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lui-même l'idée de la souveraine perfection? A peine les meilleurs esprits la comprennent-ils, quand on la leur explique; et la parole qui élève

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» plissent naturellement les préceptes de la loi ; ceux-là (ôUTO) n'ayant pas la loi, sont à eux-mêmes la loi; ils >> montrent l'œuvre de la loi écrite dans leur cœur, leur >> conscience leur rendant témoignage, et leurs pensées » s'accusant et se défendant les unes les autres. » (Ep. ad Rom. II, 14 et 15.)

Il résulte des paroles de saint Paul, 1° Qu'il existe chez toutes les nations une loi morale; 2° que cette loi est naturelle, ou conforme à la nature; 3° qu'elle est écrite dans le cœur; 4° que la conscience la reconnoît et lui rend témoignage. Conclure de là que cette loi, pour être connue, n'a pas besoin d'être enseignée, c'est faire dire à l'apôtre ce qu'il n'a point dit, c'est ajouter une opinion à une vérité certaine.

La loi dont parle saint Paul est universelle; elle appartient à tous les peuples, gentes. S'ensuit-il que la connoissance en soit innée dans chaque homme ? Pourquoi cette connoissance ne lui viendroit-elle point, comme celle de toutes les autres vérités universelles, par la société qui en conserve le dépôt ? Une fois connue, elle se grave dans le cœur; elle y devient un sentiment, et c'est ce sentiment qui s'appelle conscience.

Cette explication très-simple et qui concilie le texte de l'apôtre avec d'autres textes formels de l'Écriture, et avec ce que nous montre l'expérience de tous les temps, acquiert une grande force en comparant le passage cité avec un autre passage où saint Paul dit également, que la loi évangélique (loi révélée et connue

notre intelligence jusqu'à la source de la vérité en lui montrant Dieu, assez puissante pour créer la foi, ne produit pas, à beaucoup près, dans

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seulement par le moyen extérieur de l'enseignement), est écrite dans nos cœurs. Manifestati, écrit-il aux Corinthiens, quod epistola estis Christi, ministrata à nobis, et scripta non atramento', sed spiritu Dei vivi: non in tabulis lapideis, sed in tabulis cordis carnalibus. (II, ad Cor. III 3.) C'est ainsi que Dieu, annonçant la loi nouvelle par la bouche du prophète Jérémie, disoit : « Je graverai » ma loi dans leurs entrailles, et je l'écrirai dans leur » cœur. Dabo legem meam in visceribus eorum, et in corde » eorum scribam eam. » (Jerem. xxx1, 33.) Comment cette promesse a-t-elle été accomplie ? Par la prédication évangélique. C'est la parole qui a écrit la loi de JésusChrist dans les cœurs. Fides ex auditu, auditus autem per verbum Christi. (Ep. ad Roman. x, 17.)

Si l'on conclut du premier passage que tous les hommes trouvent en eux-mêmes la religion primitive, il faudra conclure du second que tous les chrétiens trouvent aussi la religion de Jésus-Christ en eux-mêmes, ce qui est manifestement faux. Saint Paul lui-même enseigne clairement que la vérité est d'abord révélée à l'intelligence, d'où elle passe ensuite dans le cœur. « Le Sei-» gneur a dit : Je mettrai dans leur esprit la connoissance » de mes lois, et je les écrirai dans leur cœur. Dicit Do» minus: Dabo leges meas in mentem eorum, et in corde » eorum superscribam eas.» Ep, ad. Hæbr. VIII, 10. Les hommes ne naissent pas chrétiens, ils le deviennent, fiunt, non nascuntur christiani, dit Tertullien. Apolog., cap. XVIII.

l'entendement de tous les hommes, le même degré de lumière. Ils croient tous également et avec une égale certitude, quoiqu'ils ne conçoivent l'objet de leur croyance, ni avec une égale étendue, ni avec une égale clarté.

