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DIODORE de Sicile, contemporain d'Auguste, avait résumé dans sa Bibliothèque universelle, composée de quarante-quatre livres, les travaux des historiens antérieurs sur l'Égypte, la Perse, la Grèce, Rome et Carthage. Il ne nous reste guère que le tiers de son ouvrage, qui est encore pour l'érudition une mine inépuisable.

L'auteur de l'Histoire des Juifs, FLAVIUS JOSEPHE, né à Jérusalem l'an 37 de l'ère chrétienne, fut gouverneur de la Galilée. Engagé malgré lui dans une guerre contre les Romains, il la prépara avec vigueur et la poussa avec intrépidité. Fait prisonnier après le sac d'une ville qu'il avait longtemps défendue, il fut honorablement traité par Vespasien et il accompagna Titus au siége de Jérusalem. Ses exhortations ne purent vaincre la fatale opiniâtreté des Juifs. Jérusalem fut prise et saccagée. C'est l'histoire de cette terrible catastrophe que Josèphe a écrite avec talent, et qui forme dans son livre un tableau vraiment dramatique.

PLUTARQUE, né à Chéronée, en Béotie, vers l'an 50 de J. C., a élevé la biographie à la dignité de l'histoire. Ses Vies des hommes illustres, où il fait

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1. Voici en quels termes J. J. Rousseau, admirateur passionné de Plutarque, apprécie sa manière d'écrire l'histoire : « Plutarque excelle par les mêmes détails dans lesquels nous n'osons plus entrer. Il a une grâce inimitable à peindre les grands hommes dans les petites choses; et il est si heureux dans le choix de ses traits, que souvent un mot, un sourire, un geste, lui suffit pour caractériser son héros. Avec un mot plaisant, Annibal rassure son armée effrayée et la fait marcher en riant à la bataille qui lui livra l'Italie Agésilas, à cheval sur un bâton, me fait aimer le vainqueur du grand roi : César traversant un pauvre village et causant avec ses amis décèle, sans y penser, le fourbe qui disait ne vouloir qu'être l'égal de Pompée: Alexandre avale une médecine et ne dit pas un seul mot; c'est le plus beau moment de sa vie : Aristide écrit son propre nom sur une coquille, et justifie ainsi son surnom : Philopomen, le manteau bas, coupe du bois dans la cuisine de son hôte. Voilà le véritable art de peindre. La physionomie ne se montre pas dans les grands traits, ni le caractère dans les grandes actions : c'est dans les bagatelles que le naturel

connaître les héros de la Grèce et de Rome rapprochés par l'analogie des caractères et comparés dans des Parallèles peut-être trop artificiels; ces Vies, grâce aux détails qu'elles renferment et à cet art simple et ingénieux qui peint les personnages, représentent au vif les mœurs, les usages et les caractères des temps antiques. Il y a peu de lectures aussi attachantes, aussi instructives, aussi propres à élever les âmes. C'est surtout à propos de Plutarque qu'on peut dire avec La Bruyère : « Quand une lecture vous élève l'esprit et qu'elle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne cherchez pas une autre règle pour juger de l'ouvrage : il est bon et fait de main d'ouvrier. » Le même éloge revient aussi légitimement à ses nombreux Traités de morale, qui renferment tous les trésors de la sagesse antique.

ARRIEN, né à Nicomédie, en Bithynie (105 ap. J. C.), rappelle par son caractère et ses travaux les grands historiens de l'époque antérieure, et on ne saurait douter qu'il n'ait pris Xénophon pour modèle. Élève du philosophe Épictète, comme Xénophon le fut de Socrate, il se mêla, à l'exemple de son devancier, à la politique et à la guerre; et dans ses ouvrages, où il aborde la philosophie, l'histoire et la tactique militaire, il a traité du même style des sujets analogues. En récompense de sa bravoure et de ses talents militaires, Adrien le fit citoyen romain et gouverneur de la Cappadoce, qu'il défendit contre les Alains l'an 134 de J. C. Après les exploits de cette guerre, il obtint le titre de sénateur et fut élevé à la dignité consulaire. Plusieurs

se découvre. Les choses publiques sont ou trop communes ou trop apprêtées, et c'est presque uniquement à celles-ci que la dignité moderne permet à nos auteurs de s'arrêter. » La lecture des Vies de Plutarque était un des plus vifs plaisirs de Henri IV, qui a exprimé dans une lettre remarquable son admiration pour cet historien.

des ouvrages historiques et philosophiques d'Arrien ont été perdus: parmi ceux qui nous restent, les plus importants sont, en philosophie, le Manuel d'Epictete; en histoire, les sept livres des Expéditions d'Alexandre, le meilleur sans comparaison de tous les ouvrages composés sur le vainqueur, de l'Asie. On voit qu'ils sont dus à un homme d'État et de guerre, habile écrivain.

