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imitateur industrieux des poëtes du siècle d'Auguste dans le Panegyrique de Justin le jeune, et FORTUNAT (Venantius Fortunatus), que l'histoire des Mérovingiens nous montre à la cour de Sigebert et de Chilpéric, faisant force vers pour Brunehaut, et même en l'honneur de Frédégonde. Fortunat, né à Trévise, avait pris en Italie le goût des lettres pendant cette renaissance éphémère qui marque le règne de Théodoric. La barbarie prévalut, et Fortunat, auprès des rois francs, oublia quelque peu la prosodie et la grammaire. C'est avec lui que finit la poésie latine 2.

II.

Orateurs latins.

Dans Rome républicaine, l'éloquence fut une puissance avant d'être un art; elle se développa naturellement au sénat, au forum et dans les camps. La nécessité de haranguer pour convaincre et pour émouvoir fit du don de la parole la condition du succès dans l'administration des affaires et le commandement des armées. L'art perfectionna plus tard le talent naturel de la parole, lorsque la Grèce envoya ses rhéteurs aux Romains,

Division de l'histoire de l'éloquence romaine.

L'histoire de l'éloquence romaine se partage naturellement en quatre époques : la première époque, qui commence avec la république, s'étend jusqu'à

1. En 530.

2. On peut voir sur Ausone, saint Paulin, Sidoine et Fortunat, l'ouvrage de M. J. J. Ampère. Les Récits mérovingiens de M. A. Thierry contiennent sur Fortunat des détails piquants et pleins d'intérêt.

la lutte de Marius et de Sylla: la seconde embrasse les deux triumvirats et finit avec la liberté romaine; la troisième comprend les premiers siècles de l'empire; et la quatrième, qui commence avec Constantin, se termine à la chute de l'empire d'Occident.

La première de ces époques nous a légué plus de noms illustres que de monuments; la seconde est tout entière dans Cicéron, les discours de ses rivaux d'éloquence politique ne nous étant pas parvenus; la troisième, qui conserve quelques traces de l'éloquence politique dans les délibérations du sénat dégénéré, est le règne des rhéteurs, des avocats, et l'avénement des premiers orateurs chrétiens; la quatrième nous montre le triomphe de l'éloquence chrétienne à côté des déclamations de l'école.

Première époque. Naissance de l'éloquence latine. (509-78 av. J. C.)

L'éloquence politique de cette première époque se retrouve fortifiée de toutes les ressources de l'art oratoire dans les harangues que Tite-Live prête aux personnages de son histoire. Ce ne sont pas des monuments originaux, mais des restitutions faites selon la vraisemblance des temps et des caractères. Nous n'avons ici à citer que quelques noms, sur la foi de la renommée : Cornélius CETHEGUS, dont Ennius, dans un passage rapporté par Cicéron, constate les succès et la popularité ';

1. Voici ce passage tel qu'il est rapporté dans Brutus:

Additur orator Corneliu' suaviloquenti

Ore Cethegus Marcu', Tuditano collega,

Marci filius.

Is dictus ollis popularibus olim,

Qui tum vivebant homines, atque ævum agitabant,
Flos delibatus populi, Suadæque medulla.

CATON le censeur (232-147 av. J. C.), si célèbre par son animosité contre Carthage, et dont toutes les harangues se terminaient par le terrible delenda est Carthago (Cicéron admirait les discours de Caton); les deux GRACQUES, ces patriciens, tribuns populaires dont la parole était si puissante que le sénat ne put en triompher que par l'épée et le poignard; MARIUS, dont la rude éloquence soulevait les passions de la multitude.

Parmi les orateurs du barreau on distingue Servius Sulpicius GALBA, Licinius CRASSUS, le principal interlocuteur du de Oratore de Cicéron, et MARC ANTOINE, aïeul du triumvir, surnommé l'Orateur'.

Deuxième époque. Age d'or de l'éloquence latine.

(78-43 av. J. C.)

Trois noms illustres remplissent cette époque, qu'on appelle l'âge d'or de l'éloquence romaine : Hortensius, Jules César et Cicéron.

