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Genre dramatique. Le théâtre, sous Auguste, ne présente guère que les Mimes, petites comédies d'ordre secondaire dans lesquelles LABÉRIUS et Publius SYRUS avaient rivalisé de talent à la fin de l'époque précédente. La comédie proprement dite vivait sur les pièces de Plaute et de Térence : la tragédie était abandonnée, et il est probable que les pièces de ce genre composées à cette époque n'étaient pas destinées à la représentation. Aucune de ces tragédies ne nous est parvenue, et on regrette surtout la perte de la Médée d'OVIDE et du Thyeste de VARIUS.

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La poésie ne pouvait se soutenir longtemps à la hauteur où l'avait portée le siècle d'Auguste aussi ne tarda-t-elle pas à dégénérer sous ses successeurs. Cette seconde époque n'est pas sans éclat. Elle offre encore, notamment dans la poésie héroïque et dans la satire, des noms glorieux.

Genre épique. Un homme de génie, enlevé prématurément à la poésie, Annæus LUCAIN', victime de Néron, dont il avait été l'admirateur, aborda avec succès la poésie héroïque. La Pharsale n'est pas, à proprement parler, une épopée, mais un poëme héroïque et philosophique remarquable par la force du style, l'élévation des pensées et la vigueur des caractères. Le stoïcisme, qui domine, nuit à la vérité des passions; l'absence forcée du merveilleux laisse aux héros des proportions humaines, et la suite des événements, accomplis sur différents théâtres, ne constitue pas une véritable

1. Né l'an 42 de J. C., mort à vingt-neuf ans.

unité. Malgré ces défauts, auxquels il faut ajouter l'enflure d'un style constamment tendu, sonore plutôt qu'harmonieux, la Pharsale est encore une œuvre de haute poésie.

SILIUS ITALICUS (25-100 de J. C.), dont la patrie n'est pas bien connue, passa par toutes les dignités de l'empire, vécut dans l'opulence et mourut dans la retraite possesseur des maisons de campagne de Cicéron et de Virgile, qu'il admirait et qu'il prit pour modèles, il ne lui manquait que leur génie. Dans sa jeunesse, il s'était distingué comme orateur, et, dans sa vieillesse, il essaya de devenir poëte. Le sujet de son poëme, qui se compose de dix-sept chants, est la seconde guerre punique. Silius manque d'inspiration, mais il rencontre des traits heureux, et on remarque ses descriptions de batailles et quelques discours. Il a suivi, en maigre historien, l'ordre des temps, et il a ajusté aux événements un merveilleux sans intérêt ni vraisemblance.

Publius Papinius STATIUS fut, sous Domitien, le poëte favori des Romains. Il dépensait son esprit, et il en avait beaucoup, à composer une foule de pièces de circonstances, qui nous sont parvenues sous le nom de Silves; mais il s'exerca aussi dans la grande poésie. La Thébaïde, en douze chants, célèbre la guerre civile des fils d'OEdipe, et ne manque pas d'intérêt. L'exagération gâte ses inventions, qui ne sont pas sans hardiesse, et l'affectatation, son style. Stace s'était mis sous le patronage de Virgile, qu'il désespérait d'égaler, modestie bien rare aux époques de décadence. On sait que son poëme se termine ainsi :

Nec tu divinam Eneida tenta,

Sed longe sequere, et vestigia semper adora1.

1. «<< N'essaye pas d'atteindre la divine Énéide; contente-toi de la suivre de loin et de baiser religieusement la trace de ses pas. »

Stace mourut trop tôt pour achever son Achilléide, autre essai d'épopée : né à Naples l'an 61 de J. C., il mourut en 96.

VALERIUS FLACCUS fleurit sous Vespasien, et mourut jeune encore (88 de J. C.) à Padoue, où il était né, selon toute vraisemblance, et où il passa sa vie. Ce poëte, dont le style et la versification sont remarquables, a imité les Argonautiques d'Apollonius de Rhodes. Il abonde en descriptions poétiques et en comparaisons ingénieuses; il a de l'énergie et de la couleur, mais l'affectation le conduit souvent à l'obscurité. La multiplicité des épisodes nuit à l'unité, et par conséquent à l'intérêt de son poëme.

