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sauvages de l'Amérique, n'est non plus que le culte des esprits (1). Les Cemis des Insulaires étoient regardés comme les auteurs de tous les maux qui affligent la race humaine (2). Le culte qu'on leur rendoit n'avoit d'autre objet que de les apaiser (3). Plusieurs peuples du Nouveau

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(1) La plupart des Américains sont fort prévenus que » ces objets qu'ils consacrent, deviennent autant de gé»nies ou de monitous. Le nombre en est si peu déterminé, » que les Iroquois les appellent en leur langue d'un nom qui signifie esprits de toutes sortes.... La prière ordinaire » des sauvages aux manitous, est pour en obtenir qu'ils >> ne leur fassent point de mal. » Du culte des dieux féti› p. 51–55.

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« Un sauvage qui avoit un bœuf pour manitou, conve»> noit un jour que ce n'étoit pas ce bœuf même qu'il ado» roit, mais un manitou de bœuf qui étoit sous terre, » et qui animoit tous les hœufs. Il convenoit aussi que >> ceux qui avoient un ours pour manitou, adoroient un pareil manitou d'ours. » Ibid, p. 58. Voyez aussi Lafi» teau, Les mœurs des sauvages améric., tom. I, p. 353. -Tableau civil et moral des Araucans, extrait du Viagero universal: Annales des voyages, de la géographie et de l'hist., tom. XVI, p. 90 et suiv. Charlevoix, Hist. de la Nouvelle-France, tom. III, p. 343. Creuxii, Hist. Canad., p. 82 et seq.

(2) Oviedo, Hist. des Indes, liv. III, chap. I, pag. 3. P. Martyr. Decad., pag. 102 et suiv. Robertson, Histor. of America, vol. II, Book. IV, pag. 166.

(3) Du Tertre, Hist. génér. des Antilles, tom. II,

Monde adoroient aussi les puissances célestes, le soleil, la lune, les étoiles (1), et des dieux d'origine humaine, principalement au Mexique et au Pérou (2). Les habitans des terres australes reconnoissent également des esprits de différente nature et de différens ordres, qui ont été créés par un Dieu supérieur. Ils se choisissent des patrons, des divinités tutélaires parmi les esprits célestes. Les mauvais génies sont appelés Élus malebus aux îles Carolines. Un de ces génies, nommé Merogrog, fut autrefois chassé du ciel (3).

Tel est en raccourci le tableau fidèle des religions païennes qui ont régné, ou qui règnent encore dans le monde. Il eût été facile de l'étendre; mais nous croyons avoir suffisamment

pag. 365.—State of Virginia by a native, Book. III, p. 32,.. 33.- Bancroft, Nat. hist. of Guiana, pag. 309.

(1) Leclerc, Hist. de Gaspésie, chap. IX et X. — «On >> a lieu d'assurer que le culte du soleil, de la lune et des » astres, étoit le plus général en Amérique. » Lettres amé-` ricaines, par M. le comte J.-R. Carli, tom. I, pag. 115. (2) Vid. M. de Humbolt, Vue des Cordillières, et monumens des peuples indigènes de l'Amérique, tome Ier, p. 109 et suiv. Jean de Laët, Nov. orbis. - Garcilaso de la Vega, Hist. du Pérou et des Incas. Parallèle des religions, tom. I.

Peuples du monde.

- Histoire générale des cérémonies des

(3) Parallèle des relig., tom. I", part. I, p. 694.

prouvé, que l'idolâtrie ne fut jamais que le culte des esprits bons et mauvais (1), et le culte des hommes distingués par des qualités éclatantes, ou vénérés pour leurs bienfaits; c'est-à-dire, au fond, le culte des anges (2) et celui des saints (3).

(1) Les anciens Zabéens adoroient Sammaël, qu'ils regardoient comme le prince des démons. Hottinger, Hist. orient., lib. I, cap. VIII. Et Stanley's, History of philosoph., p. 1065. Les esprits malfaisans étoient appelés Thitzimiones par les Mexicains.