Ortalus HORTENSIUS, né l'an 640 de Rome, d'une famille plébéienne, s'éleva par son éloquence aux plus hautes dignités de la république. Successivement édile, préteur et augure, il ne cessa pas de briller au barreau, et la modération de son caractère lui permit de traverser sans persécution les temps périlleux des guerres civiles, "de la dictature et du triumvirat. Ses succès au barreau furent éclatants, et Cicéron seul put les surpasser. L'amitié qui unit ces deux rivaux de gloire les honore également. Les discours d'Hortensius ne nous sont pas parvenus; nous savons seulement qu'ils ne conservaient pas à la lecture la puissance qu'ils avaient dans la bouche de l'orateur. Une mémoire prodi

1. On peut consulter, sur cette époque de l'éloquence latine, le traité de Frédéric Ellendt, intitulé: Historia eloquentiæ romanæ usque ad Cæsares primis lineis adumbrata, et placé en tête du Recueil des fragments des orateurs romains, par Henri Meyer. 11. Littérature.

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gieuse, une élocution animée et abondante, des gestes expressifs, un organe agréable et sonore, l'art d'enchaîner les preuves et de les résumer avec méthode, tels étaient les éléments de sa force oratoire. Une grande puissance de travail, une activité infatigable, et, au plus haut degré, le don de l'improvisation, multiplièrent ses succès, auxquels il ne manquait, pour être durables, que le talent de l'écrivain. JULES CÉSAR (100-44 av. J. C.) porta dans l'éloquence toutes les qualités de l'homme d'État et du guerrier, la vivacité, la fermeté, la précision. Chez lui, la parole ne se distingue pas de la pensée; la perfection de l'art efface les traces mêmes du travail. Nous jugeons ainsi sur le témoignage de Quintilien, et, par induction, d'après la manière dont il a écrit l'histoire, car ses discours n'ont pas été conservés. Il est probable cependant que Salluste a dû reproduire, sinon les paroles, au moins le sens du discours qu'il prononça dans le sénat sur la peine à infliger aux complices de Catilina, et dans cette circonstance son éloquence, simple et nerveuse, aurait sans aucun doute manqué d'élévation morale et de pathétique.

L'orateur romain pour la postérité, c'est CICERON (106-43 av. J. C.), le premier de tous les orateurs dans l'éloquence judiciaire, et le second dans l'éloquence politique, puisqu'il n'égale pas Démosthène. Sa vie appartient à l'histoire, et nous n'essayerous pas même de la crayonner ici 1. Ses œuvres oratoires se composent, pour la politique: 1° du discours sur la loi Manilia; 2° de trois discours sur la loi agraire contre le tribun Publ. Servilius Rullus; 3° des quatre Catilinaires; 4o des quatre discours ou Philippiques contre Antoine. Les autres discours de Cicéron, au nombre de trente-quatre, appartiennent au genre

1. On peut voir, sur Cicéron, la notice écrite par M. Ville main, tome VIII de la Biographie universelle.

judiciaire, et ont été prononcés par Cicéron comme accusateur ou comme défenseur. Les plus célèbres dans cette catégorie sont : le discours pro Roscio, brillant début où l'éloquence est déjà complète et le goût encore imparfait; les sept Verrines, ou discours contre Verrès, et le pro Milone.

Le caractère de Cicéron a été diversement jugé. La faiblesse ou plutôt l'indécision qu'on lui reproche, malgré tant de marques d'intrépidité, paraît tenir à l'étendue de ses lumières et à sa probité. Aux époques de discorde et de corruption, où la ligne du devoir n'est pas bien tracée, ceux qui veulent la suivre ne se décident pas aussi facilement que les ambitieux et les intrigants, qui vont à l'assaut du pouvoir et de la fortune sans égard aux moyens. Ce qu'on ne saurait contester à Cicéron, c'est le désintéressement et l'ardent amour de la patrie. Son malheur, et aussi sa gloire, c'est d'avoir cherché le bien commun, de s'être attaché exclusivement aux intérêts de la république, lorsque les plus clair voyants ne savaient pas s'il fallait, pour les servir, remonter avec effort vers le passé ou se laisser entraîner à la suite du succès vers un avenir inconnu.

Le génie de Cicéron n'a pas cessé, depuis l'antiquité, d'être un sujet d'étonnement. « Ce grand homme, dit M. Villemain, n'a rien perdu de sa gloire en traversant les siècles: il reste au premier rang, comme orateur et comme écrivain. Peutêtre même, si on le considère dans l'ensemble et dans la variété de ses ouvrages, est-il permis de voir en lui le premier écrivain du monde. » Puisons encore à la même source l'appréciation des harangues de Cicéron : « Elles abondent en pensées fortes, ingénieuses et profondes; mais la connaissance de son art l'oblige à leur donner toujours ce développement utile pour l'intelligence et la conviction de l'auditeur, et le bon goût ne lui permet

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