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culte, dit Cicéron, que la loi ordonne de rendre » aux hommes consacrés, tels qu'Hercule et » autres, indique que les âmes de tous les hommes » sont à la vérité immortelles, mais que les âmes >> des hommes bons et généreux sont divines(1).» Voiciles paroles mêmes de la loi des Douze-Tables citée par Cicéron. « Qu'on rende un culte aux dieux célestes, que l'on a toujours honorés; » et à ceux que leurs mérites ont placé dans le »ciel (2). »

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« On fait des dieux de certains hommes, à » cause de l'excellence de leur vertu, » dit Aristote (3). D'après un passage de Platon, il paroît même que cette espèce de canonisation, ou de consécration, comme l'appelle Cicéron, étoit réglée par certaines lois et accompagnée de cérémonies particulières (4). C'est à peu près ainsi

(1) Quòd autem ex hominum genere consecratos sicut Herculem et cæteros coli lex jubet, indicat omnium qui¬ dem animos immortales esse, sed fortium bonorumque divinos. Cicer. de Legib., lib. II.

(2) Eos qui cœlestes semper habiti colunto, et ollos quos endo cœlo merita collocaverunt, Herculem, etc. Leg. XII, tabul. 2, sect. 4.

(5) ἐξ ἀνθρώπων γίνονται θεοὶ δι ̓ ἀρετῆς ὑπερβολήν.

De morib. lib. VII, c. I. Oper. tom. II, p. 63. (4) Θεοὺς εἶναι πρῶτον φασὶν οὗτοι τεχνη, οὐ φύσει, κ. τ. λ. Deos

qu au Tibet, le Dalaï Lhama subit un jugement après sa mort, et si l'on trouve que ce Pontife ait vécu saintement, on l'honore avec beaucoup de pompe, après avoir renfermé son corps dans une sorte de chasse appelée cioten (1). Il y a un grand nombre de ces cioten; « elles sont, dit un » missionnaire, l'objet du culte que chaque dé» votrend à son saint (2). » Les Japonais ont aussi des usages semblables, que tous ceux qui ont voyagé dans leur pays ont remarqués. « Leur pontife a seul le droit de faire des apothéoses, » et de consacrer des temples aux hommes qu'ils » en jugent dignes (3). »

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non naturâ sed arte et legibus quibusdam constare volunt, eosque alii alios, prout singuli secum consentientes, lege. sanxerunt. De legib. lib. X, tom. IX. oper. p. 76. Ce passage a plus de force encore, si on le rapproche de ce que dit Servius. « Labeo in libris qui appellantur de diis qui>> bus origo animalis est, ait esse quædam sacra quibus >> animæ humanæ vertuntur in deos qui appellantur ani» males, quòd de animis fiant.» Servius in lib. III. Æneid. (1) Alphab. tibetan., t. I, p. 249.

(2) Sono sempre in oggetto di sacrificio, o offerte divote, che fanno li divoti di tal uno de' loro santi. P. Horat. Pinnabileus. Vid. et. Hist. génér. des Voyages, tom. XXVIII, p. 364, 365.

(3) Essai sur l'hist. générale, et sur les mœurs et l'esprit des nations, chap. CXX, tom. III, p. 194.

Il existe à la Cochinchine des croyances et des usages semblables. On y rend un culte aux hommes qu'on suppose avoir vécu saintement, on les invoque comme autant d'intercesseurs auprès du Dieu suprême, mais sans jamais les confondre avec l'Etre éternel et souverain (1).

Observez en outre qu'il est peu de nations qui

(1) Les peuples de la Cochinchine, dit Bullet d'après le P. Borri, adorent surtout les âmes de ceux qui étoient tenus pour saints pendant qu'ils vivoient sur la terre. Les pagodes sont ornées des idoles de ces bienheureux. Ces idoles sont rangées à droite et à gauche dans la pagode, les plus petites les premières, les moyennes ensuite, après celles-ci les plus grandes; de sorte qu'elles ressemblent assez bien à des tuyaux d'orgue. Cet ordre marque le mérite et la distinction des âmes. Au milieu de ces deux rangs d'idoles il y a un vide, et ce vide est l'endroit le plus honorable de la pagode. « On n'y voit qu'une niche pro>> fonde et obscure qui fait entendre, dit le Jésuite italien, que le dieu qu'ils adorent et de qui dépendent >> toutes les pagodes, qui ont été hommes comme nous, » est d'une essence invisible. »>

