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qu'il choisit et qu'il honore selon le purcaprice de son imagination. En Egypte on tuoit sans scrupule dans une ville, l'animal qu'on adoroit dans une autre ville. Varron comptoit trois cents Jupiters (1), et il y en avoit probablement un plus grand nombre, car on donnoit ce nom à tous les hommes qu'on élevoit au rang des dieux, pour avoir ou fondé des états, ou contribué d'une manière éclatante à leur prospérité: L'âge d'or seul fournit au ciel trente mille dieux, suivant Hésiode (2). Ces dieux, inconnus au reste de la terre, et oubliés en Grèce même où l'on ne voit

(1) Apud Tertul. apolog. c. XIV. Sulvant Pausanias ce fut Cécrops qui le premier appela Jupiter le Dieu supreme. ὁ μὲν γὰρ Δία τε ὠνόμασεν ὕπατον πρῶτος. Pausan. lib. VIII, p. 456. Edit. Hanov. 1613.

(2) Ce passage d'Hésiode mérite d'être cité; le voici : << Les dieux immortels de Jupiter, gardiens des hommes » mortels, sont au nombre de trois myriades sur la terre » féconde répandus dans l'air et sans cesse parcourant » tous les lieux, ils observent les œuvres justes et in» justes. >>

Τρὶς γὰρ μύριοι εἰσὶν ἐπὶ χθονὶ πουλυβοτείρη
Αθάνατοι Ζηνός, φύλακες θνητῶν ἀνθρώπων·
Οἷρὰ φύλασσουσιν τε δίκας καὶ σχέτλια ἔργα,
Πέρα ἔσσάμενοι, πάντη φοιτῶντες ἐπ ̓ οἷαν.

Oper. et dier. lib. I.

pas qu'on leur rendit de culte, n'existoient que dans les chants d'un de ses poëtes.

>>

Le peuple des dieux, pour employer l'expres sion de Pline (1), n'étoit pas moins nombreux à Rome. « Notre pays, dit un autre auteur, est » tellement plein de divinités qu'on y trouveroit plus aisément un dieu qu'un homme (2). Que seroit-ce donc si, parcourant le monde entier, nous rappelions, même sommairement, les divinités de tant de nations différentes? L'Américain sauvage a ses dieux propres, comme l'Indien policé, et comme l'habitant de la Chine. Nulle ressemblance, nul rapport entre ces dieux divers. L'allégorie même, qui explique tout, en dénaturant tout, ne montrera jamais la moindre conformité réelle entre l'Osiris des Egyptiens, l'Adrammelech des Assyriens, le Dyonisios des Grecs, l'Irminsul des Saxons, et le Xaca des Tibetains.

Ce n'est pas tout non seulement les dieux d'un peuple n'étoient pas ceux d'un autre peuple, mais le même peuple changeoit de dieux avec le

(i) Major cœlitum populus etiam quàm hominum intelligi potest. Plin. lib. II, cap. VII.

(2) Utiquè nostra regio tàm præsentibus plena est numinibus, ut faciliùs possis deum quàm hominem invenire. Petron. Satyr.

temps, comme il arriva aux Romains, qui, à la théologie des Etrusques substituèrent peu à peu celle des Grecs. L'histoire de chaque dieu et l'idée qu'on s'en formoit changeoient également. Cette histoire, fondée sur une tradition locale qui, attestant l'origine humaine du dieu, ou le représentant comme un esprit céleste, mais subordonné, ne permettoit pas qu'on le confondît avec la Divinité suprême, étoit successivement modifiée par les poëtes, et l'on attachoit si peu de croyance à tous ces récits, qu'on leur donna même le nom de fables ou de mythologie (1), et que Cicéron ne craint point de s'en moquer ouvertement, et de les appeler des superstitions. de vieille femme (2). Pla

(1) Muloλoyia, histoire fabuleuse.

