.
Du droit et de sa réalité historique.
Du droit arrivant à la forme scientifique. Théorie du droit positif.
Rénovation de la science au douzième siècle; Irnérius et les glossateurs.
Treizième siècle; Accurse. - Quatorzième siècle; Bartole.
Quinzième siècle; Ange Politien.
Seizième siècle. Alciat. École française.

-

Dumoulin.

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-

-

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Bodin. De republica libri sex.

-

-

Juris universi distributio.
Bacon envisagé comme

Commencement du dix-septième siècle.
jurisconsulte. Selden.

-

-

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46

65

74

Grotius. De jure belli ac pacis libri tres. — Avait été précédé par
Albéric Gentilis. Son influence.

-

Puffendorf.-Successeur médiocre de Grotius.-Jugement de Leibnitz. 85

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CHAP. VI.
CHAP. VII.

CHAP. VIII.

CHAP. IX.

СНАР. Х.

Leibnitz considéré comme jurisconsulte.

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Avénement de l'école historique. — Hugo. — Haubold. — M. dẹ Savi-

-

Études historiques sur le droit mosaïque,

CHAP. XVIII. Nouvelle école philosophique.-M. Gans.- Esquisse du système de

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Révolution française. — Philosophie spiritualiste du code civil. — Mis-
sion et portée de l'histoire du droit. - Conclusion.

93

103

109

119

125

134

141

149

162

169

174

187

Das Erbrecht in weltgeschichtlicher Entwickelung, etc.—Histoire du droit de suc-
cession et de ses développemens dans l'histoire du monde, par Edouard Gaus. 189
Geschichte des Römischen Rechts im Mittelalter, etc.— Histoire du droit romain pen-
dant le moyen âge, par M. de Savigny.

Continuation. — Rénovation de la science du droit romain au douzième siècle.

-

FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES.

221

250

1

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