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religions, et ne laisser aux esprits conséquens d'autre refuge que l'athéisme.

Voilà où les philosophes de toutes les écoles ont été conduits, en rêvant un chimérique état de nature, qu'ils se sont efforcés de trouver partout où ils ont cherché l'origine et la raison de tout, même de la religion, même de la pensée; état qui, s'il pouvoit exister, ne seroit que l'isolement absolu ou la destruction de l'homme moral et intelligent. Et ils n'ont pas vu ou voulu voir ce que les plus sages des anciens avoient reconnu, que l'homme est fait pour la société, hors de laquelle il ne peut vivre ; que c'est là sa vraie nature (1), et que dès-lors on ne doit

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(1) Aristote le reconnoît formellement : « Nous regar>> dons comme l'état de nature pour toutes choses, celui » où elles parviennent, par un développement naturel et complet; d'où il suit clairement que les sociétés politiques sont dans la nature. » (De Republ., lib. I, cap. 2.) « L'homme, dit Cicéron, sent qu'il est né pour » la société. Cùmque se ad civilem societatem natum sense>> rit, etc. » (De legib., lib. I, cap. VII.) Mais comment la société civile s'est-elle établie ? comment se conserve-t-elle ? Elle s'est établie, parce que l'homme, être intelligent, a d'abord été en société avec Dieu : elle se conserve par les lois de la souveraine raison, de la raison universelle (communis), qui unit les hommes entre eux et avec Dieu même. Prima homini cum Deo rationis societas.

jamais le considérer seul, pour découvrir les lois de son être, le fondement de sa raison, la règle de ses croyances et de ses devoirs. Qu'ainsi sans doute il existe une religion naturelle, ou conforme à la nature de l'homme et de tous les hommes, appropriée à leurs besoins, à leurs facultés; religion dont les bases essentielles se retrouvent par conséquent chez tous les peuples ou dans la société du genre humain, et qui se perpétue par la tradition, comme toutes les connoissances nécessaires,

Inter quos autem ratio, inter eosdem etiam recta ratio communis est. Quæ cùm sit lex, lege quoque consociati homines cum diis putandi sumus... Universus hic mundus una civitas communis deorum atque hominum. Ibid. C'est la doctrine de l'antiquité. Cinq siècles avant Cicéron, Ocellus Lucanus enseignoit aussi que l'homme est membre de deux sociétés, l'une politique, l'autre divine; tñç roditizñs xai tñs Jɛias. (Cap. IV, n. 3.) Outre la faculté de raisonner, >> l'homme possède, dit Épicharme, une raison divine... >> Il n'a inventé aucun art, ils lui viennent tous de Dieu, >> et la raison humaine est née de la raison divine. »

ἔστιν ἀνθρώπων λογισμὸς, ἔστι καὶ θεῖος λόγος. Οὐ γὰρ ἄνθρωπος τέχναν τιν' εὗρεν, ὁ δὲ Θεός ταύτην φέρει Ο δέ γε τοῦ ἀνθρώπου λόγος πέφυκεν ἀπὸ γε θείου λόγου.

Epicharm. ap. Euseb. Præpar. Evang., lib. XIII, C. XIII, p. 582.

Pythagore enseignoit la même doctrine qu'il tenoit des

On ne sauroit trop faire remarquer cet ordre universel de transmission, en sorte que tout se conserve par un enseignement extérieur, et que tout commence par une véritable révélation, même la pensée ; car elle ne se développe en chacun de nous qu'à l'aide de la parole, qui nous révèle ou nous manifeste la raison d'autrui. Et puisque cette loi est notre nature même, toute religion qui y seroit opposée seroit une religion contraire à la nature, et la religion naturelle est nécessairement révélée. Comment connoissons-nous les noms même de religion, de Dieu, d'éternel, d'infini, de justice, de devoirs, etc., sinon parce que nous les avons appris, parce qu'ils font partie du langage qui nous a été enseigné? Les aurions-nous inventés nous-mêmes?

