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mes les plus épineux de la métaphysique une sagacité, une imagination et, malgré de graves défauts, un talent de style qu'on s'étonne de rencontrer à une époque de décadence. Les Ennéades de PLOTIN (205-270 ap. J. C.) sont encore pour les philosophes un sérieux sujet de méditation. Restituons-lui, en passant, la célèbre définition du beau, qu'il appelle la splendeur du vrai définition digne de Platon, sans doute, mais qu'il ne fallait pas lui attribuer, puisqu'elle appartient à Plotin. PORPHYRE (233-304 ap. J. C.), autre philosophe néoplatonicien, mérite aussi de ne pas être oublié c'est lui qui a recueilli et rédigé les Ennéades de Plotin, dont il avait suivi les leçons.

Citons encore, pour terminer, deux écrivains qui doivent en partie l'honneur de ne pas être oubliés à l'avantage d'avoir été traduits par Amyot. HÉLIODORE, évêque de Tricca en Thessalie, florissait au quatrième siècle et composa, sous le titre d'Ethiopiques, le récit des aventures de Théagène et Chariclée on sait que cet ouvrage fut la lecture favorite et furtive de Racine à Port-Royal. LONGUS est postérieur à Héliodore. On ne sait pas où il est né, et l'époque où il a vécu n'est pas déterminée avec exactitude. Sa pastorale de Daphnis et Chloë préserve son nom de l'oubli; elle a été popularisée en France par la traduction d'Amyot, qui est un chef-d'œuvre. Le nom de roman attribué aux écrits d'Héliodore et de Longus est un anachronisme, puisqu'il fait remonter ce mot, qui a commencé d'avoir cours au moyen âge, jusqu'à des ouvrages composés avant la naissance de la langue romane, d'où il tire son origine.

*LITTÉRATURE LATINE.

I.

Poëtes latins.

Si la poésie latine offre dans ses monuments une grande ressemblance avec la poésie grecque, la même analogie n'existe pas dans l'ordre des développements. Cette différence et ce rapport tiennent à une même cause: l'imitation de modèles qui, présentés en même temps, agirent simultanément sur l'imagination.

Les cinq premiers siècles de Rome, remplis par cette suite de guerres qui achevèrent laborieusement la conquête de l'Italie, laissèrent Rome sans littérature. La grossièreté des mœurs, les travaux de la guerre et de l'agriculture, ne donnaient point lieu à ce délassement des peuples civilisés qu'on appelle la poésie. Aussi, pour trouver quelque chose qui en donne l'idée, faut-il se rattacher à ces chants barbares que poussaient les habitants de la campagne parmi les orgies de la moisson ou des vendanges, et à ces prières que les prêtres de Mars entonnaient en promenant les boucliers sacrés. On trouve encore un germe de poésie dans les Atellanes, espèces de farces licencieuses qui se jouaient dans les campagnes et que Rome emprunta aux Osques. Cette première période n'a pas, à proprement parler, d'histoire littéraire 1.

1. On consultera avec fruit, sur ces temps reculés, le curieux et savant recueil: Latini sermonis vetustioris reliquiæ selectæ, publié par M. Egger.

Époques de l'histoire de la poésie latine.

La littérature romaine ne commence réellement qu'à la fin de la première guerre punique, par l'introduction de la poésie grecque c'est alors seulement qu'il est permis de l'étudier et de la diviser. Elle se divise naturellement en quatre époques : la première (240-31 av. J. C.) s'étend depuis le temps des Scipions jusqu'au siècle d'Auguste, et comprend environ deux cents ans; le siècle d'Auguste forme une époque distincte, qui est la seconde (31 av. J. C.

14 ap. J. C.); la troisième (14-98 ap. J. C.) est comprise entre la mort d'Auguste et le siècle des Antonins; la quatrième (98-476) ap. J. C.), ouverte par les Antonins, s'étend jusqu'au sixième siècle de l'ère chrétienne et clôt l'histoire de la littérature romaine proprement dite. Nous n'avons pas à nous occuper des développements ultérieurs des lettres, qui se confondent dans l'histoire des différents peuples de l'Europe avant et après l'avénement des littératures modernes.