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On voulut, continue notre voyageur, faire voir aux Cochinchinois que tant d'idoles étoient inutiles puisqu'il n'y a qu'un seul Dieu. Les Cochinchinois répondirent : Nous sommes de votre avis; mais vous devez supposer avec nous que ces idoles, rangées aux deux côtés du temple, ne sont point les créateurs du ciel et de la terre, mais des hommes distingués par leur sainteté, que nous honorons de la même manière que vous honorez vos saints, vos apôtres, vos mar

n'aient rendu un culte aux âmes des ancêtres, et même à des hommes vivans. Rome en offre de nombreux exemples, et ce n'étoit pas seulement ses tyrans qui se firent ainsi adorer. Aurelien lui-même reçut, ou s'arrogea le titre de dieu (1). Or, pense-t-on qu'on cessât dele croire homme (2)? On pouvoit donc être dieu, selon

tyrs et vos confesseurs; on leur défère plus ou moins d'honneur, selon les degrés de vertu que l'on reconnoît en eux. Par la suite du discours ils déclarèrent encore mieux àu missionnaire qu'ils concevoient Dieu comme un être invisible qui n'est point soumis à nos sens, et qui ne se peut représenter ni par images, ni par figures; que le vide et l'obscurité qu'on voyoit entre les deux rangs d'idoles marquoit l'incompréhensibilité de la nature divine; et enfin, que toutes les idoles qui l'environnoient étoient autant d'intercesseurs auprès de l'Être suprême. L'exist. de Dieu démontrée, etc.; tom. II, p. 127, 128.

(1) On a de lui des médailles qui portent cette inscription: DEO ET DOMINO NATO AURELIANO. Carus et d'autres empereurs l'imitèrent en cela. Adrien prenoit le titre d'Olympien, Adplavos duros. Vid. Spanheim, de `præstant. et usu numismat. antiq. dissert. 12. p. 489.

(2) Celui à qui tout prospère, dit un ancien poète, et à qui Dieu donne les richesses et l'empire sur les autres hommes, oublie que ses pieds touchent la terre et qu'il est né de parens mortels; dans sa coupable arrogance, il imite Jupiter tonnant, et, petit qu'il est, il dresse et élève sa tête, et supplie Minerve de lui montrer une route pour

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le sens qu'on attachoit souvent à ce mot, en conservant la nature humaine (1). Et le fils qui saerifioit aux mânes de son père, qui répandoit sur sa cendre des libations, dira-t-on qu'il le confondoit dans sa pensée avec le souverain Dieu de l'univers (2) Non, sans doute. Le fils pieux

arriver à l'Olympe, afin que, compté parmi les dieux immortels, il ait part à leurs festins.

ὅς δὲ κεν ἐνοχθήσι, θεὸς δ ̓ ἐπὶ ὄλβον ὀπάζῃ
Καὶ πολυκοιρανίην, ἐπιλήθεται οὔνεκα γαῖαν
Ποσσὶν ἐπιστείβει, θνητοὶ δὲ οἱ εἰσὶ τοκῆες.
Αλλ' ὑπεροπλίῃ καὶ ἁμαρτωλῇσι νόοιο
ἶσα Διϊ βρομέει, κεφαλὴν δ ̓ ὑπὲρ αὐχένας ἴσχει,
Καὶ περ ἐὼν ὀλίγος· μνᾶται δ' αὔπηχυν Αθήνην,
Μὲ τιν' ἀντραπιτὸν τεκμαίρεται Οὔλυμπόν δέ,
Ως κε μετ ̓ ἀθανάτοις ἐναρίθμιος εἰλαπινάζη.

Riani fragm. Gnomici poet. græci; p. 131. Ed. Brunckii.

(1) On cherchoit à se consoler de la mort des person

nes chères en se persuadant qu'elles étoient saintes ou sauvées. C'est ainsi que Stace dit de Lucain :

que,

Cedat luctus atrox, genisque manent
Jam dulces lacrymæ, dolorque fessus
Quicquid fleverat antè, nunc adoret.

Stat. Papin., Genethliacon Lucani; Silv., lib. II.

(2) Un trait curieux, rapporté par Cicéron, prouve loin de confondre les hommes divinisés ou consacrés avec le Dieu suprême, on les distinguoit soigneusement des divinités subalternes. « Nostri quidem Publicani cùm

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