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nisme, la vraie religion, proscrite par l'autorité publique, célébroit ses mystères de paix et de vertu dans l'obscurité des catacombes, ou d'une église solitaire sous la vraie religion, l'idolâtrie proscrite par l'autorité publique, célèbre ses mystères de crime et d'infamie dans le secret d'une retraite obscure, ou dans les ténèbres plus profondes du cœur de l'homme. Il n'y a de différent que l'ordre où se présentent ces deux religions dans la société; elles ont changé de place: voilà tout.

On ne doit pas croire cependant que l'idola ́trie, dont nous venons de peindre les derniers excès, ait été toujours et chez tous les peuples également abominable. Elle alloit se corrompant sans cesse, comme tout ce qui est mauvais dans son principe. Mais les honneurs que d'abord on rendit aux esprits célestes, n'étoient certainement pas un désordre aussi profond que le culte exécrable des génies du mal. Il n'en est pas moins vrai que, quelque distinction qu'on établisse entre les divers genres d'idolâtrie, toute idolâtric est un crime énorme, un crime direct contre Dieu, que non seulement elle laisse dans l'oubli, mais qu'elle outrage doublement, et par la violation du premier de ses préceptes, et par le renversement de l'ordre éternel, qui veut que la pensée, l'amour, l'adoration, la prière, re

montent à la source de toute puissance, de toute intelligence, et de tout bien. Se séparer de l'Etre infini, c'est se séparer de la lumière, de la vérité, de la vie. Transgresser le commandement sur lequel est fondée la société de Dieu et de l'homme, c'est rompre cette société, c'est dire au Pouvoir suprême: Nous ne sommes plus tes sujets, nous ne voulons plus l'être; nous avons élu un autre roi. Transporter à la créature la gloire du Créateur, c'est adorer le néant (1),

c'est tenter de lui rendre la souveraineté de l'univers, qu'une parole du Tout-Puissant lui ôta; c'est dégrader l'auteur de l'homme, et l'homme même, l'homme si grand par sa nature qu'il ne doit se prosterner que devant Dieu. Quede crimes dans un seul crime ! et qui oseroit s'étonner des châtimens dont l'Ecriture menace les idolâtres, et de l'anathème que prononce contre eux le Dieu trois fois saint!

Nous pourrions encore faire observer comment l'idolâtrie en assujétissant l'homme aux sens, en fixant son esprit sur les objets matériels, arrête le développement de l'intelligence, forme un obstacle invincible au perfectionnement de la société : mais ces considérations

(1) Confidunt in nihilo, et sequuntur vanitates. Isa. L, IX, 4.

nous entraîneroient trop loin. Il suffit d'avoir montré que tout ce qu'il y a d'universel dans l'idolâtrie est vrai, et fondé sur une tradition qui remonte à l'origine du genre humain ; que dans ce qu'elle a de faux, elle manque et a toujours manqué des caractères essentiels de la véritable religion, d'unité, d'universalité, de perpétuité, de sainteté. Nous prouverons maintenant que ces caractères appartiennent tous au christianisme, et n'ont jamais un seul moment cessé de lui appartenir.

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O Dieu, qui êtes un, infini, éternel, saint! du fond de votre être incompréhensible, daignez abaisser vos regards sur un foible mortel qui essaie en tremblant de défendre votre immuable vérité, contre l'erreur qui la combat, et l'impiété qui la blasphème. De moi-même je ne sais rien, je ne peux rien faites descendre jusqu'à moi un rayon de votre lumière; pénétrez-moi de cette force qui subjugue les âmes rebelles, de cette ardente charité qui les persuade et les attendrit. Ce n'est pas pour moi que je demande à connoître davantage, à voir plus clairement ce que, par votre grâce, je crois dejà d'une foi inébranlable; mais puisque, choisissant ce qu'il y a d'insensé selon le monde pour confondre les sages, et ce qu'il y a de foible selon

le monde pour confondre les forts (1), vous m'avez donné le désir de ranimer cette foi languissante dans les uns, presque éteinte dans les autres, donnez aussi à ma raison, si débile et si incertaine, l'appui qu'elle implore de vous, et à mes paroles la vertu qui les rendra puissantes sur les cœurs, et fécondes pour le ciel,

(1) Quæ stulta sunt mundi elegit Deus, ut confundat sapientes; et infirma mundi elegit Deus, ut confundat fortia. Ep. I ad. Corinth. I, 27.

CHAPITRE XXV.

L'unité est un caractère du christianisme.

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L'UNITÉ qui, selon la pensée profonde de saint Augustin, est la forme de tout ce qui est beau (1), est aussi le caractère de tout ce qui est vrai, parce que la vérité est la beauté par excellence. Et c'est pourquoi, dans l'unité souveraine et la vérité infinie, dans Celui qui est, tout est immuable, rien ne varie; et dans l'ensemble de ses œuvres, rien ne varie non plus, rien ne change, mais tout se développe suivant des lois constantes, ou par l'efficace de la volonté perpétuellement une du Tout-Puissant. Ce développement, que nulle force ne sauroit arrêter ni suspendre, donne à la création quelque chose d'infini, et la rend digne de Dieu, dont l'action n'a pas plus de limites que sa

(1) Cùm autem omne quod esse dicimus, in quantùm manet dicamus, et in quantùm unum est, omnis porrò pulchritudinis forma unitas. S. Aug., Ep. XVIII ad Cælestin., tom. II, col. 23. Ed. Benedict.

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