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>> mais si j'eusse été maîtresse de mon sort, » je n'aurais jamais eu d'autre ami, d'autre >> époux, d'autre amant que vous.

>> J'offense peut-être le ciel en vous dévoi» lant ainsi mes sentiments. Ce qui me ras>> sure, c'est que vous n'ouvrirez cette lettre » que lorsque je ne serai plus au pouvoir des >> hommes; c'est Mathilde au tombeau qui >> vous déclare son amour. Répandez sur moi >> quelques larmes; mais ne vous livrez pas à >> une douleur excessive! Rappelez votre cou» rage; songez que vous avez encore des de» voirs à remplir, des bienfaits à répandre, >> des malheureux à consoler. S'il existe quel>> que communication entre le monde que je » quitte et celui dans lequel je vais entrer, je >> serai spectatrice de vos vertus. Que cette >> idée soit quelquefois présente à votre es>> prit!

>> Si jamais vous revoyez mon frère, ra>> contez-lui mes malheurs, et dites-lui que >> j'ai toujours eu pour lui l'affection d'une >> sœur. Adieu, mon ami, nous nous rever

>>>rons sans doute dans un monde moins » agité que celui où nous avons vécu. Rece>> vez les derniers adieux de Mathilde, et >> pensez quelquefois à elle en considérant >> son portrait, seul gage qu'elle puisse vous >> laisser de sa reconnaissance et de son

>> amour.

>> MATHILDE. >>

Je ne saurais exprimer l'effet que la lecture de cette lettre fit sur mon coeur. Je baisai mille fois le portrait de Mathilde, et je promis solennellement de rester fidèle à sa mémoire.

Telle est l'histoire douloureuse de mon premier amour. De longues années ont affaibli la vivacité de mes regrets, mais n'ont pu effacer de mon souvenir l'image de Mathilde. J'ai rencontré des femmes d'une rare beauté, et remplies de qualités estimables; mais je ne pouvais aimer deux fois, et j'ai renoncé à l'hymen, qui n'aurait pu me rendre heu

reux.

DUHAMEL.

Mathilde n'était pas une femme ordinaire : ce qui me plaît dans son caractère, c'est la décision avec laquelle elle remplissait ses devoirs.

FREEMAN.

Je trouve qu'elle a poussé trop loin la délicatesse pour un monstre tel que votre Albert; je l'aurais laissé partir pour son exil, et je serais resté dans ma patrie : il est un point passé lequel la vertu devient faiblesse.

KERKABON.

Qui osera marquer ce point? Laissons agir la conscience: elle nous conduit mieux que le raisonnement.

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CHAPITRE XIII.

CATASTROPHE.-SÉPARATION.

Je ne manquai pas de me rendre à l'hôtel de Floranville le jour qu'il avait fixé pour conclure son mariage, car il m'avait prié obligeamment de signer au contrat. Je trouvai chez lui Kerkabon, Duhamel et madame Lesueur, que je ne rencontre jamais sans plaisir. Elle me parut ce jour-là plus belle et plus intéressante que jamais; j'ignore comment cela finira, mais plus je la vois, plus je découvre en elle de qualités estimables.

Si, comme le dit Floranville, notre mariage était écrit là-haut, c'est un bonheur que je n'ose espérer.

Un moment après notre arrivée, M. Bon

nemain le notaire arriva; il avait préparé le contrat, et il ne restait plus qu'à y apposer les signatures. Nous attendions les nouveaux époux; ils entrèrent l'un et l'autre, suivis de la comtesse Bataroski, qui s'efforçait de donner à son maintien un grand air de dignité.

rare;

Il faut avouer que sa fille est d'une beauté elle est d'une taille au-dessus de la médiocre et se présente avec grâce. De grands yeux noirs, une bouche charmante, des bras et des mains modelés dans la perfection, la fraîcheur de la jeunesse tous ces avantages m'expliquèrent la passion de Floranville, et je commençai à croire qu'il n'avait pas si grand tort que je l'avais imaginé d'épouser Pauliska.

Après les compliments d'usage, M. Bonnemain lut à haute voix le contrat, dans lequel Kerkabon faisait de grands avantages à sa nièce. Celui-ci prit ensuite la plume; mais, avant de signer, il voulut, suivant sa coutume, faire un peu de morale.

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