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suívoient en cela, dit-il, les anciens théologiens, on range Isis, Osiris, Typhon, parmi les grands démons plus robustes que les hommes, et d'une nature supérieure, quoiqu'elle ne soit pas entièrement divine. Ces démons sont, selon lui, susceptibles de changement, de plaisir, de douleur, et autres affections qui les troublent plus ou moins; car, ajoute-t-il, il y a parmi eux, comme parmi les hommes, différens degrés de vice et de vertu (1).

Qu'étoit-ce que ces démons et les dieux supérieurs, dans l'opinion des anciens? des puissances ministérielles, dit Plutarque; et remarquez la conformité de cette expression avec celle de saint Paul, qui appelle les anges des esprits administrateurs. « D'une mesme Intel

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ligence qui ordonne tout le monde, et d'une » mesme Providence qui a soing de les gou» verner, et des puissances ministériales sur » tout ordonnées, autres noms et autres hon>neurs selon la diversité des loix ont été don»> nées, et usent les presbtres de marques et >> mystères aucuns plus obscurs, autres plus » clairs, pour conduire notre entendement à la » cognoissance de la Divinité (2). » Presque tous

(1) Γίνονται γὰρ ὡς ἐν ἀνθρώποις, καὶ δαίμοσιν, ἀρετῆς διαφοραί zai nanias. De Isid. et Osir., Oper., tom. II, pag. 360.

(2) D'Isis et d'Osiris, traduct. d'Amiot. OEuvres mor., tom. III, pag. 857. Ed. de Vascosan.

les anciens philosophes ont reconnu d'une manière non moins formelle, un seul Dieu infiniment supérieur aux autres dieux, qu'il avoit produits, et qui participoient à sa nature (1).

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Loin que cette opinion leur fût particulière, on la retrouve chez tous les peuples, à toutes les éqoques. On offroit anciennement à la Chine des sacrifices à divers anges tutélaires. « Mais, dit un auteur instruit, c'étoit dans la vue de >> les honorer infiniment moins que Xam-ti, le » souverain maître du monde (2). » Zoroastre enseignoit « qu'il y a un être souverain, indépendant, existant par lui-même de toute éternité; et que sous cet Être souverain il deux » anges, l'un de lumière, qui est l'auteur de >> tout bien, et l'autre des ténèbres, qui est l'au»teur de tout mal (3). » Une multitude d'autres anges bons et mauvais étoient soumis à ces

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(1) Damasius ab Huet. cit. in Alnet. quæst., lib. II, cap. IV, p. 129. Les dieux inférieurs, rangés parmi les créatures, étoient nommés les dieux engendrés, Osòi di yevuntoi, tandis que l'indépendance de tout autre principe que lui-même distinguoit le Dieu souverain, Osòç ò ¿yévvntos. Diog. Laert. in proæmio. - Apollon, dit Pindare, est né dans le temps : Εν χρόνῳ δὲ γένετ' Απόλλων. Pindar. Carmina. Frag., tom. III, p. 128. Edit. Heyne.

(2) Morale de Confucius; avertissem., p. 18. (3) Prideaux, hist. des Juifs. Ire part., liv. IV.

deux esprits supérieurs. Telle étoit la doctrine des anciens Perses: ils croyoient que le monde est gouverné par le ministère des anges, chacun desquels a ses fonctions propres, et c'est encore aujourd'hui la croyance des Guèbres (1).

« Il paroît par les relations anciennes et mo» dernes de l'Inde, qu'il y a plusieurs tribus ou » nations indiennes qui reconnoissent et ado» rent un être suprême, cause première et pro» ductrice de toutes choses: ils pensent aussi >> que ce Dieu, trop grand pour s'abaisser jusqu'à » se mêler des affaires de ce monde, qu'ils jugent » trop au-dessous de lui, a créé des dieux sub> alternes pour en prendre soin à sa place. Ces >> dieux du second ordre en ont encore d'autres >> au-dessous d'eux, ce qui forme une hiérarchie > divine très-nombreuse : chaque dieu mérite > des honneurs et un culte particulier (2).

(1) The ancient Persians firmly believed the ministry of angels, and their superintendance over the affairs of this world (as the Magians still do) and therefore assigned them distinct charges and provinces, giving their names to their months and the days of their months. Sale, the Koran translated, etc., vol. I, prélim. disc., sect. IV, p. 95. London, 1764.

(2) Relation des missionnaires danois, part. II, p. 7 et suiv. Phillip's account of religion, etc. of the people of Malabar.

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» M. Knox, ayant passé vingt ans dans l'île » de Ceylan, a eu occasion de connoître à fond » les mœurs et la religion de ses habitans. Ils » adorent plusieurs dieux, et même les mau» vais génies, craignant d'être détruits par ceux» ci. Ils reconnoissent aussi un Dieu suprême, qu'ils appellent le créateur du ciel et de la » terre. Ce premier Être a, selon eux, des dieux >> inférieurs sous lui, auxquels il a donné ses » ordres pour le gouvernement du monde, le » maintien de l'ordre et de l'harmonie dans » toutes ses parties : ils ont des prêtres et des temples pour les divinités subalternes; mais » le Dieu suprême n'a aucune sorte de culte (1). » Il en est de même au Malabar, où on recon» noît néanmoins une divinité souveraine qui a » créé le ciel et la terre, et qui jugera les hom>> mes, les récompensera ou les punira, selon » les bonnes ou les mauvaises œuvres qu'ils au>> ront faites (2).

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» Les habitans de la Floride adorent aussi un Dieu, créateur de toutes choses, qu'ils nom>»ment Okée : ils ont des prêtres qui lui offrent >> des sacrifices; mais ils ne pensent pas qu'il se

(1) Leland, Nouv. demonst. évang., part. I, chap. II, tom. I, p. 123 et 124.

(2) Voyages de Schouten; tom. I, p. 536 et suiv.

mêle des affaires humaines ; il en a remis le » soin à des dieux inférieurs qui règlent tout, >> et auxquels, par conséquent, ils rendent un » culte religieux. Le soleil et la lune sont deux » des principaux dieux subalternes (1).

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Chaque nation, chaque ville, chaque famille, chaque individu même, se choisissoit, selon ses désirs ou ses craintes, un protecteur particulier parmi ces dieux multipliés à l'infini. Ces bizarres divinités qu'enfantoit incessamment la superstition, n'étoient, comme le remarque l'auteur de l'Histoire des causes premières, « que » des dieux tutélaires, des espèces de talismans, » de fétiches (2) ou de symboles, qu'on suppo» soit doués de quelque vertu secrète et magi» que, par l'attache de quelque démon ou gé» nie, pour porter bonheur ou malheur à l'ami » ou à l'ennemi : ce ne pouvoit être autre chose. » Croire que des boucs, des chiens, des chats, >> des scarabées, de petits cailloux d'une cer>> taine forme, des marmousets d'or ou de lai» ton, étoient ou pouvoient être, dans l'esprit » d'aucun peuple civilise, le plus haut degré de la divinité, reine et maîtresse de l'univers, c'est

(1) Leland, loc. cit., p. 127 et 129.

(2) Ce nom, suivant le président De Brosses, vient du mot portugais fetisso, qui signifie chose fée, enchantée, divine, rendant des oracles.

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