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miers caractères essentiels à la vraie religion, l'unité, l'universalité, la perpétuité, n'appartiennent point au polythéisme, jugeroit-on encore nécessaire de prouver qu'il étoit dépourvu de sainteté? Ne seroit-ce pas profaner ce nom sacré, de supposer seulement qu'il pût jamais s'allier à celui de l'idolâtrie? Quelle loi morale, quels devoirs imposoit-elle à l'homme? Elle l'invitoit à les violer tous; elle assoupissoit la conscience par le charme énivrant de ses fêtes; puis plaçant sur d'infâmes autels, au milieu d'un nuage d'encens, le vice couronné de fleurs, elle convoquoit les passions pour l'adorer. Voyez dans Cicéron l'affreuse peinture des divinités païennes (1). La haine, la vengeance, la volupté, l'orgueil, l'intempérance, l'avarice, chaque crime étoit un dieu, et les temples dépeuploient l'enfer (2). Qui ne connoît les mystères

(1) Irâ inflammatos et libidine furentes induxerunt deos; feceruntque ut eorum bella, prælia, pugnas, vulnera videremus; odia prætereà, dissidia, discordias, ortus, interitus, querelas, lamentationes, effusas in omni intemperantiâ libidines, adulteria, vincula, cum humano genere concubitus, mortalesque ex immortalibus procreatos. De nat. deor., lib. I, c. 16. Vid. et. S. Justin. Apolog. II, p. 67 et 69. Ed. Paris. 1615.

(2) Est enim malus spiritus fornicationis, est malus

sis (1), de Cybèle et de Bacchus? Rome même s'en effraya, et les proscrivit : mais, comme si elle n'eût redouté que les désordres commis dans l'ombre, elle célébroit au grand jour cette fête de Flore que Caton ne voulut pas troubler; et chaque année, chez les graves Romains, on immoloit à une courtisane la pudeur d'un peuple entier.

On sait par quels rites abominables les Assyriens honoroient la déesse Mylitta (2). Presque partout on mêloit le meurtre (3) à la prostitution (4). Des chants de débauche, des cris de

spiritus avaritiæ, malus spiritus superbiæ. S. Ambros. Exposit. in ps. 118., serm. XX, n. 45.

(1) Juvénal flétrit d'un seul mot cette déesse égyp

tienne :

Aut apud Isiaca potiùs sacraria lenæ.

Satyr. VI.

Ovide recommande aux jeunes filles de ne point entrer dans les temples, si elles veulent demeurer chastes.

Quis locus est templis augustior? Hæc quoque vitet.
Trist., lib. II, v. 287.

(2) Herodot. lib. I, c. 199. - Strab. lib. XVI, p. 1081. (3) Observations and inquiries relating to various parts of ancient history; by Jacob Bryant. p. 267 et seq. Lust hard by hate. Milton.

(4) Lucian. De deâ syria. Justin. lib. XVIII.

douleur, du vin, des parfums, des larmes, du sang, la profanation de la vie et celle de la mort, voilà le culte des idoles, principe et fin de tous les maux, comme l'appelle l'Écriture sainte (1).

Celse, dans un ouvrage consacré à l'apologie du polythéisme, avoue que le culte des démons est sujet à de graves inconvéniens; qu'il porte les hommes à la volupté, parce que les démons eux-mêmes sont sensuels et voluptueux, et n'ont de pouvoir que sur les corps (2). Porphyre dit qu'ils ont trompé non seulement » le vulgaire, mais encore des philosophes ha

Valer. Maxim. lib. II, c. 6.

S. August. De civit. Dei. lib. IV, cap. X.-Spencer. De legib. Hebræor., lib. II, cap. XXII et XXIII. Philo, Tepi vapepouέvwv, etc, pag. 535, 536.

(1) Aut enim filios suos sacrificantes, aut obscura sacrificia facientes, aut insaniæ plenas vigilias habentes, neque vitam, neque nuptias mundas jam custodiunt, sed alius alium per invidiam occidit, aut adulterans contristat et omnia commixta sunt, sanguis, homicidium, furtum et fictio, corruptio et infidelitas, turbatio et perjurium, tumultus bonorum, Dei immemoratio, animarum inquinatio, nativitatis immutatio, nuptiarum inconstantia, inordinatio machiæ et impudicitiæ. Infandorum enim idolorum cultura, omnis mali causa est et initium et finis. Sapient. XIV, 23—27.

(2) Origen. contr. Cels. lib. VIII, n. 6o.

» biles, qui, par leur éloquence, ont entraîné les » autres dans l'erreur; que ces esprits sont vio» lens, fourbes, dissimulés et trompeurs; qu'ils » veulent se faire rendre le culte qui n'est dû » qu'aux dieux; qu'il n'est aucune espèce de mal » auquel ils ne se plaisent (1). » L'auteur de l'Ezour-Vedam déclare encore plus expressément que l'idolâtrie détruit tout-à-fait l'inclination pour la vertu (2) : et aussi la regardet-il comme le plus grand des crimes (3).

On s'effraie avec raison d'un égarement si prodigieux; toute la corruption du cœur humain s'y montre à découvert; et, quand on vient à considérer ce mélange épouvantable de dissolution et de barbarie, de rites impurs et de sacrifices atroces, l'âme consternée détourne ses regards de cette vaste scène d'horreur, et se persuadant à peine qu'un pareil excès de dépravation soit possible, dans son effroi, elle croit avoir eu comme une vision de l'enfer.

et

Cependant cette corruption toujours la même que le christianisme seul contient, existe encore sous nos yeux, et forme, au sein même des peuples éclairés par la vraie religion, cet étèr

(1) Porphyr. De abstin. II.

(2) L'Ezour-Vedam, liv. IV, ch. I, tom. II, p. 5.
(3) Ibid. liv. VI, ch. III, p. 91.

nel combat du bien et du mal, de la lumière et des ténèbres, qui durera autant que le monde. On ne le remarque pas assez qu'est-ce qu'un homme sensuel, orgueilleux, libertin, vindicatif, avare? C'est un homme qui oublie Dieu en violant sa loi, qui le nie par ses œuvres, qui met sa passion à la place de Dieu, (1) qui l'adore dans son cœur, et lui sacrifie tout ce qu'elle demande, et la vie même de son semblable. L'intempérance, la débauche, le meurtre, tel est encore aujourd'hui le culte de cet idolatre; et l'idolâtrie publique n'est qu'une grande manifestation de cette idolâtrie intérieure dont chaque homme a le germe en soi. Nous sommes tous tentés ; qui ne le sait? Les anciens rapportant aux puissances invisibles, dont l'existence leur étoit connue par la tradition, tout ce qu'ils sentoient de bon ou de mauvais en eux-mêmes, adorèrent ces divers esprits, et rendirent sous leur nom un culte à leurs propres vices: maintenant l'homme foible ou pervers leur rend un culte direct; ses désirs invoquent le mal que des êtres malfaisans suggèrent à sa pensée, et ses sens l'accomplissent. Les dieux, les victimes, le fond des rites, tout est semblable. Au milieu même des chrétiens, l'enfer a encore son culte. Mais, sous le paga

(1) Quorum deus venter est. Ep. ad. Philip., X, 19.

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