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monde, doctrine qui fait encore et qui fera perpétuellement partie du symbole de la vraie religion?

Mais allons plus avant : considérons l'idolâtrie en elle-même; dans ce qui la constituoit essen

ployons encore dans le même sens. Clément d'Alexandrie explique, selon cette pensée, un passage d'Empédocle. « Si nous vivons, dit-il, dans la sainteté et dans la justice, >> nous serons heureux ici-bas, et plus heureux après avoir >> quitté cette vie; car nous ne le serons pas seulement » pour un temps, mais nous jouirons d'un repos éternel, » habitant avec les autres immortels (¿ÐavátoıçäMoroiv), assis à » la même table que les héros, et partageant leur sort, dit » Empédocle. » Quod si sanctè et justè vixerimus, beati hie quidem, sed post excessum à vitâ beatiores; non qui aliquo tempore felices futuri simus, sed in ævum quieturi,

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Unà cum superis habitantes : mensâ in eâdem
Quà fortes Danai, communi et sorte fruentes,

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ait philosophica Empedoclis poëtica. Clem. Alexand. Strom., liv. V, p. 607. Plutarque explique plus clairement encore la doctrine des anciens, en la dégageant des idées superstitieuses qu'on y mêloit. Voici ses paroles : « On dit >> aussi que le corps d'Alcmène disparut, ainsi que l'on le portoit en sépulture, et qu'en son lieu on trouva une pierre dedans le lict. Brief, les hommes racomptent plu>> sieurs autres telles merveilles, où il n'y a apparence quelconque de vérité, voulant déifier la nature humaine, » et l'associer aux dieux. Bien est-il vrai que ce seroit las» chement et meschamment faict, que de reprouver et »nier la divinité de la vertu mais aussi de vouloir » mesler la terre avec le ciel, ce seroit une grande sottie.

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tiellement. La moindre attention suffit pour faire d'abord reconnoître, qu'elle n'étoit point, à proprement parler, une religion, mais seulement un culte superstitieux; car de quoi se com

>> Pourtant fault-il laisser là telles fables: estant chose >> toute asseurée, que, comme dit Pindare

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>> Car elle est venue du ciel, et là s'en retourne, mais plus >> tost, lorsque plus elle est esloignée et séparée du corps, quand elle est nette, saincte, et qu'elle ne tient plus >> rien de la chair.... Pourtant n'est-il pas besoing de vou» loir envoyer, contre la nature, le corps des hommes » vertueux, quand et leurs âmes, au ciel : ains fault esti» mer et croire fermement, que leurs vertus et leurs » âmes, selon nature et selon justice divine, deviennent >> d'hommes, saincts, et de saincts, demi-dieux, et de » demi-dieux, après qu'ilz sont parfaittement, comme és » sacrifices de purgation, nettoyez et purifiez, estans de>> livrez de toute passibilité et de toute mortalité, ilz deviennent, non par aucune ordonnance civile, mais à la » vérité et selon raison vray-semblable, dieux entiers et » parfaits, en recevant une fin très-heureuse et très-glo» rieuse. » Vie de Romulus, Hommes illustres, tom. I, p. 126 et 127, trad. d'Amiot. Edit. de Vascosan. « Quand un chrétien leur parle (aux Indiens) de leur dieu » Ram, que les gentils adorent, ils ne soutiennent point qu'il est dieu, et disent seulement que c'étoit un grand » roi, dont la sainteté et le secours qu'il a donné aux

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pose nécessairement toute religion? de dogmes, de morale et de culte. Chacune de ces trois choses prises à part n'est pas plus une religion, que l'entendement, le cœur et le corps, envisagés

