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pour modèles Platon et Démosthène. Philosophe de la secte stoïcienne, il a laissé soupçonner, par la pureté de sa morale, que les lumières du christianisme l'avaient éclairé.

LUCIEN, né à Samosate vers le milieu du second siècle de l'ère chrétienne, est rangé parmi les rhéteurs, parce qu'on trouve dans le recueil de ses nombreux ouvrages plusieurs morceaux qui se rattachent aux exercices de l'école. Il pratiqua d'ailleurs, pendant quelque temps, l'éloquence comme avocat; mais il doit surtout sa célébrité aux agréments de son esprit railleur, qui l'a souvent fait comparer à Voltaire. Nous n'avons pas à apprécier ici ce prodigieux écrivain, qui ne fatigue jamais, quoiqu'il montre toujours de l'esprit ; nous devons signaler seulement les opuscules qui se rapprochent de la forme oratoire : l'Eloge de Démosthène, morceau sérieux et d'un genre élevé; l'Éloge de la mouche, agréable badinage; le Médecin déshérité par son père, plaidoyer éloquent dans une cause imaginaire; le Premier et le Second Phalaris, l'Éloge de la Patrie, etc.

MAXIME de Tyr, contemporain de Lucien et philosophe platonicien, écrivit des discours et des dissertations plus remarquables par la clarté et le naturel du style que par les idées. LONGIN (210-275 ap. J. C.), ou l'auteur, quel qu'il soit, du Traité du Sublime, s'est élevé à l'éloquence dans un traité didactique.

Pendant que l'éloquence profane, qui avait perdu avec la liberté le principe de sa force, dégénérait en déclamation, une éloquence nouvelle commençait à naître sous l'inspiration de la pensée chrétienne. L'éloquence sacrée présente trois périodes distinctes: la première prédication, la lutte, et le triomphe; de là les Pères apostoliques, les Pères apologistes, et les Pères dogmatiques. Nous arrive

rons à ces derniers lorsque nous traiterons de la quatrième époque, qui commence vers Constantin. Parmi les Pères grecs de la première de ces trois périodes de l'éloquence sacrée, il faut citer saint BARNABÉ (42 ap. J. C.), dont nous possédons une lettre adressée aux juifs hellénistes nouvellement convertis et encore attachés aux cérémonies du culte judaïque; saint CLÉMENT, pape (91 ap. J. C.), qui s'élève à la véritable éloquence dans une épître adressée aux fidèles de l'Église de Corinthe, déjà troublée par des divisions intestines; saint IGNACE, évêque d'Antioche, martyr sous Trajan (107 ap. J. C.), qui nous a laissé sept épîtres d'un style noble et pur et d'une éloquence inspirée; saint DENYS, évêque d'Alexandrie, dont les homélies présentent quelques beaux passages.

Entre les apologistes grecs, voici les noms les plus remarquables :

Saint JUSTIN (103-167 ap. J. C.), né à Neapolis, en Samarie, d'abord païen, fut conduit par l'étude des philosophes, entreprise dans un désir sincère de trouver la vérité, à la foi des chrétiens. A peine converti, il devint apôtre et gagua le martyre. Outre une épître aux gentils, dans laquelle il expose les motifs de sa conversion, qu'il discute ensuite dans un dialogue avec le juif Tryphon, il a publié deux apologétiques, dont le premier est particulièrement estimé, et une lettre à Diognète, précepteur de Marc-Aurèle, dans laquelle l'orateur chrétien repousse les imputations dirigées contre l'Église et démontre la folie du paganisme.

HERMIAS (2° siècle ap. J. C.), philosophe chrétien, tourna contre les philosophes, au profit de la vraie religion, l'arme puissante de la raillerie, que Lucien employa seulement pour détruire.

Saint CLÉMENT d'Alexandrie, mort en 217 après J. C., sortit de l'école des philosophes pour venir se

reposer dans la foi catholique. Jeune encore, il fut le chef de l'école chrétienne d'Alexandrie, dans laquelle il compta Origène parmi ses disciples. La persécution de l'empereur Sévère (202 ap. J. C.) le força de fuir sans le décourager, et il alla porter en Orient, dans l'Asie Mineure, la Syrie, la Palestine, l'autorité de son enseignement et l'exemple de ses vertus. Saint Clément n'est pas moins remarquable par l'étendue de son érudition que par l'élégance de son style. Son Exhortation aux gentils ruine les fondements de l'idolâtrie et établit avec solidité les principes du christianisme. Son Pédagogue est un excellent guide de la vie chrétienne, et ses Stromates, recueil de pensées religieuses et philosophiques, sont un monument de saine morale et de profonde érudition.