Genre satirique. La satire, dans laquelle Horace avait porté la piquante délicatesse de son esprit sensé et railleur, reçut de Perse et de Juvénal un nouveau caractère. Aulus PERSIUS Flaccus, né à Volaterra l'an 34 de J. C., mort à Rome l'an 62, formé par les leçons du philosophe stoïcien Annæus Cornutus, prit sa mission de satirique de son ardent amour de la vertu et du dégoût que lui inspirait la corruption de ses contemporains, à laquelle, du reste, il ne fut jamais mêlé. La timidité de son caractère et la faible se de sa santé l'éloignèrent du commerce des hommes. Né dans l'opulence, élevé dans la vertu, il n'a pas cette amertume que l'envie donne aux misérables, ni, dans la poursuite du vice, cette impudence de langage qui rend le poëte lui-même complice de la corruption qu'il flétrit. La corruption, pour Perse, est quelque chose d'abstrait aussi l'attaque-t-il en général, et non dans les individus. Il moralise en vers et avec indignation, voilà tout. Ses satires sont des sermons de stoïcien qui n'atteignent personne directement, et que d'ailleurs on peut fort bien ne pas comprendre. L'obscurité de Perse est proverbiale; elle désespé

rait saint Jérôme, qui, par un assez mauvais jeu de mots, voulut le rendre clair en le brûlant. La méthode est trop expéditive, car si Perse est obscur, il est digne qu'on se donne la peine de le pénétrer. Son style plein d'images est d'un poëte'.

JUVENAL (Décimus Junius), né 42 ans environ après J. C., passa sa jeunesse dans les écoles des rhéteurs, où il prit le goût de la déclamation. Il n'a rien de commun avec Perse, dont il fut le contemporain. De générale qu'elle était chez l'élève du stoïcien Cornutus, la satire devint personnelle dans Juvénal. L'indignation du poëte s'attaque aux individus, et laisse soupçonner moins de haine contre le vice que de colère ou d'envie contre les corrompus heureux. Juvénal conçoit la vertu et connaît le vice; Perse connaît le vice, connaît et pratique la vertu. Juvénal, malgré la véhémence de ses invectives et le faste de ses protestations vertueuses, ou plutôt par cela même, n'inspire pas une grande confiance :

BOILEAU.

La vérité n'a point cet air impétueux. J'ajouterai que, s'il eût aimé sincèrement la vertu, il n'aurait pas souillé ses vers de tant d'images obscènes. Un satirique ne devrait pas donner prise contre lui, même au soupçon. Quoi qu'il en soit, Juvénal, déclamateur éloquent, est un écrivain distingué, vraiment poëte. Ses seize satires, parmi lesquelles on distingue surtout la sixième, sur les Femmes, la huitième, sur la Noblesse, et la dixième, sur les Vœux, sont le monument le plus durable de la poésie de cette époque; il est vrai de dire avec Boileau: Ses ouvrages, tout pleins d'affreuses vérités, Etincellent pourtant de sublimes beautés.

1. M. Théry a traduit Perse avec une concision énergique et souvent élégante. M. Desportes a également réussi dans ce périlleux travail; mais il commente quelquefois l'original pour arriver à la clarté.

Juvénal mourut dans un âge avancé, à Syène, en Égypte, ou à Pentapolis, en Libye, où Adrien l'avait relégué comme chef d'une cohorte honneur dérisoire et homicide qui expiait une allusion peutêtre involontaire.

:

On nomme encore, parmi les satiriques de cette époque, PÉTRONE, dont le Satyricon, roman licencieux mêlé de vers, contient un long morceau fort remarquable contre les mœurs des Romains, et SULPICIA, dame romaine, qui a composé un poëme de soixante et dix vers qui a été conservé.

Il faut ajouter à ces noms celui de TURNUS, qui vivait sous le règne de Néron. Nous n'avons de ce poëte qu'un seul vers et un hémistiche. Les trente vers contre les poëtes flatteurs de Néron, que Wernsdorf' a mis sous son nom par une méprise étrange, récemment relevée, appartiennent à Balzac, et font partie d'une pièce plus étendue qui figure parmi les poésies latines de notre prosateur.

L'épigramme, dans le sens moderne, est de la satire en petite monnaie. Celles de MARTIAL Sont bien frappées, et les meilleures parmi celles qu'il a laissées circulent encore. Martial n'avait eu dans ce genre d'autre devancier que Catulle, et il a servi de modèle aux épigrammatistes français. Le recueil des Epigrammes de Martial, formant quatorze livres, jette une vive lumière sur les mœurs de Rome sous les derniers Césars. Martial, né à Bilbilis, en Espagne (40 ans ap. J. C.), passa à Rome la plus grande partie de sa vie, vivant de flatterie et de médisance : Domitien le fit chevalier et tribun. Dans sa vieillesse, il retourna en Espagne, où il mourut âgé de plus de soixante ans.

Apologue ou fable.-PHEDRE, qu'on croit affranchi d'Auguste, aurait vécu sous Tibère et composé

1. Volume III du recueil Poetæ latini minores.

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