Égyptiens et des Phéniciens. « Nés de Dieu, nous avons, >>> pour ainsi dire, en lui nos racines: c'est pourquoi >> nous périssons en nous séparant de lui, comme le » ruisseau séparé de sa source tarit, comme la plante séparée de la terre, sèche et tombe en pourriture.

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Ριζωτέντες ἐκ Θεῖν καὶ φυέντες τῆς ἁυτῶν ῥίζης ἐχώμεθα· καὶ γὰρ ὕδατος προχοαὶ, καὶ τὰ ἄλλα φυτὰ τῆς γῆς ῥίζης ἀποκοπέντα ἀναίνεται καὶ σήπεται.

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Demophili sententiæ pythagorica, p. 40. Lipsia, 1744. Vid. et. Plato, de legib., lib. III, sub init. et Strabo., lib. XVI.

ou aurions-nous sans eux les idées qu'ils expriment? Et s'il est impossible qu'ils aient été jamais inventés, il faut donc que le premier homme qui nous les a transmis, les eût luimême reçus de la bouche du Créateur; et c'est ainsi que nous trouvons dans l'infaillible parole de Dieu l'origine de la religion et de la tradition qui la conserve (1).

En effet, remontez vers les premiers âges du monde; au milieu des erreurs locales et passa

>>

(1) « Si quelques peuples modernes ont une croyance » moins absurde et plus raisonnable que celle qui régna >> long-temps dans le monde païen; si même des philosophes de l'antiquité ont dicté et enseigné des maximes >> conformes à la nature de Dieu et de l'homme; c'est à » la véritable religion, ou à une ancienne tradition 9 » que les uns et les autres sont redevables des vérités >> qu'ils ont embrassées ou soutenues. Et cette tradition >> venoit originairement d'une révélation divine, ainsi » que l'ont démontré quantité de bons écrivains, tels que >> les Voisin, les Pfanner, les Bochart, les Huet, les Kircher, les Thomassin, les Clarke, les Cudworth, les >> Stanley, les Brucker, les Ramsay, les Purchass, les Stillingfleet, les Leland, les Burnet, les Dickinson, Schuckford, les Goguet, les Ansaldi, et d'autres ha>> biles littérateurs. (Les Titres primitifs de la révélation ; » par le P. Gabriel Fabricy., tom. Ier, Disc. prélim., » p. xxxix-xli. Rome, 1772.) C'est donc une souve»raine intelligence créatrice, qui fit connoître elle

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gères, vous verrez toujours les mêmes croyances, celles qui sont encore le fondement des nôtres, répandues universellement; et à quelque époque que vous vouliez en fixer l'invention, l'histoire vous démentira.

Non, non, l'homme n'a pas inventé les lois de son être; et ce n'est pas non plus en se contemplant qu'il découvre la raison infinie d'où la sienne émane, la cause éternelle de tout ce qui est (1). Contingent et borné, où prendroit-il en

» même aux premiers hommes par une toute autre voie » que celle du raisonnement, ces vérités fondamentales éparses dans les monumens des nations. Le théisme a » été par conséquent la base de la religion primitive des » hommes. » Ibid., p. LVIII.

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(1) Parmi les chrétiens, ceux qui prétendent que chaque homme trouve en soi, sans le secours d'aucun enseignement, les dogmes et les préceptes de la religion primitive qu'ils nomment naturelle; ceux-là, dis-je, s'appuient de l'autorité de saint Paul, dans son Épître aux Romains. Mais si l'on examine avec attention le passage qu'ils citent, on verra qu'il n'est rien moins que décisif en leur faveur. Voici le texte de l'apôtre : « Cùm enim » gentes quæ legem non habent, naturaliter ea quæ legis sunt, » faciunt ejusmodi legem non habentes, ipsi sibi sunt lex : » qui ostendunt opus legis scriptum in cordibus suis, testi» monium reddente illis conscientiâ ipsorum, et inter se invicem cogitationibus accusantibus, aut etiam defendentibus: » les nations qui n'ont point la loi (de Moïse), accom

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