ORIGÈNE, né à Alexandrie (185 ap. J. C.), formé par les leçons de saint Clément, succéda à son maître dans l'enseignement évangélique et le surpassa. Origène est un des plus beaux génies du christianisme naissant. La pureté des intentions n'a pas toujours préservé de l'erreur sa puissante intelligence dominée par l'imagination; mais son enthousiasme religieux et l'austérité de ses mœurs lui serviraient d'excuse au besoin. Le Traité contre Celse est un chef-d'œuvre d'éloquence et de dialectique, où les défenseurs de la religion ont puisé, comme dans un arsenal, leurs armes les plus redoutables. Ses Homélies ou Sermons offrent encore d'excellents modèles aux prédicateurs nous en possédons plus de mille.

Quatrième époque.-Les orateurs profanes. Les Pères grecs. (306 ap. J. C.)

Le règne de Constantin ouvre une époque dans laquelle l'éloquence prend un nouvel essor. La chaire peut dès lors opposer ses prédicateurs aux orateurs de la tribune antique, et le mouvement qu'elle imprime donne à ses adversaires mêmes une force qui manquait aux rhéteurs de l'époque précédente.

Parmi les orateurs profanes, on distingue THÉMISTE, né en Paphlagonie au quatrième siècle après J. C., qui jouit d'une grande faveur auprès des empereurs Constance, Julien, Jovien, Valens et Théodose, et qui, pendant la réaction suscitée par l'empereur Julien, se porta comme médiateur entre le paganisme, qui essayait de ne pas mourir, et le christianisme, qui s'emparait de toutes les âmes. Thémiste est un philosophe auquel l'indifférence en matière de religion rend la tolérance facile; mais il n'en faut pas moins le louer d'avoir employé son influence à prévenir de funestes collisions, des rigueurs homicides, et d'avoir su mériter l'estime et l'amitié des chrétiens, dont il ne partageait pas les croyances. Son discours consulaire prononcé après la mort de Jovien et le discours sur les religions adressé à Valens, pleins des maximes de la tolérance philosophique, rappellent, par la beauté du langage et l'élévation des idées, les bons orateurs de l'antiquité. Nous avons de Thémiste trente-trois discours qui sont, pour la plupart, ou des harangues officielles, ou des déclamations, soit littéraires, soit philosophiques; de sorte que, malgré la beauté de son génie, c'est encore le rhéteur qui domine en lui le philosophe et l'orateur.

Son disciple LIBANIUS, né en 314 à Antioche sur l'Oronte, formé à l'école des philosophes, fut un païen zélé. Il s'associa aux efforts et aux passions de l'empereur Julien dans sa tentative rétrograde pour régénérer le culte défaillant des dieux de l'Olympe. Toutefois son ardeur pour le paganisme ne fit pas de lui un persécuteur; comme son maître Thémiste, il compta des amis et des admirateurs parmi les plus illustres défenseurs de la foi chrétienne. Il enseigna l'éloquence à Constantinople; mais l'envie, éveillée par l'éclat de ses succès, le força de se retirer à Nicée et à Nicomédie : rappelé à Constantinople, il en fut éloigné de nouveau par les rivalités que son absence avait un instant désarmées. A l'âge de quarante ans, il se retira à Antioche, sa patrie, où il mourut.

L'éloquence des adversaires du christianisme pâlit à côté de celle des Pères de l'Église. L'ardeur de la foi, la vérité des doctrines, donnent aux discours de ces orateurs une puissance irrésistible et une inépuisable fécondité. Leur parole coule de source, alimentée par l'énergie des croyances, et poussée d'un mouvement impétueux par une conviction qui, en se répandant au dehors, veut pénétrer les âmes pour les sauver. Ici, l'éloquence n'est plus un exercice, mais un ministère; elle ne disserte pas, elle agit comme elle est vraie, elle éclaire; comme elle est sincère, elle entraîne.

Les plus remarquables parmi les Pères dogmatiques sont saint Athanase, saint Grégoire de Nysse, saint Grégoire de Nazianze, et, au-dessus de tous, saint Basile et saint Jean Chrysostome.

L'éloquence chrétienne au quatrième siècle a trouvé dans M. Villemain un digne historien. Les pages consacrées au tableau de cette époque et à l'appréciation des orateurs qui l'ont illustrée ont rappelé l'attention sur les monuments primitifs de

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