APPIEN d'Alexandrie, contemporain d'Arrien, qu'il n'égale pas comme écrivain, a cependant maintenu la dignité de l'histoire. Jeune, il vint à Rome, où il se distingua d'abord comme avocat; nommé surintendant du palais impérial, il s'éleva, dit-on, à la dignité de gouverneur de la province d'Égypte. Polybe fut le modèle qu'il se proposa comme historien. Son Histoire romaine, divisée en vingt-quatre livres, comprenait l'histoire des rois, de la république, et les cent premières années de l'empire. Dix seulement de ces vingt-quatre livres nous sont parvenus; les plus précieux sont les cinq où sont racontées les guerres civiles de la république. Appien excelle dans le récit des opérations militaires et réussit assez dans les discours. Son style, sans ornement, est clair et généralement pur. On lui reproche d'avoir distribué les faits, non dans l'ordre synchronique comme la plupart des historiens, mais d'avoir établi ses divisions d'après le théâtre des événements: de sorte qu'il consacre tel livre au récit de toutes les expéditions faites dans un même pays, et qu'il réserve pour d'autres livres les faits accomplis aux mêmes époques, mais dans des lieux différents : chaque livre forme ainsi une histoire particulière. Cette innovation, dont Appien se félicite parce qu'elle a, dit-il, l'avantage de ne pas dépayser le lecteur, morcelle l'histoire générale et introduit dans le temps l'inconvénient qu'il veut éviter dans l'espace; car, si l'atten

tion se fatigue à passer brusquement d'un lieu dans un autre, elle n'est pas moins désagréablement éprouvée en voyageant par secousses à travers la durée.

CASSIUS, né en Bithynie (155 ap. J. C.), fils du sénateur romain Cassius Apronianus, descendant par sa mère de Dion Chrysostome, ajouta à son nom celui de DION. Il occupa sous les empereurs, depuis Commode jusqu'à Alexandre Sévère, d'importants emplois publics. Sénateur sous Commode, il obtint plus tard le gouvernement de Smyrne; consul, proconsul en Afrique et en Pannonie, il fut enfin collègue d'Alexandre Sévère dans le consulat. Il fut donc mêlé activement aux affaires publiques: excellent apprentissage pour écrire l'histoire, qui demande une connaissance approfondie et pratique des hommes et des choses. Dion Cassius composa, en quatre-vingts livres, une Histoire romaine qui, remontant au berceau de Rome, conduisait les événements jusqu'à l'an 229 de J. C. Une partie très-considérable de cet ouvrage nous est parvenue et forme un des monuments les plus précieux de l'histoire romaine. Il y a certaines époques où le témoignage de Dion est le seul flambeau de l'historien. Dion Cassius, quoique bien inférieur à Polybe, qu'il s'est aussi proposé pour modèle, est encore au nombre des bons historiens. Son style est inégal; on trouve qu'il manque quelquefois de critique, et plus souvent d'impartialité il est sévère jusqu'à l'injustice contre Cicéron.

HERODIEN, qui vécut dans le cours du troisième siècle après J. C., est encore un disciple fidèle des grands historiens de l'antiquité. Dans la retraite paisible qui succéda pour lui à des emplois honorablement remplis, il écrivit l'histoire des empereurs romains depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien le jeune, c'est-à-dire pen

dant une période de cinquante-neuf ans. L'Histoire d'Hérodien porte l'empreinte de la probité et de la véracité; sa narration est claire et élégante; les harangues qu'il mêle au récit, toujours judicieuses et vraisemblables, sont souvent éloquentes. Toutefois, il est bien éloigné d'avoir le nerf et l'énergie pittoresque de Thucydide, qu'il avait pris pour modèle.

Deux biographes méritent encore d'être cités à la suite de ces historiens. Le premier est DIOGÈNE LAERCE OU DE LAERTE, auteur des Vies des anciens Philosophes, ouvrage qui ne manque pas d'intérêt, précieux surtout par les nombreux passages tirés d'ouvrages importants de philosophie qui ne nous sont pas parvenus. Le second est PHILOSTRATE, auteur de la Vie d'Apollonius de Tyane, ce philosophe thaumaturge dont les miracles n'ont pas eu plus d'effet qu'ils n'ont d'authenticité. La légende que Philostrate nous en a donnée n'en est pas moins un curieux monument de l'ambition et de la faiblesse de l'esprit humain. Ces deux écrivains paraissent avoir vécu vers la fin du second siècle ou au commencement du troisième siècle de l'ère chrétienne.

Après Constantin, l'histoire trouve encore des interprètes dignes d'être cités.

EUSEBE, évêque de Césarée en Palestine, a composé un grand nombre d'ouvrages historiques. Les plus remarquables sont l'Histoire ecclésiastique, en dix livres, depuis la naissance de J. C. jusqu'à la défaite de Licinius par Constantin, et une Chronique, en deux livres, qui contient beaucoup de faits curieux. Eusèbe est un médiocre écrivain, partisan déclaré de l'arianisme.

ZOSIME, qui appartient au cinquième siècle de notre ère, n'est pas un historien sans valeur ni sans intérêt. Hostile au christianisme, il n'en est pas

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