(2) Videtisne igitur, ut à physicis rebus, benè atque utiliter inventis, tracta ractio sit ad commentitios et fictos deos? Quæ res genuit falsas opiniones, erroresque turbulentos, et superstitiones penè aniles. De nat. Deor., lib. II, cap. XXVII. Cicéron semble avoir emprunté cette dernière expression d'Eratosthènes le Cyrénéen, qui vivoit deux siècles avant Jésus-Christ. Il jouissoit d'une grande réputation parmi les anciens, qui l'avoient surnommé le second Piaton 5Пevralhos, ou le vainqueur aux cinq exercices. Eratosthènes accusoit Homère, Hésiode, et les autres poëtes, de corrompre les croyances religieuses du peuple, et il appeloit leurs ou

ton (1), Plutarque (2), Denys d'Halicarnasse (3), Pline (4), Seneque (5), avouent qu'elles sont non seulement absurdes, mais dangereuses.

De même que chaque notion avoit ses divinités propres, elle avoit son, culte particulier, qui lui-même varioit sans cesse. On abandonnoit les anciens rites, on en créoit de nouveaux, qu'on abandonnoit ensuite comme les premiers. Les traditions, les croyances, les dieux, les cérémonies, tout changeoit perpétuellement (6). Combien le culte des Romains sous Numa, ne dif

vrages des contes de vieilles, ypawdn putologiav. On peut voir les fragmens qui nous restent de cet auteur dans l'Uranologia du P. Petau. Ils ont été réimprimés à Oxford en 1672; et à Amsterdam, en 1703.

(1) Plat. de rep., lib. II, Oper., tom. VI, p. 247-250. (2) Plutarch. De superstit.

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(3) Dionys. Halicarn., lib. II, p. 9o et seq.

(4) Hist. nat., lib. II, cap. VII.

(5) Senec. ap. August. De civit. Dei, lib. VI, cap. X: (6) Nec modò barbari homines diversas ac nos leges sequuntur: verùm etiam qui Lyciam incolunt, et Athamantis successores qualia sacra offerunt, cùm tamen Græci sint? Nos quoque audivisti, quales quondam leges circà inferias servaverimus, hostias jugulantes antequàm efferretur cadaver, præficasque accersentes : et qui iis antiquiores, defunctos etiam domi sepelientes; quorum nos his temporibus nihil omninò servamus. Innumerabilia prætereà hujusmodi exempla referre possemus. Platon., Minos. Oper., tom. VI, p. 128 et 129,

féroit-il pas du culte des Romains au temps d'Auguste (1)? La politique seule avoit conservé quelques vieux usages, certaines superstitions d'auspices et d'augures, dont le sénat se servoit pour contenir le peuple, pour suspendre ou dissoudre ses assemblées tumultueuses.

Partout on voit la même inconstance; et remarquez qu'outre le culte qu'on peut appeler national, il existoit une multitude infinie d'autres cultes, qui ne s'étendoient pas au-delà soit d'une province, soit d'une ville, soit d'une famille, et qui ne varioient pas moins que le culte commun. Un homme rêvoit un dieu, il lui élévoit un autel, y déposoit des offrandes, et voilà un culte nouveau, qu'un caprice avoit créé, qu'un autre caprice détruisoit.

(1) Etiam circà deos vestros quæ prospectè decreverant patres vestri, iidem vos obsequentissimi rescidistis.... Ubi religio? Ubi veneratio majoribus debita à vobis ? Habitu, victu, instructu, sensu, ipso deniquè sermone proavis renuntiastis. Laudatis semper antiquos, sed novè de die vivitis. Tertull. Apolog. adv. gent., cap. VI. Nec corpora modò affecta tabo, sed animos quoque multiplex religio, et pleraque externa, invasit, novos ritus sacrificandi vaticinando inferentibus in domos, quibus quæstui sunt capti superstitione animi, donec publicus jam pudor ad primores civitatis pervenit, cernentes in omnibus vicis sacellisque peregrina atque insolita piacula pacis deûm exposcendæ. Tit. Liv., lib. IV, cap. XXX.

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