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Les Payens se traitoient les uns les autres d'hommes impies ou superstitieux (1). Chaque culte particulier étoit regardé comme absurde, ou comme sacrilège par les sectateurs des autres cultes, c'est-à-dire, par presque tout le genre humain. A cet égard l'idolâtrie ressembloit encore au protestantisme. De même que les protestans s'éloignent tous de la vérité, mais par différentes voies, l'un affirmant ce que l'autre nie, et niant ce qu'il affirme; ainsi les idolâtres s'éloignent tous du vrai culte, mais non de la même manière, l'un adorant ce que l'autre déteste, et détestant ce que l'autre adore de sorte que, si l'on consulte tous les peuples et

ne qui, nísi romani dii, neu quo alio more quàm patrio colerentur. Tit. Liv., lib. IV, c. XXX. Mécène conseilloit à Auguste de hair et de punir les sectateurs des cultes étrangers, τοὺς δὲ δὴ ξενίζοντας περὶ αῦτο καὶ μισεῖ καὶ κόλαζε. Dion. Cass., lib. LII.—Dion. Halicarnass., lib. II, cap. XIX. Mosheim, Hist. ecclésiast., Ier siècle, ch. I.

(1) Aliis alibi et arbores, et flumina, et mures, et feles, et crocodilos, et ratione carentium animantium multa colentibus; et quidem non eadem cunctis, sed alia alibi venerantibus, itè ut in universum impii alii aliis sint, quia non eadem colant sacra : ὥστ ̓ εἶναι ἀσεβεις αλληλοις πάντας, Sià Tò μỶ Tà Kỷtà σébeɩv. S. Justin. apolog. II, p. 68. edit. Paris. 1615.

toutes les sectes, chaque faux culte est condamné par le témoignage général des idolâtres, et chaque hérésie par le témoignage général des protestans.

Au reste, pour montrer que jamais le caractère d'universalité n'appartint au paganisme, il n'étoit pas besoin de tant de preuves. Il suffisoit de faire observer qu'une collection de cultes entièrement différens, comme un assemblage d'opinions contraires, excluent essentiellement l'idée d'universalité. Des croyances, des cultes opposés ne sauroient être universels; autrement il faudroit soutenir que des cultes incompatibles sont le même culte, que des croyances contradictoires sont une même croyance, en un mót, il faudroit tomber dans un excès de folie, qu'on ne peut pas même supposer possible.

Les cultes idolâtriques, dépourvus d'universalité par rapport aux lieux, manquent encore plus visiblement d'universalité à l'égard des temps, ou du caractère de perpétuité que doit offrir la vraie religion. Ils n'étoient point an commencement, dit l'Écriture, et ils ne seront pas perpétuellement leur fin est prompte (1) et

:

(1) Neque enim erant ab initio, neque erunt in perpetuum.... Brevis illorum finis est inventus. Sapient. XIV, 13 et 14.

encore : « Ils ont sacrifié aux démons, et non » pas à Dieu; ils ont offert des sacrifices à des dieux qu'ils ne connoissoient pas, à des dieux

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>> nouveaux et récens, que leurs pères n'avoient point servis (1). »

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Tous les monumens historiques confirment cette vérité (2), que le sceptique Hume (3) Bolingbroke (4), et un petit nombre d'autres écrivains ennemis du christianisme, ont seuls essayé d'obscurcir, en opposant à des faits prouvés, des conjectures vagues et de vains raisonnemens. La tradition du monde entier nous parle d'un premier âge où régnoient la piété la justice, avec un culte pur comme les mœurs (5), et simple comme les vertus de ces.

(1) Immolaverunt dæmoniis et non Deo, diis quos ignorabant; novi recentesque venerunt, quos non coluerunt patres eorum. Deuteron. XXXII, 17.

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(2) Leland, Nouvelle démonstr. évangél., tom. I, part. I, ch. II. Fabricy, Des titres primitifs de la révélation. tom. I, Disc. prélim., p. 43 et suiv. Hist. de Perse par Malcolm, tom. I, p. 273. (3) Natur. hist. of religion (4) Posthumous Works.

78.

(5) L'Ezour-Vedam, liv. V, ch. V; tom. II, p. 77 et Strab. lib. XV, p. 492. -Tacit. Annal., lib. III, c. XXVI. Varron., De re rusticâ, lib. I, c. 2. - Porphyr. De non esu animal., lib. IV, p. 345.

temps heureux. Les hommes déchurent peu à peu de cet état d'innocence. Livrés à leurs passions, ils cherchèrent, comme Adam après son crime, à se cacher du créateur, à l'oublier, et l'idolâtrie naquit.

Plus on s'éloigne de l'origine, plus la religion primitive s'altère. On voit, dans le cours des siècles, les divers cultes idolâtriques s'établir, varier, se corrompre toujours davantage, et enfin disparoître entièrement. Combien de fois, en chaque pays, ces faux cultes n'ont-ils pas changé et d'objet et de forme? Des dieux nouveaux faisoient bientôt oublier les anciens, et c'est ainsi qu'à Rome on passa du culte des esprits qui président à l'univers (1), au culte des divinités humaines. Or, comment ce qui changeoit sans cesse auroit-il pu être perpétuel (2)?

(1) Ce culte même varioit chez les diverses nations qui le conservèrent. « Les génies ou les âmes des planètes, » dit Malcolm, sont adorés par les Hindous, mais sous >> des figures absolument différentes de celles que leur >> donne le Dabistar. Il paroît aussi y avoir une grande dif» férence entre la manière dont les anciens Persans ado>> roient les planètes, et celle qui étoit en usage chez les >> Arabes, qui les adorṛient également avant l'introduction » de la religion mahométane. » Hist. de Perse, tom. I, p. 278. not.

(2) Le Paganisme manquoit si visiblement du carac

Un culte succédoit à un autre culte, de même qu'une secte, chez les protestans, succède à une autre secte; et comme, parmi ceux-ci, il n'y a rien de perpétuel que la violation de la loi sur laquelle reposent toutes les vérités, il n'y avoit non plus rien de perpétuel parmi les idolâtres, que la violation des devoirs qui constituent le vrai culte. Les uns et les autres nous représentent un peuple qui a cessé d'obéir au pouvoir légitime, et où chacun est son propre maître. Le gouvernement, les lois, les institutions de ce peuple violateur de l'autorité, varient continuellement au gré des passions et des opinions. Rien n'est stable que le désordre; tout change, hors l'habitude et le besoin de changer toujours; c'est la perpétuité du crime et de l'anarchie.

Après avoir montré qu'aucun des trois pre

κ. Το

tère de perpétuité, qu'Hérodote lui-même en fait la remarque. Il attribue à Homère et à Hésiode l'invention de la théogonie grecque. ἔνθεν δὲ ἐγένετο ἕκαστος τῶν θεῶν, 2. Undè autem unusquisque deorum extiterit, an verò cuncti semper fuerint, aut quâ specie, ignorârunt usque priùs et heri, ut verè dicam. Nam Hesiodus atque Homerus (quos quadringentis et non ampliùs annis antè me opinor extitisse) illi fuêre qui Græcis theogoniam fecerunt, diisque et cognomina dederunt, honoresque et artificia separaverunt, et figuras eorum designaverunt. Herodot., I. II, c. 55.

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