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seul, il sait ce qu'il doit faire (24, 7; Nil molitur inepte); de ce qu'il choisit une action toute simple, qu'il embellit de beaucoup d'épisodes (8, 3; 17, 5; 25, 5); de ce qu'il transporte rapidement le lecteur au milieu de l'action (24, 7); de ce qu'il sait mentir (pɛʊdì λéyer) comme il convient, et dissimuler l'absurdité par son mérite ( 24, 9); enfin de ce que chez lui « la fable forme un ensemble dramatique, ayant pour objet une seule action entière et complète, avec un commencement, un milieu et une fin (25, 1 sqq.). Ce qui est à remarquer, c'est qu'il cite Homère en pleine tragédie, pour servir d'exemple, et cela plusieurs fois et assez longuement; il fait ressortir l'unité de l'Iliade et de l'Odyssée (8,5), et montre quel est le fond de ce dernier poëme quand on l'a débarrassé des épisodes (17, 5). Il cite également la comédie (9, 5). On ne doit donc pas s'étonner qu'Horace ait fait la même chose.

On peut continuer la comparaison. Ainsi Aristote dit 1 : que le déraisonnable se placera en dehors de la tragédie, comme (la mort de Laïus et le mariage de Jocaste) dans l'OEdipe de Sophocle (15, 7) 2; que le dénoûment doit venir de l'action même, les dieux intervenant seulement

1 Les âges, dont il n'est pas question dans la Poétique, sont traités fort au long dans la Rhétorique (II, c. 12 sqq.); raison de plus pour croire qu'Horace a intercalé son morceau après coup. La ressemblance des deux études est frappante. Seulement, Aristote ne parle pas des mœurs de l'enfance, qu'Horace traite sans nécessité; ensuite, après les mœurs de la jeunesse, il expose comme contraste celles de la vieillesse, pour terminer par l'âge viril, qui participe des deux autres. Horace a préféré l'ordre naturel, qui a bien son mérite.

2 Voir encore 14, 2. Un peu plus bas (14, 6) Médée est citée égorgeant ses enfants. Au chap. 24, 8, il est question de « certaines choses incroyables qui peuvent se mettre dans un récit épique, et qui seraient ridicules sur la scène. »>

dans des cas déterminés (15, 7); que Sophocle mit en scène trois interlocuteurs, nombre qui ne fut point dépassé (4, 12 sq.); qu'il faut considérer le chœur comme un acteur faisant partie du tout, ayant aussi son rôle, bien que, chez certains poëtes, il ne tienne pas plus à la fable qu'à toute autre tragédie, et forme des pièces de rapport (18,7); que l'ïambe est de tous les mètres le plus approprié au dialogue (4, 14), qu'il est plein de mouvement (xyτxv), et convient à l'action ( πpaxτixóv, 24, 5) 1.

Conclusion, la Poétique grecque a beaucoup de rapports avec la deuxième partie, la partie la plus difficile de la Poétique latine; elle est d'un grand secours pour l'expliquer. Même division, même fond d'idées, quelquefois mêmes expressions, même préférence pour la tragédie, dont les préceptes sont appuyés dans toutes les deux d'exemples empruntés aux autres genres. Horace avait étudié soigneusement Aristote; il a profité de ses souvenirs 2, mais sans tomber dans l'imitation proprement dite; sous ce rapport, il était trop bien sur ses gardes 3.

1 A. P. v. 81 sq. — Les détails historiques sur Thespis et sur Eschyle (v. 275 sqq.), ont peut-être été provoqués par un passage de la Poétique perdu depuis. Voici ce que dit Thémistius ( Orat. xxvi, p. 332, ed. Dindorf): οὐ προσέχομεν ̓Αριστοτέλει, ὅτι τὸ μὲν πρῶτον ὁ χορὸς εἰσιὼν ἶδεν εἰς τοὺς θεούς, Θέσπις δὲ πρόλεγόν τε καὶ ῥῆσιν ἐξεῦ ρεν, Αισχύλος δὲ τρίτον ὑποκριτὴν καὶ ὀκρίβαντας... Cf. M. Egger, op. l. p. 139.

2

Porphyrion assure qu'Horace a réuni dans son livre les plus beaux préceptes de Neoptolème de Parium. Alors Néoptolème était un compilateur d'Aristote?

Voir A. P. v. 133. Ailleurs, il recommande à Celsus de ne pas toucher aux écrits de la Bibliothèque Palatine, s'il ne veut avoir le sort du geai paré des plumes du paon. Epp. I, 3, 15-20.

NOTES EXPLICATIVES.