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» hommes, lui ont acquis une communication plus particulière avec Dieu qu'aux autres saints, et qu'ainsi ils lui portent beaucoup plus de respect. » Theverot (Voyages des Indes, part. III, liv. I, cap. XXXVIII.), Georgi, et M. de Guignes ont prouvé que le Fo des Chinois, le Sommona-Codoms ou le Samanéen Codom des Siamois, et le Budda des Indiens, étoient le même personnage. Quoique ces peuples lui rendent un culte religieux, ils ne le confondent pas avec l'Etre suprême, éternel, incorruptible, qu'ils appellent Om. «De là, dit M. de Guignes, » cette exclamation tant de fois répétée, Omi-to Fo, » c'est-à-dire, o Fo qui procédez d'Om!» Les Siamois le nomment Prah-pondi-tchaou, le Saint d'une haute origine. Mém. de l'acad. des Inscript., tom. XLV, pag. 537. Les livres zends contiennent des prières adressées à Zoroastre; on l'invoquoit après Ormusd et les génies célestes. J'invoque Zoroastre, saint, pur, grand. Je vous » prie, ô vous grand, vous terrestre Zoroastre. - Esper

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On

» teman, Destour excellent du peuple terrestre, du monde » terrestre. Je fais izeschné (invocation) à Sapetman» Zoroastre et à son saint et pur férouer. » Izeschné et Vispered, pag. 86, 93,117, 148, 149. — Jescht. farv., pag. 285, etc. Gah. Evesrouth, pag. 109, 110. voit dans les villes de la Chine, des colléges qu'on a bâtis en l'honneur de Confucius, avec ces inscriptions et d'autres semblables: Au grand maître. A l'illustre roi des lettrés. Au saint. Morale de Confucius, pag. 45.

séparément, ne sont l'homme. Des dogmes sans culte et sans morale ne sont que des opinions philosophiques; une morale sans dogmes et sans culte, n'est ou qu'une loi arbitraire, ou que des conseils dépourvus de sanction; un culte sans morale et sans dogmes, n'est qu'un spectacle, des fêtes, de vaines cérémonies. Conçoiton une religion sans dogmes, une religion sans morale, une religion sans culte ? Ce seroit concevoir une contradiction manifeste. Pour former une religion, il faut donc que les dogmes, la morale et le culte, unis ensemble et dépendans l'un de l'autre,,fassent un tout indissoluble..

Or le paganisme n'avoit point de symbole, point de dogmes, point d'enseignement. Il ne parloit point à la raison, et n'en exigeoit rien; il ne réclamoit sur elle aucune autorité, ne lui prescrivoit aucuns devoirs, n'entreprenoit même pas de la guider par des conseils; il l'abandonnoit à elle-même, et la laissoit, sans loi et sans règle, dans une parfaite indépendance.

car peu

de

Leibnitz en fait l'observation, choses ont échappé à cet esprit pénétrant. « Les

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païens, dit-il, avoient des cérémonies dans leur culte, mais ils ne connoissoient point d'ar»ticles de foi, et n'avoient jamais songe à dres» şer des formulaires de leur théologie dogma

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› dans des dogmes difficiles, mais dans certaines pratiques secrètes, où les profanes, c'est-àdire, ceux qui n'étoient point initiés, ne de» voient jamais assister. Ces pratiques étoient bien souvent ridicules et absurdes, et il falloit les cacher pour les garantir du mépris (1)»

Non seulement le paganisme n'ordonnoit de croire aucun dogme, n'enseignoit aucune doctrine, mais il n'imposoit aux hommes aucune loi morale, ainsi que le remarquent Bayle (2) Locke (3), Barbeyrac (4), Leland (5), après les Pères de l'Église. Ecoutons Lactance : « On n'y parle de rien qui serve à former les » mœurs et à régler la vie, on n'y cherche point » la vérité, on ne s'y occupe que des céré>> monies du culte, où l'âme n'a point de part, » et qui ne regardent que le corps (6). En

(1) Remarques critiques sur le système de feu M. Bayle, touchant l'accord de la bonté et de la sagesse de Dieu, avec la liberté de l'homme, et l'origine du mal, tom. I, préf. Londres, 1720.

(2) Continuation des pensées diverses, etc., art. XLIX. (3) Christianisme raisonnable, etc., chap. XIV, §. II. (4) Préface de sa Traduction du Droit de la nature et des gens de Puffendorf.

(5) Nouvelle démonstrat. évangel., tom. I, part. I, chap. VII.

(6) Nihil ibi disseritur quod proficiat ad mores exco

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