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la personnification d'une nombreuse famille de poëtes? Le dernier critique qui s'est occupé d'Homère donne un peų raison à toutes ces opinions, en déclarant qu'Homère est tout ensemble une personne et un symbole, un individu et un être collectif'.

L'unité de l'Iliade et de l'Odyssée atteste au moins, pour chacun de ces poëmes, l'unité de conception. La différence des mœurs décrites dans ces deux poëmes induit à les rapporter à deux auteurs. Les remaniements nombreux constatés par l'histoire, et l'état même du texte, prouvent que la forme primitive de ces épopées a été modifiée.

Il est constant que les poëmes homériques, apportés en Grèce par Lycurgue, étaient chantés par des rhapsodes qui récitaient isolément des portions détachées de ces vastes compositions, et que ce démembrement forma une série de chants épiques distingués par des noms différents, tels que la Peste, la Dolonéide, l'Ambassade, la Fabrication des armes d'Achille, etc. Comme cette habitude de considérer isolément les parties d'un tout mettait en péril l'ensemble du poëme, Pisistrate fit réunir ces fragments épars et rétablir l'unité primitive, qui depuis n'a pas été altérée. Mais si l'ordre des parties a subsisté, le texte a été remanié par des arrangeurs ou diascévastes qui ont laissé des traces de leur travail.

La division en vingt-quatre chants, pour l'Iliade et l'Odyssée, n'a été établie que par les soins d'Aristarque, critique de l'école d'Alexandrie.

Outre l'Iliade, cet immortel épisode de la guerre de Troie, et l'Odyssée, qui retrace les longues

1. M. Guigniaut, membre de l'Institut, Encyclopédie des gens du monde, art. Homère. Ce morceau remarquable peut être considéré comme le dernier mot de la critique historique et philologique dans la question d'Homère.

épreuves du retour d'Ulysse, on met sous le nom d'Homère plusieurs hymnes historiques et le petit poëme badin de la Batrachomyomachie, épopée héroï-comique dont les héros sont les rats et les grenouilles. Les anciens lui attribuaient le Margitės, poëme satirique qui contenait, suivant Aristote, le germe de la comédie, comme l'Iliade avait enfanté la tragédie.

L'admiration qui s'attache aux œuvres d'Homère n'a guère trouvé de contradicteurs. Le nom du seul détracteur qu'Homère ait rencontré, Zoïle, est couvert d'opprobre. Lamotte n'a pas échappé au ridicule pour avoir été insensible à la beauté de ces poëmes. On peut donc dire avec M. J. Ché·nier :

Trois mille ans ont passé sur la cendre d'Homère,
Et depuis trois mille ans Homère respecté

Est jeune encor de gloire et d'immortalité;

et répéter après J. B. Rousseau :

A la source d'Hippocrène
Homère, ouvrant ses rameaux,
S'élève comme un vieux chêne
Entre de jeunes ormeaux.

A côté d'Homère, il faut citer les poëtes cycliques, qui chantaient en vers le récit complet d'une expédition ou toute la vie d'un héros. Ces vastes compositions, dont les unes sont contemporaines d'Homère et les autres postérieures l'Odyssée et à l'Iliade, ne nous sont pas par

venues.

Genre didactique. HESIODE, que l'on croit originaire de Cumes en Eolie, et qui fut certainement élevé à Ascra, bourg de la Béotie, balança dans l'antiquité la renommée d'Homère. On n'est pas

d'accord sur l'époque de sa vie : les uns le font contemporain d'Homère, d'autres le placent ou avant ou après. On s'arrête plus généralement à cette dernière opinion, qui s'appuie sur le caractère même des ouvrages de ce poëte. Nous avons sous son nom le poëme didactique des Travaux et des Jours, qui renferme des préceptes sur l'agriculture mêlés à des leçons morales. Ce poëme a inspiré les Géorgiques de Virgile'. La Theogonie du même poëte raconte l'origine du monde sous le nom de divinités qui ne sont que des symboles des forces de la nature, et contient par conséquent une véritable cosmogonie. C'est le monument le plus instructif et le plus original de la philosophie religieuse de l'antiquité. Dans ces deux ouvrages, Hésiode est le continuateur direct de l'école sacerdotale qui a précédé. Le Bouclier d'Hercule, si ce fragment lui appartient réellement, le rattacherait encore à l'école épique dont Homère est le chef.

Genre lyrique. La poésie lyrique, qui comprend, avec l'ode, l'élégie guerrière et érotique, se développa pendant le huitième et le septième siècle avant J. C.