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Les déistes et ceux qui, sans l'être, soutiennent imprudemment le même système sous le nom de religion naturelle, font de cette loi nécessaire de l'homme intelligent une espèce d'instinct impossible à définir, comme nous l'avons montré au commencement de cet ouvrage, en combattant le déisme. Qu'on se rappelle les innombrables contradictions de ses défenseurs leuis variations perpétuelles, et leurs impuissans efforts pour établir une doctrine quelconque. Ils n'ont jamais à offrir que des opinions individuelles dépourvues d'autorité, de base et de sanction. Tantôt ils s'appuient sur le sentiment, tantôt sur le raisonnement; et aussitôt chacun vient avec son sentiment et son raisonnement proposer la religion qu'il a faite, et qu'il n'a pas le droit de supposer meilleure, ni plus certaine que celles des autres. Les déistes ne pouvant dès lors exiger la foi d'aucun dogme, ni l'obéissance à aucun précepte, ils tombent, s'ils sont conséquens, dans l'indifférence sur toutes les vérités et sur tous les devoirs.

Se peut-il qu'on envisage une pareille con

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séquence sans effroi, qu'il y ait des esprits assez hardis, ou assez aveugles pour ne pas reculer devant cet abîme? Quel est donc le pouvoir des préjugés et de l'obstination? On embrasse un principe, on le suit, on arrive à un précipice, et l'on s'y jette plutôt que de reconnoître qu'on s'est trompé. Où l'homme prend-il cette force impie? Je me le demande en tremblant, et je tremble encore plus de la réponse en luimême, dans son orgueil.

Que d'égaremens on éviteroit si, au lieu de choisir sa propre raison pour guide, on se laissoit conduire par le sens commun ou la raison de tous ! Le peuple, dans son ignorance, est plus sage que les philosophes, parce qu'il ne ferme point les yeux à cette lumière, véritablement naturelle, qui brille au milieu du monde (1). Il

(1) C'est ce que dit Rousseau lui-même ; car nul philosophe n'a mieux jugé la philosophie. La justesse de son esprit l'attiroit vers la vérité que son orgueil repoussoit toujours triste et frappant exemple de ce que peut la volonté sur les croyances. « Le philosophe, dit-il, qui se » flatte de pénétrer dans les secrets de Dieu, ose asso» cier sa prétendue sagesse à la sagesse éternelle : il » approuve, il blâme, il corrige, il prescrit des lois à la »> nature, et des bornes à la Divinité; et tandis qu'occupé » de ses vains systèmes, il se donne mille peines pour ar» ranger la machine du monde, le laboureur qui voit la

ne s'imagine point trouver en lui-même la loi qui doit le régir: on la lui enseigne, il y croit; et lorsqu'il s'abuse, ses erreurs viennent encore de ce qu'il viole le principe même de ses croyances, en obéissant à une autorité particulière, soit individuelle, soit nationale, de préférence à une plus grande autorité.

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Cette considération nous fournit une nouvelle preuve, que la vraie religion a été révélée originairement; car, puisque l'autorité est le moyen géneral, le seul moyen par lequel tous les hommes aient jamais pu la reconnoître avec certitude (1), on est forcé de remonter plus

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pluie et le soleil tour à tour fertiliser son champ, » admire, loue et bénit la main dont il reçoit ces grâces, » sans se mêler de la manière dont elles lui parviennent. Il >> ne cherche point à justifier son ignorance ou ses vices » par son incrédulité : il ne censure point les œuvres de » Dieu, et ne s'attaque point à son maître pour faire » briller sa suffisance. Jamais le mot impie d'Alfonse X »> ne tombera dans l'esprit d'un homme vulgaire : c'est » à une bouche savante que ce blasphème étoit réservé. >> Tandis que la savante Grèce étoit pleine d'athées, » Élien remarquoit que jamais barbare n'avoit mis en >> doute l'existence de la Divinité. >> Réponse au Roi de Pologne. Mélanges, tom. IV, pag. 252, 253; édit. de Paris, 1793.

(1) Nostra opinio et noster sensus sæpè nos fallit, et modicum videt: «Notre raison et notre sentiment voient

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