La première époque est déjà riche en monuments, mais elle manque d'originalité. La littérature s'introduit dans Rome au lieu d'y naître; les essais antérieurs sont rejetés dans l'ombre par cette importation étrangère. A une enfance chétive et barbare succède brusquement une jeunesse robuste et presque polie, qui sera suivie d'une maturité vigoureuse et brillante des tentatives d'épopée, des succès dans la tragédie et dans la comédie, la satire et le poëme didactique, signalèrent cette époque, pendant laquelle le génie de Rome commence à s'humaniser et à s'assouplir sous la discipline des Grecs. Nous voyons alors Ennius, Pacuvius, Lucilius, poëtes rudes encore, mais non barbares, donner la main à Plaute et à Térence, ces maîtres de la comédie latine, auxquels succèdent, pour d'au

tres œuvres, Lucrèce et Catulle, qui annoncent les Virgile et les Horace.

La seconde époque, ou le siècle d'Auguste, cet âge d'or de la poésie latine, présente la fusion harmonieuse du génie grec et du génie romain. C'est le point de perfection de cette alliance qui aboutit à une poésie exquise, originale dans l'imitation. Horace et Virgile, dans l'ode, l'épopée, le genre didactique, la pastorale et la satire, opposèrent des chefs-d'œuvre rivaux aux chefs-d'oeuvre de la Grèce; Ovide, Properce et Tibulle, dans la poésie érotique, s'élevèrent à la hauteur de leurs modèles, qu'ils ont souvent surpassés.

Dans la période suivante, qui forme une troisième époque, on s'éloigne de la perfection; mais la décadence n'est pas une chute absolue. L'influence des modèles grecs se fait moins sentir, et la poésie, dans son infériorité relative, est plus romaine qu'à l'époque qui a précédé. Parmi les poëtes épiques, Lucain ne relève que de lui-même et de son siècle; Stace et Silius imitent Virgile sans remonter à Homère. Les poëtes satiriques Perse et Juvénal s'inspirent des mœurs de leur époque et des souvenirs d'Horace. Sénèque le tragique n'emprunte aux Grecs que leurs sujets. L'épigrammatiste Martial est exclusivement romain.

La quatrième époque offre le tableau d'une déplorable décadence. Sous les empereurs qui suivirent Auguste et qui précédèrent Marc-Aurèle, l'altération du goût était tempérée par la puissance du talent qui brille dans les vers faciles de Stace et dans les énergiques peintures de Perse et de Juvénal; mais dans les trois siècles qui s'écoulent depuis les Antonins jusqu'à la chute de l'empire d'Occident, le talent manque aussi bien que le goût, et nous trouverons à peine quelques noms à citer pendant ce long espace de temps.

Ainsi le génie romain, abandonné à ses propres forces pendant cinq siècles, demeure complétement stérile; fécondé au contact de la Grèce, il imite longtemps avec puissance, mais sans originalité; lorsque ce long noviciat d'une imitation docile l'a mis en possession de ses propres forces et des ressources étrangères qui l'ont éveillé, il prend son essor et devient créateur en présence des modèles qui l'inspirent bientôt, n'obéissant plus qu'à luimême, il conserve en partie sa force empruntée, mais il ne tarde pas à dégénérer et à s'éteindre.

Première époque.

Époque d'imitation.

(240-31 av. J. C.)

La période de cinq cents années qui précède l'importation de la littérature grecque à Rome n'a laissé que des souvenirs obscurs et de rares monuments. Nous ne savons pas pourquoi on appelait fescennins les chants barbares des moissonneurs, et à peine connaît-on la mesure de l'horrible vers saturnin' qu'on y employait. Les chants des saliens, ou Axamenta, nom qu'on fait dériver d'axare, et qui signifierait invocations, étaient. composés dans une langue qu'on ne comprenait plus au temps d'Horace 2. Les Atellanes, farces grossières que Osques avaient transmises aux Romains, n'ont pas laissé de traces, et on ignore également ce qu'étaient les ébauches dramatiques jouées par les histrions d'Étrurie. Toutefois, nous possédons de cette époque quelques inscriptions, des textes de lois, et la chanson des frères Arvales, objet de discussion entre les savants. M. Niebuhr a cru reconnaître

1.

Horridus ille

Defluxit numerus saturnius.

HORACE.

les

2. M. Egger a cité, dans son recueil, des fragments du chant des Arvales et de celui des 'saliens.

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