ARCHILOQUE de Paros, né dans la seconde moitié du huitième siècle avant J. C., est l'Homère de la poésie lyrique. Son génie le plaçait au premier rang; mais la méchanceté de son caractère et la licence de ses écrits le rendirent odieux et méprisable. Il porta le cynisme de la lâcheté jusqu'à se vanter d'avoir jeté son bouclier pour fuir plus à son aise. La violence de ses attaques satiriques poussa au désespoir Lycambe et sa fille Néobule, qui se pendirent, ne pouvant survivre à la flétrissure de leur

1.

Ascræumque cano romana per oppida carmen.

VIRGILE.

Le poëme de Virgile ne se rattache à celui d'Hésiode que par de rares imitations et l'analogie du sujet.

nom. Les magistrats de Lacédémone punirent sa lâcheté et sa licence en l'expulsant de leur ville et en proscrivant ses poëmes. On dit qu'il fut tué dans une bataille par Callondas de Naxos. Les anciens admiraient surtout son hymne en l'honneur d'Hercule, qu'il chanta lui-même aux jeux Olympiques. Il n'est pas probable qu'il ait inventé le vers iambique, mais il se l'appropria par droit de conquête : Archilochum proprio rabies armavit iambo. Il ne nous reste de ses poésies que de courts fragments, et la perte en est d'autant plus regrettable, que les témoignages de l'antiquité sont unanimes pour le placer au premier rang à côté d'Homère.

Après Archiloque on voit briller successivement: ALCMAN (7° siècle av. J. C.), né à Sparte, père de la poésie érotique. Ses chansons d'amour, écrites en dialecte dorien, faisaient les délices des anciens. On a conservé quelques fragments de ses poésies. Alcman eut pour disciple ARION de Méthymne, célèbre par l'aventure du dauphin.

1

ALCEE de Mitylène (7° siècle av. J. C.) eut de commun avec Archiloque le génie lyrique, l'humeur satirique et l'abandon de son bouclier sur le champ de bataille. Ami du sage Pittacus, il se déclara contre lui lorsque celui-ci eut sacrifié la liberté de Mitylène au désir de régner. Alcée obtint grâce après la défaite de son parti. Il avait composé des odes et des hymnes pleins de sentiments guerriers et de haine contre la tyrannie; il chanta aussi le vin et la volupté, sans doute pour se consoler de ses disgrâces. Horace, qui a souvent traduit Alcée, rend hommage au génie de ce poëte :

1. «< Diogène Laërce et Suidas nous ont conservé des fragments des satires d'Alcée, dans lesquelles il traitait Pittacus de pied plat, de traîne-savate, pied crevassé, bouffi d'orgueil, ventru et gros crevé. » DUROZOIR. Biographie universelle, art. Alcée.

Et te sonantem plenius aureo,

Alcæe, plectro1.

La strophe alcaïque est de son invention. Athénée et Suidas nous ont conservé quelques fragments de ses poésies.

La célèbre SAPPHо de Lesbos, la première des dixièmes Muses, fut contemporaine d'Alcée, dont elle dédaigna les hommages. La vie de cette femme est un roman d'amour terminé par une catastrophe tragique. On sait que, ne pouvant vaincre l'indifférence du jeune Phaon, elle se précipita du promontoire de Leucade dans la mer. Quelques critiques pensent que les désordres qu'on lui attribue doivent être mis sur le compte d'une autre Sappho, courtisane née à Crésos, autre ville de l'ile de Lesbos. Quoi qu'il en soit, Sappho excita par son génie une admiration universelle. Elle enseignait aux jeunes filles de Lesbos la poésie et la musique; elle avait composé neuf livres de poésies lyriques, des élégies et des hymnes. Les deux morceaux lyriques qui nous sont parvenus, l'ode à Vénus et les strophes citées par Longin, traduites par Boileau 2, justifient l'admiration des anciens. Le mètre auquel elle a donné son nom est plein de grâce et d'élégance; les lyriques latins l'ont souvent reproduit.

Cette époque est encore illustrée par les chants de CALLINUS d'Ephèse, inventeur du mètre élégiaque, c'est-à-dire du distique composé d'un hexa

1. L. u, ode 13. sons plus mâles. »

2.

<< Et toi, Alcée, dont l'archet d'or rend des

Heureux qui près de toi pour toi seule soupire, etc.

Delille a amoindri cette belle traduction, qu'il a réduite en décasyllabes pour être insérée dans le Voyage d'Anacharsis.

3. L'invention de ce mètre lui fut disputée, puisque nous voyons

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