De arte poëtica. Les anciens avaient la division naturelle de l'Art poétique. La preuve est courte, mais sans réplique. Quintilien a écrit (VIII, 5, 60) in PRIMA PARTE libri de arte poëtica, deux mots qui par bonheur ont résisté invinciblement à tous les efforts faits pour les enlever.

Mais voici qui est très-curieux. La formule d'Horace dans sa plus grande précision est celle-ci : la poésie, le poëme, le poëte. Or, elle a son pendant dans le même Quintilien de arte, de artifice, de opere (il s'agit de la formule seulement). Voici le passage: « Igitur rhetorice... sic, ut opinor, optime dividetur, ut de arte, de artifice, de opere dicamus. Ars erit, quæ disciplina percipi debet : ea est bene dicendi scientia. Artifex est, qui percepit hanc artem, id est, orator, cujus est summa bene dicere. Opus, quod efficitur ab artifice, id est, bona oratio (II, 14, 5. Cf. XII, 10, 1). » Il tend deux fois à une symétrie pour laquelle la langue lui refuse toujours le troisième terme.

La division ternaire de l'Art poétique saute aux yeux. Jusqu'au vers 73 tout est général, on trouve à peine six noms propres, assez singulièrement assemblés; plus loin les noms de genres, d'auteurs, de pièces, de personnages scéniques, apparaissent à chaque instant, jusqu'à ce qu'Horace indique lui-même une autre partie, v. 306. Il y a une cinquantaine d'années, Sahl, dont je n'ai pu me

procurer l'ouvrage, a indiqué dans l'Art poétique trois parties traitant, la première de la poésie en général, la seconde principalement de la poésie dramatique, la troisième du but et des devoirs du poëte. En a-t-il donné le rapport? c'était là l'inconnue. Avant lui Hurd et Engel avaient signalé la division ternaire; ils prenaient pour points de départ les vers 1, 89, 295.

V. 1. Humano capiti, etc. M. Alexis Pierron, dans son Histoire de la littérature romaine (Paris, 1852), p. 426, blâme ce commencement. Les images du début, dit-il, manquent de précision et de netteté. Il est assez difficile de comprendre comment un peintre en posant une tête d'homme sur un cou de cheval, et en rassemblant des membres divers, qu'il recouvrira de plumes bigarrées, se trouve en même temps avoir fait une figure où un beau buste de femme se termine en un poisson hideux. » C'est se créer des difficultés à plaisir. Horace compose son tableau d'une tête de femme, d'un cou de cheval, d'un corps emplumé, d'une queue de poisson; c'est ainsi qu'on l'entend généralement. Manquât-il de précision et de netteté, il y aurait peut-être de l'art à présenter comme type de l'absurde un tableau défiant l'imagination. Bossuet, dans l'oraison funèbre de la reine d'Angleterre, a quelque part une phrase habilement embrouillée pour produire un effet analogue, une image dont l'insaisissabilité fait le plus grand charme.

On a comparé souvent l'œuvre monstrueuse du peintre aux dieux des Indiens et des Chinois, ou à la Scylla de Virgile. Le rapport est extrêmement superficiel. Il y a une grande différence entre les monuments vénérables du symbolisme antique et les fantaisies d'un cerveau ma

lade, entre l'idée élevée qui, pour se faire jour, force la nature, et le caprice qui, sans motif, en bouleverse toutes les lois. Où a-t-on vu aussi que la peinture de Scylla fit rire les Romains?

On est tout aussi peu fondé à voir dans le vers 15, Purpureus, late qui splendeat, unus et alter Adsuitur pannus, une allusion au laticlave. Horace parle d'un vêtement quelconque sur lequel on attache maladroitement quelques lambeaux. Dans le laticlave la pourpre était à sa place.

23. Denique sit quidvis simplex dumtaxat et unum. Deux idées qu'Horace réunit et qu'il ne faut pas confondre. La simplicité exclut la composition, l'unité n'exclut que le désordre. La simplicité appartient à l'idée intellectuellement considérée; l'unité, à son expression. On pourrait voir dans les 13 premiers vers un coup d'œil général sur l'unité, et dans les suivants l'unité analysée dans ses éléments essentiels, simplicité de l'idée, variété et harmonie de l'expression.

28. Serpit humi tutus nimium timidusque procellæ. « Celui qui craint les orages du ciel, rampe sur la terre. » Métaphore fréquente. Od. IV, 2, 25:

Multa Dircæum levat aura cycnum,
Tendit, Antoni, quoties in altos
Nubium tractus.

Cf. Od. I, 6, 2. Epp. II, 1, 251. Orelli voit ici deux images réunies: celui qui craint de s'élever, et celui qui n'ose quitter le rivage. Il n'y en a qu'une. Le sens de procella est

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