(2) Il est très-vraisemblable que les dieux des Grecs ont été forgés sur l'idée des anges bons et mauvais ; et de là sont venus aussi les Egregores des Hébreux, les Annedots des Chaldéens, les Ginnes, les Génies, les Eons, les Archontes, les Titans, les Géans, en un mot les dieux et les demi-dieux du paganism.e. Le témoignage de Philon (dans son livre des géans) est formel sur cet article. « Moïse, dit cet auteur, a coutume d'appeler anges ceux » que les autres philosophes nomment démons. Ce sont » des âmes qui volent dans l'air, et personne, ajoute-t-il, » ne doit croire que ce soit une fable; l'air est plein d'a» nimaux, mais ils nous sont invisibles, puisque l'air » même n'est pas visible. » Hist. de l'acad. des Inscriptions et Belles-lettres, tom. II, p. 5. Quoique le mot Sauer, démon, fut communément employé par les Grecs pour désigner les ministres du souverain être, on trouve cependant le mot anges dans Platon, qui appelle Némésis l'ange du jugement ou de la justice de Dieu. Ilaoi γὰρ ἐπίσκοπος τοῖς περὶ τὰ τοιαῦτα ἐτάχθη δίκης Νέμεσις ἄγγελος. De legib., liv. X.

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(3) «< Toute la religion des anciens consistoit dans le

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Afin de rendre cette vérité encore plus évidente, il convient de montrer qu'en adorant soit des esprits intermédiaires, soit des hommes, on ne les confondoit point avec le Dieu suprême, le vrai Dieu. La preuve la plus invincible qu'on en puisse donner, c'est que la notion de ce Dieu unique, éternel, infini, s'est toujours conservée chez tous les peuples, malgré l'outrageant oubli où le laissoit leur culte: mais comme nous n'avons pas encore établi ce fait important, et qu'il ne nous est point d'ailleurs indispensable, nous ne nous en prévaudrons pas en ce moment.

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Pour éviter l'erreur où pourroit conduire une

>> culte des démons, qu'on supposoit être, comme les >> Mânes et les Lares des Romains, les âmes des hommes » décédés. » Bryant's, Analysis of antient Mytholog., vol. II, p. 280. « Il y a certainement une analogie marquée entre les dieux des païens et nos anges, entre les » héros déifiés et nos saints. On ne peut nier l'existence >> des génies célestes, que Dieu emploie dans le gouver>>nement du monde : il est également certain que les an»ges ne sont pas d'une nature si différente des hommes, » que ceux-ci ne puissent leur être associés après la mort, » lorsqu'ils l'ont mérité par leur vertu. Telle a toujours » été la croyance du genre humain; et c'est cette croyance, » défigurée et corrompue, qui produisit l'idolâtie, et spé»cialement celle des Grecs. » Recherches sur l'orig. et la nature de l'Hellenisme, par M. l'abbé Foucher. Mém. de l'acad. des Inscrip., tom. LXII, p. 69.

fausse interprétation des mots, observons d'abord que le nom de Dieux avoit chez les anciens une signification fort étendue. On le donnoit à tous les êtres qui sembloient avoir reçu une participation plus abondante de la nature ou des perfections divines. On le trouve employé plusieurs fois en ce sens dans l'Ecriture. Les esprits célestes sont appelés des dieux saints dans Daniel (1). L'ombre de Samuel, au livre des rois (2); dans l'exode et dans les psaumes (3), des hommes, même vivans, sont aussi nommés dieux. On ne peut donc rien conclure de cette expression contre les païens, ni les blâmer toujours de l'usage qu'ils en ont fait (4), puisqu'il est incontestable qu'au moins plusieurs nations n'adoroient pas seulement les mauvais esprits, mais encore les bons.

Il est difficile de penser que l'on s'entende soi même, quand on prétend que les païens atta

(1) Daniel, cap. IV, 5, 6 et 15; et cap. V, 11. « On » les trouvera quelquefois nommés dieux dans nos Écri»tures, parce qu'ils ont en eux quelque chose de divin, » dit Origène en parlant des anges. Contr. Cels., lib. V, n. 4. (2) I. Reg. XXVIII, 13.

(3) Exod. V, 1, XXI, 6. XXII, 8 et 28. Ps. XLVI, 10. Ps. LXXXI, 1 et 6.

(4) Vid. S. August., De civitate Dei, lib. X, cap. XXIII,

n. 1 et 2.

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